Belaïd Abrika, porte-parole du mouvement des archs, a été interpellé, hier, peu après 10h, par la police judiciaire, à l'intérieur du siège de la permanence de la CADC, situé en face de la caserne du secteur militaire de Tizi Ouzou. Deux délégués, l'un de Tizi Rached et l'autre de Mekla, ont été également arrêtés à différents endroits de la ville, alors qu'un autre est recherché. La police les a présentés, hier aux alentours de 18h, devant le juge d'instruction. Ces arrestations surviennent suite à une plainte de l'administration, après le saccage par les délégués des archs, lundi dernier, d'une plateforme devant accueillir une roulotte pour abriter une unité mobile de la gendarmerie à Sikh Oumeddour (Oued Aïssi), 5 km à l'est de la ville de Tizi Ouzou. Les travaux de réalisation de cette structure ont repris, hier, sous l'œil vigilant d'une unité de la BMPJ. Ce jour-là, la CADC avait rendu publique une déclaration pour justifier l'action des délégués, opposés au retour de la gendarmerie, comme annoncé la semaine dernière par le wali de Tizi Ouzou. Pour la CADC, le retour annoncé des hommes en vert est porteur de danger sur la région, et s'exprimant toujours au nom d'une population prise en otage depuis 5 ans, les délégués ont lancé un avertissement quant aux « conséquences néfastes que pourraient induire ces manœuvres machiavéliques et dangereuses ». Hier, après l'interpellation des délégués, un léger dispositif de sécurité a été mis en place au centre-ville de Tizi Ouzou par la police, qui craignait une réaction violente de la rue, mais jusqu'en fin d'après- midi, la rue est restée indifférente. Seuls quelques délégués se sont rassemblés devant le tribunal de la ville, attendant la présentation d'Abrika devant le juge d'instruction. Le mouvement des archs, qui ne doit sa survie qu'à la bonne volonté du pouvoir, qui en a fait un partenaire de dialogue privilégié, surtout avec l'ancien chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, se retrouve aujourd'hui lâché de toute part et seul avec ses illusions perdues. Dès l'annonce par le wali de Tizi Ouzou d'un retour progressif des gendarmes, les délégués ont commencé à s'agiter, croyant avoir trouvé l'aubaine pour revenir sur scène, mais l'arrestation d'Abrika semble marquer un tournant dans la gestion du dossier archs, après plus de trois ans d'une « coopération » politique qui a plus servi le pouvoir que la population locale, livrée à elle-même et aux délinquants de tous bords. La célérité avec laquelle l'administration locale a réagi au saccage de la plateforme de Sikh Oumeddour démontre si besoin est que le pouvoir a lâché ses partenaires en Kabylie, après avoir compris que le fameux mouvement des archs ne pèse plus rien dans une région où le simple petit voyou est devenu intouchable. Le phénomène de l'insécurité, qui a transformé la vie des citoyens des villes et villages de la wilaya de Tizi Ouzou en cauchemar, a élargi le fossé entre la population et les délégués qui ont toujours refusé d'admettre la réalité. Dans certaines localités, une sorte de couvre-feu s'installait de fait après 21h. Les citoyens n'osaient plus sortir ou emprunter des routes devenues de véritables coupe-gorge et où des groupes de malfrats faisaient régner la loi. Une dizaine de vols de voitures chaque mois, des centaines d'agressions en tous genres chaque jour, des rackets, des rapts, mais malgré cela, les délégués de ce qui reste du mouvement des archs refusaient d'admettre cette triste réalité. A préciser que le juge d'instruction devant lequel ont été présentés Bélaïd Abrika et ses deux compagnons a décidé, durant la soirée d'hier, de relâcher ces derniers et a demandé un complément d'informations.