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Un révolutionnaire déterminé
Le film larbi Ben M'hidi sortira bientôt : L'histoire n'a pas fini de livrer ses secrets
Publié dans El Watan le 18 - 08 - 2017

Dans le cadre de la commémoration du 61e anniversaire de la tenue du Congrès de la Soummam, El Watan Week-end s'est intéressé au personnage de celui qui fut son président, Mohamed Larbi Ben M'hidi. Aux côtés de la sœur du martyr, Drifa Ben M'hidi, El Watan Week-end a assisté, en exclusivité, au visionnage de plusieurs séquences de ce film réalisé par Bachir Derraïs et partage avec vous l'émotion engendrée par ce magnifique travail cinématographique qui restera assurément dans les annales.
«Celui qui rejoint l'Organisation n'a ni famille ni ami. Il n'aura aucun avenir, hormis celui de combattre pour l'indépendance de l'Algérie ou de mourir en martyr», lance d'une voix ferme Mohamed Belouizdad, l'un des fondateurs en 1947 de l'Organisation secrète (OS), branche militaire du Parti du peuple algérien (PPA), et son premier responsable, à Mohamed Larbi Ben M'hidi dans le film qu'a réalisé Bachir Derraïs sur ce dernier.
Pour incarner le rôle de Ben M'hidi, Bachir choisit le talentueux comédien Khaled Benaïssa, connu dans d'autres films, notamment dans L'Oranais, de Lyes Salem où il a joué le rôle de Hamid, ami de Djaffar (l'Oranais), engagé dans la bataille militaire dans la région oranaise, devenu ministre après l'indépendance. Nous sommes peu avant les années 1950. Mohamed Larbi Ben M'hidi avait à peine 25 ans.
La rencontre entre les deux hommes, Ben M'hidi et Belouizdad, a eu lieu au magasin d'Issami, le tailleur du coin et l'une des personnes dont on dit qui avait participé à la formation politique de Mohamed Larbi, dans la wilaya de Biskra où vivait à l'époque la famille Ben M'hidi. A l'insu de sa famille, notamment son père, Ben M'hidi était déjà dans le mouvement nationaliste mais il n'était pas satisfait, car il voulait plus.
«Celui qui est entré par les armes ne peut sortir qu'avec les armes», explique-t-il à Issami après sa libération lors des événements du 8 mai 1945. Lui, sa tête était déjà dans la lutte armée. Son seul souhait était de prendre les armes pour l'indépendance de l'Algérie. «Je veux prendre les armes et combattre la France», insiste-t-il auprès de Belouizdad. Voyant en lui sa détermination, Belouizdad, mort en 1952 avant même le déclenchement de la guerre de Libération nationale, lui répond avec un trait ferme : «Quelqu'un viendra te voir et t'appellera par un faux prénom.
Tu lui diras qu'il s'est trompé de personne. Il te dira, qu'il ne peut se tromper d'homme de grande valeur.» La scène se déroule exactement comme l'avait décrit Belouizdad dans une salle de cinéma là où sont diffusés les bulletins d'information français sur la situation en Algérie. Ben M'hidi prend place.
Quelques minutes plus tard, deux personnes le rejoignent. L'un d'eux était le défunt Mohamed Boudiaf, de son nom de guerre Si Tayeb El Watani, dont le rôle a été incarné par le talentueux comédien Samir El Hakimi. Les larmes aux yeux, Ben M'hidi lance un sourire éclatant comme s'il venait d'apprendre la plus importante nouvelle de sa vie. Ces moments signent le début d'un long parcours de celui qui est devenu plus tard l'un des hommes forts de la guerre de Libération nationale, l'un de ses penseurs aux côtés de Abane Ramdane (Nidhal Melouki) et de Krim Belkacem (Idir Benaïbouche) et surtout, le président du Congrès de la Soummam, organisé le 20 août 1956 à Ifri. Sa rencontre avec Abane Ramdane avait changé le cours de l'histoire.
Osé
Dans ce film, qui retrace l'histoire de Mohamed Larbi Ben M'hidi, Bachir Derraïs a mis son âme, son cœur et travaillé d'arrache-pied, de jour comme de nuit, depuis plus de deux années afin d'en faire un chef-d'œuvre. Le chemin pour la réalisation d'un tel film digne de ce grand valeureux révolutionnaire et martyr de la nation était certes difficile, notamment sur le plan financier, mais Derraïs s'était battu jusqu'au bout. Le film sur Ben M'hidi est encore en montage mais il faut dire, qu'un chef- d'œuvre il l'est déjà, car tout fait croire, après avoir vu plusieurs séquences, que ce film restera dans les annales de l'histoire et sera un repère pour les générations d'aujourd'hui et de demain.
