La Société nationale de l'électricité et du gaz (Sonelgaz) a désormais un nouveau président-directeur général (PDG) en la personne de Mohamed Arkab, installé hier dans ses nouvelles fonctions par le ministre de l'Energie, Mustapha Guitouni. M. Arkab, auparavant responsable de la Compagnie de l'engineering de l'électricité et du gaz (filiale de Sonelgaz) et qui remplace ainsi Tahar Djouanbi qui occupait le poste de Pdg par intérim de Sonelgaz, depuis le 28 mai 2017, aura la lourde tâche de s'occuper d'un secteur coincé entre la rationalité économique et un rôle social dont il peine à se départir. Handicapé notamment par des créances énormes et l'impossibilité d'appliquer la vérité des prix de l'électricité, malgré une hausse vertigineuse de la consommation, le groupe Sonelgaz croule sous les contraintes et les injonctions. Un état de fait qui rend la mission du nouveau PDG plutôt ardue, soit tout autant que celle de ses prédécesseurs. Le ministre de l'Energie, qui a assumé lui aussi les fonctions de PDG de Sonelgaz, a fait d'ailleurs un diagnostic édifiant du secteur de l'électricité, tout en évoquant une «réflexion» au niveau du ministère, applicable à moyen ou long termes, pour que les tranches à très forte consommation électrique paient le prix de cette énergie à «son juste prix», c'est-à-dire sans bénéficier du soutien de l'Etat. En sommant les gros consommateurs d'électricité de rationaliser leur consommation, le ministre évoque en fait une partie de la solution envisageable, sans en détailler les moyens d'application ou les délais de sa mise en œuvre. M. Guitouni a pointé du doigt le «gaspillage» de l'électricité qui continue de porter préjudice au Trésor public en raison des subventions conséquentes décaissées annuellement pour soutenir les prix de l'énergie. «En juillet dernier, on est arrivé à un pic de consommation électrique de 13 900 MW et il ne restait pratiquement rien dans le sac. Sonelgaz a su gérer la situation et a évité le recours aux délestages. Elle est arrivé à produire 1000 MW supplémentaires dans des conditions très difficiles pour arriver à 14 000 MW contre 13 000 MW en 2016», a-t-il observé. Mais, a-t-il poursuivi, cette consommation record est certes le résultat de la canicule qui a marqué cet été, mais elle est surtout le fruit du «gaspillage» qui continue de caractériser la consommation des quelque 6 millions de clients sur près de 9 millions que compte la société. «Nous gaspillons trop, et si on continue comme ça, il va falloir qu'on revoie le prix de façon à ce que les gros consommateurs paient plus cher l'électricité», a-t-il notamment déclaré. Une piste qui a maintes fois été évoquée par le passé, notamment par Nourredine Bouterfa, lorsqu'il était à la tête de Sonelgaz, sans que «la menace» soit suivie d'effet, au vu du coût social d'une telle décision et des résistances de toute nature dans un pays qui offre aux investisseurs le coût le plus bas de l'énergie dans la région, sans en tirer les bénéfices économiques. Par ailleurs au vu de l'importance de la sphère informelle, l'Etat consent des sacrifices qui sont autant de pertes sèches pour le Trésor public. Le ministre de l'Energie a ébauché, lors de sa dernière sortie médiatique, une solution à même de cibler les industriels et gros consommateurs tout en protégeant les petits consommateurs, sans donner toutefois des contours palpables à la réflexion ni des délais d'exécution. «Les couches défavorisées vont continuer à payer le prix subventionné, mais les riches doivent payer le juste prix», a-t-il soutenu. Cependant, aucune augmentation des prix, même pour les gros consommateurs, n'est prévue «pour le moment», a-t-il ajouté. «Pour le moment, il n'y a aucune décision concernant l'augmentation du prix de l'électricité ou de l'énergie en général», a-t-il tranché en ajoutant que l'avant-projet de loi de finances 2018 «ne prévoit pas pour l'instant d'augmentation dans les prix de l'énergie». Chiffres à l'appui, le ministre a tenu à démontrer que l'Algérie figure parmi les pays de la région et du monde où l'énergie est la moins chère. A titre d'exemple, en Algérie on paie 1,77 DA pour la première tranche de consommation électrique (250 à 500 KWh), qui regroupe en principe les couches les plus défavorisées, contre 9,06 DA au Maroc et 3,39 DA en Tunisie. La deuxième tranche, qui concerne une consommation médiane, est payée à 4 DA le KWh en Algérie contre 10,7 DA au Maroc et 7 DA en Tunisie, alors que la 4e tranche, qui regroupe les gros consommateurs, est facturée à 4 DA en Algérie, à 15,98 DA au Maroc et à 14 DA en Tunisie. «La réflexion sur les prix doit être axée sur la 4e tranche, c'est-à-dire les gros consommateurs», a insisté M. Guitouni.