Le lieu en question existait depuis le début du siècle dernier, juste à proximité de l'ancienne ligne de chemin de fer de Aïn Beïda, dans la wilaya d'Oum El Bouaghi. C'était au tout début un verger appartenant à un colon. Il est certes moins vaste qu'on ne l'imagine, seulement 5000 m2, soit un demi-hectare. Mais sa position privilégiée en fait un lieu d'oxygénation pour tous les habitants des environs. Le verger deviendra à l'orée des années quarante la propriété d'un Algérien, le dénommé Saïdi, le grand-père, lequel le lèguera à son fils Abderrahmane. Ce dernier en a fait un jardin botanique, beaucoup plus familial que commercial. Pendant de longues années, ce jardin ne profitera qu'à la famille Saïdi de Aïn Beïda. On n'a jamais pensé un jour que les fils du défunt Abderrahame, frère du chahid et néanmoins commandant Djemaï, connu sous le nom de guerre de Mustapha Lakhel, ou encore Tigre noir, eurent l'idée d'en faire un lieu de convivialité et de détente au profit des familles de la ville et des visiteurs. Pendant un certain temps, le jardin portera le nom du chahid avant de changer carrément de look et de nom. Il porte désormais le nom de «Jardifleurs», car les héritiers en ont fait une pépinière produisant toutes sortes de fleurs, d'arbustes et de plantes d'ornement. De nombreuses associations viennent s'y approvisionner, surtout pendant la saison où commencent à germer les plantes où bourgeonner les arbres et les fleurs. Ainsi, en sus des arbres fruitiers qu'on bichonne pour qu'ils offrent les meilleurs fruits possibles, comme les néfliers, les pruniers, les figuiers, la pépinière offre un merveilleux paysage coloré : des fleurs aux différentes fragrances, des rosiers, des bulbes, comme les tulipes, les jacinthes, les narcisses… Tout en fait émerveille le regard du visiteur. Ainsi, l'idée de créer un espace familial a germé dans l'esprit des frères Saïdi. Juste après avoir franchi la porte du jardin, on découvre une esplanade qu'occupent des tables et des sièges en plastique et où viennent se reposer des familles, accompagnées de jeunes enfants. Là, on peut déguster une crème ou siroter un café tout en discutant avec les membres de sa famille, avec ses amis. Des jeunes couples aussi y trouvent refuge loin du bruit de la ville. Belgacem que nous avons rencontré sur les lieux nourrit l'ambition de réaliser un parc de loisirs avec un mini-zoo. «Je compte aménager les espaces vides en parc de loisirs pour les enfants», nous confie-t-il. Concernant les autres activités, il ajoute qu'avec son association, il a participé à de nombreux Salons de l'agriculture. Il a notamment présenté des jardins miniatures, des kiosques pour fleuristes fonctionnant à l'énergie solaire et une distribution d'eau renouvelable. «Lors d'un des Salons auxquels nous avons participé, cela nous a valu un brevet délivré par l'Inapi (Institut national pour la propriété industrielle). Actuellement, j'ai réalisé un catalogue à publier prochainement et qui comporte 430 espèces de plantes. Ce catalogue, je le destine aux clients qui s'occupent des plantes d'intérieur ou des arbres aussi bien fruitiers que décoratifs». En attendant, il invite les citoyens à venir se détendre dans son Jardifleurs, un tout petit éden qui fourmille de plantes vivaces, de plantes aquatiques et d'autres pour l'intérieur.