“J'écris dans l'espoir de laisser une trace, une ombre, une griffure sur un sable mouvant, dans la poussière qui vole, dans le Sahara qui remonte”, disait-elle, en 1985, sans charge prémonitoire pour ces propos à travers lesquels elle exprimait d'abord sa sensibilité d'écrivain. Il y a vingt ans, en tout cas, la fille de Cherchell ne se doutait pas que son destin pourrait aussi être celui de son passage à la postérité, de son vivant. Et quelle postérité ! De celle qu'immortalise le prestigieux prix Nobel de littérature. Avec l'Américaine Joyce Carol Oates et la Danoise Inger Christensen, ce qui s'apparente à des “fuites” en provenance de l'académie suédoise crédite, en effet, l'Algérienne Assia Djebar de la plus forte probabilité d'être la récipiendaire du prix dans le cas où le jury déciderait que, cette année, il récompenserait une femme pour la dixième fois depuis 1901. Les atouts de cette romancière prolifique sont solides, reconnaissent des critiques littéraires en vue, à Stockholm. En plus de ses remarquables qualités d'écriture — en langue française — et de son talent de romancière, Assia Djebar a déjà été hautement distinguée dans les grandes capitales européennes pour son action pour l'émancipation de la femme, contre le fanatisme religieux. De son vrai nom Fatma-Zohra Imallayen, Assia Djebar est née en 1936 dans l'antique Césarée. Elle fut la première étudiante algérienne à entrer à l'Ecole normale supérieure de Sèvres. Depuis 1999, elle siège à l'Académie royale de Belgique où elle occupe le siège de Julien Green. Traduite dans une quinzaine de langues, ses romans les plus connus sont : Les Alouettes naïves ; L'Amour, la fantasia ; Loin de Médine. Elle a également signé un film : La Nouba des femmes du Mont Chenoua, ainsi qu'un recueil de nouvelles intitulé Femmes d'Alger dans leur appartement. A. H.