La crise de l'eau potable a fait sortir les villageois dans la rue en pleine canicule. Les habitants d'une vingtaine de villages de la commune de Bouzeguène ont procédé, hier, à la fermeture du siège de la daïra pour protester contre le manque d'eau potable qui se traduit aujourd'hui par un rationnement drastique, avec des robinets à sec durant 30 jours. Dès 7h30, tous les comités et citoyens des villages se sont rassemblés devant la daïra et ont procédé au verrouillage du portail principal de l'institution. Les villageois ont décidé d'agir pour mettre fin à cette situation qui n'a que trop duré. Une délégation représentant les différents comités de village a été reçue par le chef de daïra en fin de matinée. Les délégués ont remis au représentant de l'Etat une déclaration, où la requête essentielle et primordiale est le raccordement au barrage de Taksebt, seule et unique solution capable de mettre un terme aux souffrances que vivent les villageois depuis plusieurs années. Les villageois exigent une réponse de la wilaya dans les meilleurs délais. Il faut dire que la commune de Bouzeguène vit une situation assez particulière en matière d'alimentation en eau potable des villages. Aucune région de la wilaya n'est aussi mal servie en cette période estivale. La source d'Aderdar a subi un véritable coup de grâce avec des centaines de piquages effectués illicitement. Depuis plus de 20 ans, l'eau ne cesse de se raréfier, atteignant un rationnement intenable en été. Un projet de renforcement du réseau d'alimentation en eau potable d'un budget de 40 milliards de centimes a été lancé il y a une année, mais il n'a apporté aucune amélioration, puisque les trois puits réalisés se sont asséchés. Les pompes n'aspirent plus que de la terre et du sable. Les villageois se sont rabattus sur les fontaines publiques, qui n'arrivent plus à satisfaire la population locale, car leurs débits sont insuffisants. Les citernes tractées sont les plus utilisées pour alimenter les villages. Les propriétaires de tracteurs ne dorment plus, puisque, nuit et jour, ils sillonnent les routes de Bouzeguène. A 2500 DA l'unité, il faut s'inscrire une semaine à l'avance pour être servi. Le manque d'eau fait que tout le monde se rabat sur l'eau minérale, mais les pénuries sont fréquentes. Tout le monde utilise son système D pour s'alimenter en eau, allant parfois jusqu'à détourner une source à la faveur de la nuit. La coordination des comités de village entend multiplier les actions de protestation si la réponse de raccordement au barrage de Taksebt est négative. Il s'agit, entre autres, de l'organisation d'une marche au siège de la wilaya, du refus de paiement des factures de gaz, d'électricité, d'eau et des redevances fiscales (impôts) et enfin du boycott des futures élections locales.