Le film sur Ben M'hidi est digne d'un travail cinématographique comme on a toujours souhaité en voir en Algérie. Bachir Derraïs nous fait voyager à travers le temps pour nous faire découvrir, sans aucun masque, l'une des périodes les plus importantes de l'histoire de l'Algérie contemporaine, à savoir la guerre de Libération et le combat pour l'indépendance de l'Algérie. L'image, le son, le jeu et la réalisation sont d'un grand niveau.
Quant au contenu, Bachir Derraïs a osé l'impensable. On ne voit presque carrément pas d'armes ni d'échange de coups de feu. Sans aucun tabou, Bachir Derraïs nous parle plutôt de projets, d'idéologies et des visions différentes des uns et des autres, de ce qui divisait et rassemblait les révolutionnaires et les chefs militaires et nous plonge dans le cœur d'une histoire qui peut être tout sauf celle qu'on raconte dans les carcans officiels. On n'a vu les différents entre les militaires et les politiques lors du Congrès de la Soummam, y compris l'entêtement de Youcef Zighoud (Mebrouk Feroudji), quant à son opposition au principe de la primauté du politique sur le militaire, la difficulté de l'organisation d'un tel rendez-vous et le contexte dans lequel il a été tenu.
Bachir Derraïs a montré un Abane Ramdane intellectuel mais très virile et têtu, un Mohamed Larbi Ben M'hidi sage et consensuel, un Krim Belkacem calme et pointu et un Omar Ouamrane (Menad Mebarek) éveillé, alors qu'il était chef militaire et pouvait lui aussi rejoindre Zighoud dans son positionnement. La rencontre entre Ben M'hidi et Ben Bella au Caire témoigne de la véracité du film. L'échange houleux qu'ont eu les deux hommes est stupéfiant et démontre avec profondeur le différend qui existait entre la délégation de l'extérieur et celle de l'intérieur. Envoyé pour négocier la participation de Ben Bella au Congrès de la Soummam, Ben M'hidi avait vite compris que l'hôte de Djamel Abdenasser n'était pas motivé. L'on comprend que son «ego» l'avait probablement empêché mais pas que.
Ce dernier reprochait à Abane et ses compagnons le principe de la primauté de l'intérieur sur l'extérieur. Soudain, Ben M'hidi déferle sa rage sur Ben Bella : «Vous êtes ici pour nous envoyer des armes et des munitions, mais vous n'avez rien fait. Nos frères et sœurs sont en train de mourir au maquis. Et que faites-vous pendant tout ce temps-là ? Vous vous preniez pour qui ? Vous vous considériez comme un chef alors que vous n'avez comme exploit qu'une seule attaque contre un poste !» Les deux hommes s'étaient emportés et ont failli en arriver aux mains. Boudiaf les sépare. Ben Bella finit par refuser la proposition de Ben M'hidi. Ce dernier revint bredouille en Algérie.

Théâtre
Le Congrès de la Soummam n'était pas que des négociations politiques mais aussi un élan d'humanisme montrant des chefs militaires et politiques avec leurs bons côtés des choses et leurs défauts. Les larmes versées par Youcef Zighoud sur la mort de son compagnon et ami Mostefa Ben Boulaïd donnent la chair de poule. L'on ressent de la sincérité, du courage et beaucoup de détermination de la part de ces jeunes gens qui ne pensaient qu'à une seule chose, l'indépendance de l'Algérie.
Et qui l'aurait cru ? Qui l'aurait cru ? Surtout dans des moments d'incertitude quand on sait que ces jeunes sont partis de rien ? Ces derniers, dont Mohamed Larbi Ben M'hidi, y croyaient profondément ; ce que l'on voit dans ce film. Ben Boulaïd, qui devait prendre part lui aussi au Congrès de la Soummam, a été assassiné au champ d'honneur, 5 mois avant l'événement. Dans ce film que nous avons eu le privilège de visionner en présence de la sœur de Ben M'hidi, Drifa Ben M'hidi (veuve Hassani) et Lyes Chibane, ancien membre du mouvement citoyen des archs, ami de la famille Ben M'hidi et passionné de l'histoire, notamment celle en rapport avec la guerre de la Révolution et des valeureux martyrs de la guerre d'indépendance, donne beaucoup à réfléchir.
