Ces choses balancées " normalement " sur nos espaces les plus directs d'existence tiennent de la déferlante du réseau Internet, condamné à une ouverture toujours plus grande, en immense réservoir des œuvres musicales du monde. Il y a comme une nouvelle révolution qui est en train de se faire sous nos yeux et surtout à nos oreilles, en catimini : la musique (et ses images) sont du monde, font le monde, et se battent contre les frontières tracées entre leurs peuples. Dans les réalités des échanges, les internautes participent d'un échangisme infini à travers leurs banques de " fonds ", et un irrespect aussi partagé à l'égard des droits liées à la création artistique et intellectuelle. Créateurs et maisons de production réagissent. En France, par exemple, le syndicat national de l'édition phonographique (SNEP) vient de dresser une ébauche de la mesure du piratage des œuvres accentué par l'Internet et le téléphone portable. En une année, le chiffre d'affaires du numérique a augmenté de 79%. Cette progression a commencé à la fin des années 90, quand le système de production et de diffusion a été bouleversé. Jusque-là les maisons d'édition fonctionnaient sur la production " d'œuvres physiques ", le CD, mis en vente dans les magasins. Les fichiers musicaux MP3 et le baladeur numérique ont mis fin au système contrôlé. D'un côté les internautes ont toutes les ressources via l'Internet de capter et faire circuler à volonté les œuvres, de l'autre les artistes sont tentés par l'édition directe et autonome sur la Toile. Les grandes firmes de production n'ont pu réaliser une efficace lutte contre le piratage, malgré un dispositif répressif circonstancié. L'avènement d'autres acteurs dans le système accélère la tendance : ce sont, plus récemment, les fournisseurs d'accès et les opérateurs de téléphonie mobile. Ils se proposent en marchands aussi de fichiers musicaux et autres sonneries. Au point que Yahoo ! projette même de s'ériger en éditeur d'œuvres. La concurrence imposée aux majors de production est telle que certaines grandes maisons tentent de l'affronter sur la Toile même. Ainsi Universal Music a récemment lancé son site de téléchargement contre paiement d'un forfait. Dans la foulée du feuilleton de concurrence qui va en s'accentuant, des regroupements d'opérateurs du secteur entreprennent d'offrir un système de téléchargement gratuit, mais " enrobé " de publicité. Le filon a déjà été utilisé depuis longtemps pour la télévision avec la recette du bartering : un programme de fiction généralement saucissonné d'avance de pub. De nouvelles séquences des batailles en cours devraient rapidement suivre le lancement, la mi-novembre, d'un nouveau-né des baladeurs, le Zune par Microsoft.