Le Qatar a accusé l'Arabie saoudite, en crise ouverte avec Doha, de mettre des obstacles à la participation de ses ressortissants au hajj, mais s'est défendu de vouloir internationaliser la gestion du pèlerinage annuel à La Mecque. Dans un communiqué publié dimanche soir, le ministère des Affaires islamiques du Qatar a affirmé que Riyadh «a refusé de communiquer au sujet des garanties de sécurité des pèlerins (qataris) et de l'assistance pour leur hajj». L'Arabie saoudite a imposé des sanctions au Qatar, dont la fermeture de son espace aérien, depuis qu'elle a rompu ses relations le 5 juin - en même temps que les Emirats arabes unis, Bahreïn et l'Egypte - avec l'émirat gazier, accusé de soutenir des groupes extrémistes et de se rapprocher de l'Iran chiite, le grand rival du royaume wahhabite. Riyadh a toutefois assuré le 20 juillet que les ressortissants qataris voulant se rendre à La Mecque pour le grand pèlerinage musulman étaient les bienvenus, mais a assorti leur venue de certaines restrictions. Les autorités saoudiennes refusent notamment que ces pèlerins arrivent directement de Doha à bord de vols de la compagnie Qatar Airways. Le ministère des Affaires islamiques du Qatar a dit souhaiter «connaître les entités haut-placées compétentes en Arabie saoudite, capables d'offrir ces garanties (de sécurité) et exprime ses regrets de voir la politique mêlée à l'un des piliers de l'islam, ce qui pourrait empêcher de nombreux musulmans d'accomplir ce devoir sacré». Les déclarations qataries ont été interprétées par des médias de pays hostiles au Qatar comme un appel à «internationaliser» l'organisation du hajj, qui est actuellement assurée par les autorités saoudiennes. Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a estimé dimanche sur la chaîne saoudienne Al-Arabiya qu'un appel à internationaliser la gestion de ce pèlerinage reviendrait à «déclarer la guerre» à son pays. Lui répondant, son homologue du Qatar a affirmé quelques heures plus tard qu' «aucun responsable (de son pays) n'a fait de déclarations concernant une internationalisation du hajj». «Aucune démarche n'a été faite pour discuter du hajj à un niveau international», a ajouté cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani sur la chaîne de télévision qatarie Al-Jazeera. «Le Qatar n'a jamais politisé le hajj et je regrette de dire que la question a été politisée par l'Arabie saoudite», a-t-il ajouté en référence aux restrictions faites aux pèlerins de son pays. Il a accusé les médias d'avoir «fabriqué» et «inventé» l'appel qui a été attribué à son pays sur une internationalisation du hajj. Le rituel du hajj, qui débute fin août cette année, est l'un des cinq piliers de l'islam que tout croyant musulman est appelé à effectuer au moins une fois durant sa vie s'il en a les moyens. Hier, dans un communiqué, le Comité des droits de l'homme du Qatar a annoncé son intention de lancer une campagne contre les restrictions saoudiennes. Cet organisme va s'adresser à cette fin au Haut commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, à l'Organisation de la coopération islamique (OCI) et à la Ligue arabe. Il a appelé Riyadh à renoncer «vite à ces restrictions», citant notamment la limitation aux seuls aéroports de Jeddah et de Médine pour l'entrée des pèlerins en provenance du Qatar. Le comité s'est enfin dit préoccupé par la «rhétorique anti-Qatar (...) qui risque de menacer la sécurité de ses pèlerins».