Qui étaient-ils ? Et comment sont-ils arrivés à faire de ce qui paraissait «utopique» une réalité ? Né en 1923 à Aïn M'lila dans la wilaya d'Oum El Bouaghi, Mohamed Larbi Ben M'hidi était footballeur et un comédien de théâtre, un moyen qu'il utilisait, entre autres, pour faire passer des messages politiques au peuple. Issu d'une famille plus au moins aisée, dont le père, cheikh d'une zaouïa, possédait des commerces à Biskra et à Constantine, il avait un seul frère Mohamed Tahar et trois sœurs, dont la plus jeune Drifa. Ben M'hidi obtient un certificat d'études primaires à Batna puis rejoint sa famille à Biskra. Après avoir été recruté par Belouizdad, il rencontre Mourad Didouche, chargé à l'époque de la région constantinoise par l'OS.
D'autres, comme Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Mohamed Boudiaf, les ont rejoints par la suite. Les réunions interminables, qui ont duré quatre jours, selon les souvenirs de Drifa, ont été organisées dans la toute nouvelle demeure de la famille Ben M'hidi à Constantine. Les codes et les stratèges utilisés à l'époque témoignent de la difficulté de la mission qu'ils se sont confiée. Didouche aimait beaucoup s'asseoir dans les cafétérias françaises afin d'éloigner tout soupçon sur lui. Ils étaient tous bien habillés, costumés et démontraient un sens élevé de responsabilité envers l'ultime objectif pour lequel ils ont fait le serrement.
Mariage
Mais la vie de Mohamed Larbi n'était pas aussi facile. L'engagement pris, l'acharnement des services coloniaux contre lui et l'obligation de secret envers sa famille ont compliqué sa mission. Comme tous les parents qui ignorent le rôle confié à leur fils et l'engagement politique de ce dernier, ils posent des questions. Les rentrées tardives à la maison ont suscité des soupçons. Le prenant pour un fêtard ou un soulard, sa mère n'arrêtait pas de lui demander de cesser de salir l'honneur de sa famille, de penser à travailler et se marier.
D'ailleurs, elle ressassait constamment : «Quand est-ce que tu vas me rendre heureuse en te mariant mon fils ? Ne me dis pas qu'aucune fille ne te plaît ici à Biskra ?», insiste-t-elle. A croire que c'était son seul souhait et objectif dans sa vie : assister au mariage de Mohamed Larbi. Jusqu'au jour où ce dernier décide de lui répondre. «Ne t'inquiètes pas maman. Un jour je te rendrai heureuse et tu seras tellement fière de moi. Si je reste en vie, je te donnerais des dizaines de petits-fils. Mais si je ne reviens plus, tous les enfants de l'Algérie seront les tiens», confie-t-il à sa mère. L'émotion atteint ici le seuil de la tolérance. Impossible de se ressaisir. Bachir Derraïs reste scotché sur sa chaise et n'arrive plus à retrouver des séquences plus gaies afin de nous faire éviter des scènes émotionnelles.
Lyes Chibane ne pouvait plus retenir ses larmes. Des cris de fierté parfois, des soupirs dans d'autres cas, ce film véhicule l'espoir d'une jeunesse qui a cru en elle, a défié l'empire et a réussi à atteindre l'objectif. Même le monteur, qui a passé plusieurs heures dessus, n'a pas pu retenir ses larmes. Emportée par ses souvenirs lointains, Drifa Ben M'hidi, les mains posées sur son visage, reste figée. Les seuls mots qu'elle avait prononcés étaient pour saluer le jeu et la beauté de la petite fille qui a incarné son rôle. Le jour où Ben M'hidi présente Didouche à sa famille, il lui offrira son premier cadeau.
C'était une robe courte que la mère a bombardé de critiques. «Tu veux qu'elle devienne française ?», lui crie-t-elle. «Non maman, c'est une robe moderne. Elle n'est pas belle ma sœur ?», s'interroge Ben M'hidi souriant. Ben M'hidi aimait beaucoup sa petite sœur qui a eu la chance d'assister aux réunions des cinq qui ont préparé la guerre de Révolution, car c'était elle qui était chargée de les accueillir et de leur ramener de la nourriture et du café. Elle les connaît tous. Alors qu'elle n'avait que 14 ans, Boudiaf lui confie la mission de transporter d'importants documents. Drifa ou Lala Cherifa, son nom de guerre, échangeait son cartable contre celui de Didouche qu'elle lui remettait au lieu indiqué. Comme l'étaient ses frères, Drifa a fini par rejoindre la Révolution et est devenue, par la suite, moudjahida elle aussi.

