De lourds soupçons pèsent sur «la mafia du foncier» à Béjaïa, suspectée d'être derrière certains incendies qui se sont déclarés dernièrement dans plusieurs zones convoitées pour servir à la construction de promotions immobilières ou autres. Si dans la majorité des cas d'incendie c'est l'effet combiné de la canicule et de la sécheresse qui est mis en cause, il n'en reste pas moins que la cupidité de certains pourrait les pousser à allumer la mèche pour arriver à leurs fins. Le conservateur des forêts, Ali Mahmoudi, en a en tout cas la conviction, et le dernier incendie (toujours en cours hier), qui s'est déclaré vendredi soir au lieudit Bir Slam, près de Béjaïa-ville, ne fait que renforcer, selon lui, la piste criminelle. «Depuis deux jours, il fait frais et donc on ne peut aucunement mettre cet incendie sur le compte de la canicule. D'ailleurs, il s'est rallumé comme par miracle aujourd'hui (hier, ndlr) vers 14h, après son extinction la veille dans la soirée. Cela ne peut être que la main de gens impliqués dans les transactions foncières», tranche M. Mahmoudi, contacté par nos soins. D'ailleurs, affirme le responsable, le jour même, une plainte a été déposée contre «X» auprès des services de sécurité pour incendie volontaire. Comme pour cette zone de «non-droit», où les habitations surgissent entre le jour et la nuit, les incendies qui ont ravagé une bonne partie de la côte ouest de Béjaïa ne sont pas dénués de tout soupçon. Car, il faut le dire, cette zone est connue pour être un terrain juteux pour les transactions foncières illégales. Le recours au feu serait un moyen pour libérer des terres à mettre en vente. Par ailleurs, d'autres plaintes ont été déposées auprès des services de sécurité suite aux dépositions faites par des civils qui auraient surpris des «pyromanes» au moment du passage à l'acte, indique Ali Mahmoudi. C'est le cas à El Kseur, par exemple, théâtre d'un incendie ravageur le 26 juillet dernier. Selon notre interlocuteur, le mis en cause est «un malade mental» récidiviste que des riverains ont pris en flagrant délit avant de le signaler. Vendredi, le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, lors de son déplacement non annoncé dans la wilaya, a promis «de punir sévèrement» les personnes impliquées dans des incendies volontaires. Mais selon les services de sécurité, police et gendarmerie, contactés hier par nos soins, il n'y a aucun cas de pyromanie enregistré dans la wilaya de Béjaïa. A rappeler que plus de 5300 hectares de couvert végétal, entre forêts, vergers et arbres fruitiers, mais aussi des ruchers, des poulaillers et des maisons ont été détruits par les flammes à Béjaïa. Les incendies ont tous été éteints, à l'exception de celui d'Azrou n'Béchar, dans la région d'Amizour.