On note 10 degrés à Oslo. Il fait habituellement moins 10 à cette période de l'année. Sur les abords de la Méditerranée, on affiche débardeur et teint basané. La saison est la plus chaude depuis 1950, et en Belgique on se plaît à souligner qu'il n'a pas fait aussi chaud depuis l'an 1000. A peine achevée la 12e conférence internationale qui s'est tenue à Nairobi, au Kenya, sur le réchauffement climatique, que voilà Dame Nature fait des siennes. Sans conteste, on peut exposer sa frimousse aux rayons d'un soleil hivernal sans complexe et même avec allégresse. Mais hormis les bienfaits incontestés sur le moral des troupes, le soleil fait des ravages. Des ravages déjà constatés ou perceptibles et d'autres supposés sur la base de calculs savants et scientifiques. Dans le secteur de l'agriculture d'abord, on a pu vérifier une avancée de la période de floraison, ce qui entraîne des risques pour les arbres à feuilles caduques et les arbres fruitiers. Ce qui entraîne de multiples interrogations quant à la période durant laquelle il faut planter, ou encore s'il ne faut pas changer d'endroit, sachant que certaines zones sont répertoriées comme des zones à risque depuis qu'il a été constaté qu'elles subissaient trop de changements climatiques, et faut-il tailler ou non en hiver ? Les espèces animales, qui ne supportent plus la chaleur du Sud, ont la possibilité de migrer vers le Nord. Fait déjà remarqué pour de nombreuses espèces volatiles qui en arrivent à pondre leurs œufs. Les oiseaux ne sont pas les seuls à ne plus savoir où nicher et quand se reproduire. Les bouleversements climatiques ont également un impact sur l'éclosion des fleurs des cerisiers ou la récolte du raisin qui du coup intervient plus tôt. Mais pour l'essentiel des espèces animales adaptées au froid comme le manchot empereur, le coup est rude. En effet, la population de couples reproducteurs est passée de 300 à 9 dans l'ouest de la péninsule antarctique, révèle un rapport qui compile quelque 866 études scientifiques. Le même phénomène est constaté chez les ours polaires, dont l'effectif est en baisse en Arctique. Autre constat, suite au réchauffement climatique, c'est la recrudescence des parasites. Ceux-là mêmes qui s'incrustent dans les arbres et les condamnent à dépérir sans mourir. Sous le nom barbare de phytophthora cinnamomi, ce champignon introduit en France à la fin du siècle dernier avait un ennemi de taille : le gel. Avec la hausse des températures, les châtaigniers français et les chênes de l'ouest de la France doivent composer avec les parasites qui s'installent dans l'arbre et se manifestent par la formation d'un chancre sur la partie basse du tronc. Mais tout cela est sans comparaison avec les risques liés à la montée des océans, provoquant sur le chemin disparition de terres et d'îlots. « Je m'exprime devant vous en tant que représentant d'un peuple en danger (…) du fait du réchauffement climatique mondial et de la hausse du niveau de la mer, mon pays, les Maldives, risque de disparaître de la surface du globe lors du prochain siècle », expliquait Maumoon Abdul Gayoom, président de la République des Maldives. Sécheresse et avancée du désert, ouragan en Amérique du Sud, incendies de forêt en Indonésie et inondation au Kenya, quelques jours à peine après la dernière conférence sur le réchauffement de la planète. Le XXIe siècle doit composer avec les catastrophes naturelles. A ce rythme, peut-on espérer un XXIIe siècle ?