ONU
Ben M'hidi insistait beaucoup sur les études de son frère, Mohamed Tahar. Il l'a même envoyé continuer son cursus en Tunisie. Il disait à sa mère qu'il voulait que Mohamed Tahar apprenne le français, le latin, l'anglais, l'arabe, le théâtre et la musique. Mohamed Tahar avait tenté à maintes reprises de convaincre son grand frère pour le laisser rejoindre le maquis, en vain. «Je veux que tu réussisses tes études pour gouverner l'Algérie plus tard ? Ce sont les intellectuels et les gens instruits qui doivent tenir le pays après l'indépendance.
Ou sinon qui va le faire ? Les harkis peut-être ?» tente Ben M'hidi de convaincre son jeune frère lors de leur rencontre à la cité universitaire sise à la rue Trolard, à Alger. Mohamed Tahar n'a pas pu résister et a fini par rejoindre Youcef Zighoud dans la 2e Région. Drifa confie que ce dernier l'avait refusé dans ses rangs mais il avait fini par céder devant sa détermination. Mohamed Tahar est tombé en martyr, à l'âge de 24 ans, deux mois avant son grand frère.
Retour à Alger, après la nomination de Mohamed Larbi à la tête de la Zone autonome. Ce dernier désigne à son tour Yacef Saâdi à la tête des opérations à La Casbah, chose qui a déplu, selon ce que montre le film, à Brahim Chergui, dont le rôle a été incarné par l'autre avenir du cinéma algérien, Youcef Sahairi. Il propose alors à son groupe, dont Abane, Krim, Benkhedda, la grève des huit jours, une action pacifique dont l'objectif était de faire entendre la voix de l'indépendance de l'Algérie auprès de l'ONU.
L'action fut une réussite, mais ses conséquences étaient dramatiques. Plusieurs arrestations ont été enregistrées et Alger était encerclée, ce qui a poussé ces derniers à revenir sur leur décision. Tout le monde devait quitter la capitale. Mais Ben M'hidi avait refusé en disant qu'il ne voulait pas quitter le peuple. Il crèche chez Benkhedda jusqu'au jour où sa plaque fut retrouvée.
Ben M'hidi a été arrêté par les éléments du colonel Bigeard qui montre une sidération sans égale face à sa détermination et son intelligence. Ces images où on le voit souriant resteront gravées dans l'histoire. Ben M'hidi était même salué par les militaires français avant de le livrer à Aussaresses. Il subit toutes sortes de tortures. Dans le film, on le voit enchaîné et pendu, priant Dieu avec une voix presque inaudible de le laisser partir et le rejoindre dans l'Au-delà. La séance fut arrêtée.
Drifa, suffocante, eut un malaise mais sans conséquence grave sur sa santé. Tout le monde a fondu en larmes. Au moment où certains se sont précipités pour ramener de l'eau pour Drifa, d'autres ont préféré quitter la salle et essuyer leurs larmes loin des regards. Pour l'écriture d'un tel scénario, il a fallu trois ans de recherches, de déplacements dans différentes régions du pays, dont Biskra et Constantine, d'exploration d'archives et de témoignages.
Bachir Derraïs en est conscient. Le personnage n'est pas quiconque, car on parle là de l'un des membres des six qui ont préparé la guerre d'indépendance, devenu l'homme fort de son organisation, président du Congrès de la Soummam, Mohamed Larbi Ben M'hidi n'était pas qu'un chef de guerre, mais un porteur de projets et un propulseur d'espoir et d'idées. Gloire à nos martyrs.
Ben M'hidi a été assassiné la nuit du 3 au 4 mars 1957 à l'âge de 33 ans. La France avait dit qu'il s'était suicidé, chose que sa famille n'a jamais crue. En 2001, après la sortie de son livre Services spéciaux, Algérie 1955-1957 des éditions Perrin, le général Aussaresses reconnaît avoir procédé à l'exécution sommaire, par pendaison maquillée en suicide, de Larbi Ben M'hidi.


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