De Stockholm, la capitale suédoise, l'approche de la cérémonie annuelle de l'annonce du prix Nobel de littérature ouvre, comme à l'accoutumée, le champ aux pronostics. Pour cette année, éditeurs et critiques avancent que les académiciens pourraient ajouter un dixième nom à la modeste liste des neuf femmes récompensées depuis 1901. Ainsi, l'Algérienne Assia Djebar, l'Américaine Joyce Carol Oates ou la Danoise Inger Christensen pourraient-elles chacune prétendre à la succession de la poétesse polonaise Wislawa Szymborska, dernière femme couronnée en 1996 ? En l'absence de liste officielle, l'Académie suédoise, qui ne laisse rien filtrer sur son choix, ne devrait l'annoncer que jeudi ou bien encore le jeudi de la semaine suivante. La date de l'annonce du prix Nobel de littérature par l'Académie suédoise sera connue 48 heures à l'avance, conformément à la tradition. « A Stockholm, on a beaucoup dit, et cela s'est accentué cette année, qu'il y a eu vraiment peu de femmes qui ont gagné le prix », déclare Svante Weyler, directeur des éditions Norstedts, l'une des plus grosses maisons de Suède. Les concurrents masculins de première importance restent toutefois nombreux. Parmi les favoris, reviennent souvent les noms de romanciers comme l'Américain Philip Roth, l'Albanais Ismaêl Kadaré, le Tchèque Milan Kundera. Toutefois, Jonas Thente, critique littéraire au Dagens Nyheter, le quotidien suédois de référence, parierait plutôt sur la romancière, poétesse et réalisatrice algérienne Assia Djebar dont les livres traitent des questions d'identités post-coloniales. Assia Djebar est reconnue comme l'un des plus grands écrivains du Maghreb. Lauréate en 1996 du prestigieux Neustadt International Prize for Litterature, et en 2000 du Grand Prix de la paix des éditeurs allemands, elle est l'auteur de nombreux romans qui mêlent autobiographie et histoire algérienne : L'Amour, La Fantasia, Ombre sultane et Vaste est la prison, récits et nouvelles dont Loin de Médine, Le Blanc de l'Algérie, Oran, Langue morte et Les Nuits de Strasbourg. Les prix Nobel ont pour la première fois été décernés en 1901, conformément au testament du savant Alfred Nobel, l'inventeur de la dynamite, qui les a créés pour « ceux qui, dans l'année écoulée, auraient rendu les plus grands services à l'humanité ». Outre un diplôme et une médaille, les lauréats 2004 recevront un chèque de 10 millions de couronnes suédoises (1,10 M euro) à partager éventuellement entre colauréats. La remise formelle des prix a traditionnellement lieu lors de cérémonies à Stockholm et Oslo, le 10 décembre, jour anniversaire de la mort de Nobel à San Remo (Italie) en 1896. A.F.P., Yemloul Aziz