Le roi d'Arabie Saoudite a décidé d'ouvrir sa frontière aux pèlerins qataris souhaitant se rendre à La Mecque. Un geste déjà perçu comme un signe d'apaisement après plus de deux mois de crise. Alors que le Qatar expliquait en début de semaine qu'il faudrait «beaucoup de temps» pour rétablir la confiance entre l'émirat et les pays arabes qui ont rompu début ses relations diplomatiques avec lui, l'Arabie saoudite a décidé d'ouvrir ses frontières aux Qataris souhaitant participer au pèlerinage annuel à La Mecque. Cette décision, premier signe d'assouplissement de la tension diplomatique entre le royaume et l'émirat, a été annoncée après que le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, a reçu un émissaire de Doha, le cheikh Abdallah ben Ali Al Thani. Il s'agissait de la première rencontre de ce type depuis le début de la crise. Lors de cette rencontre, l'émissaire qatari a salué «les relations fraternelles ancrées dans l'histoire entre le royaume et le Qatar» et le prince héritier saoudien a mis en exergue «les relations historiques entre les peuples saoudien et qatari, ainsi qu'entre les dirigeants saoudiens et la famille royale au Qatar», des termes qui n'étaient plus utilisés depuis le début de cette crise. L'ouverture pour le pèlerinage – par l'unique poste-frontière terrestre de Salwa et via des avions privés appartenant aux lignes aériennes saoudiennes – est aussi une première depuis la fermeture totale par l'Arabie Saoudite et ses alliés de toutes leurs liaisons terrestres, aériennes et maritimes avec l'émirat. En juillet, les autorités qataries avaient accusé Riyad de menacer le pèlerinage à La Mecque en refusant de garantir la sécurité de leurs pèlerins. Les autorités saoudiennes refusaient notamment que ces pèlerins arrivent directement de Doha à bord de vols de la compagnie Qatar Airways qui ne peut plus survoler l'espace aérien saoudien.
DEPOLITISER LE PÈLERINAGE Cette mesure apparaît donc comme une tentative de dépolitiser le hadj prévu fin août. Le Qatar a salué la décision saoudienne d'assouplir les conditions d'entrée en Arabie. «Indépendamment de la manière dont des Qataris se sont vu interdire le pèlerinage, qui a été politisé, et de la manière également politisée dont on leur a ensuite permis d'effectuer le pèlerinage, le gouvernement du Qatar salue la décision (saoudienne) et y répondra positivement», a déclaré le ministre des Affaires étrangères Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani lors d'une conférence de presse à Stockholm. «Ce qui nous importe en fin de compte, c'est que nos concitoyens aient la possibilité maintenant d'effectuer le hadj et nous continuons de demander que le pèlerinage ne soit pas politisé», a-t-il ajouté. La Commission nationale des droits de l'homme au Qatar a salué hier la décision saoudienne d'assouplir les conditions d'entrée en Arabie pour le pèlerinage annuel de La Mecque, tout en rejetant toute politisation de cet événement religieux. Dans une déclaration, cette commission a exprimé «sa satisfaction» après la décision saoudienne qu'elle considère comme «un pas en avant pour retirer les obstacles et difficultés» auxquels étaient confrontés les pèlerins qataris à deux semaines du hadj. Cependant, la commission a ajouté que «la question du hadj ne peut pas être soumise à des calculs politiques ou personnels», car «c'est un droit inscrit dans toutes les conventions internationales des droits de l'homme et dans la charia».