La ministre de l'Education nationale a adopté hier un ton plutôt rassurant face aux craintes exprimées par les syndicats d'enseignants concernant la surcharge des classes et l'impact de la crise quant à la concrétisation des projets de construction de structures. Nouria Benghabrit, qui était hier l'invitée de la rédaction de la Chaîne 3, a en effet annoncé que 102 établissements ont été réceptionnés cette année, et que d'autres sont en cours de construction. Ils s'ajoutent à la levée du gel sur plusieurs projets. La construction d'écoles, de CEM et de lycées va se poursuivre au même titre que les années précédentes, laissant entendre que la réduction de la dépense publique épargnera les projets dans ce secteur. Pour la ministre, la problématique demeure par contre dans l'entretien des établissements et leur réfection. L'internat, qui peut constituer selon elle une option pour rationaliser les moyens, demeure otage de la réticence des parents. Bien que le secteur demeure prioritaire dans les dépenses publiques, le budget de fonctionnement du secteur ne dépasse pas 15% du budget global alloué, les 85% restants étant affectés aux salaires, déplore la ministre. L'encadrement administratif dépend donc de l'austérité et accuse une insuffisance pour couvrir les besoins des 27 000 établissements scolaires que compte le secteur, précise par la même occasion Nouria Benghabrit. Interrogée sur la surcharge des classes qui constitue la hantise des enseignants et des parents d'élèves, la ministre minimise l'effet : «Seuls 5,67% d'établissements y sont confrontés, particulièrement dans des communes ayant connu une forte vitalité en matière d'habitats.» L'invitée de l'émission cite d'ailleurs les villes d'Oran, Alger-Est, Boumerdès et Sétif, touchées particulièrement par la surcharge dans certains établissements scolaires, en raison, explique-telle, de «la mobilité des citoyens, de l'élévation du taux de natalité ou du redoublement dans certaines divisions pédagogiques». Avec «seulement» 4000 enseignants n'ayant pas rejoint leurs postes, le secteur ne connaît pas de crise d'enseignants, estime la ministre de l'Education, rappelant qu'au total 104 000 enseignants ont été recrutés par concours ces deux dernières années. Faisant par ailleurs état des obstacles placés sur le chemin de l'école, Mme Benghabrit regrette la «surpolitisation et la sur-médiatisation» dont elle est l'objet, de même que certains aspects «qui n'aident pas la société à y voir clair». L'occasion était donc pour la ministre de répondre à ses détracteurs qui animent une campagne virulente à son encontre, lui reprochant la suppression de la formule «Bismillah» (au nom de Dieu, ndlr) des manuels scolaires. Pour Mme Benghabrit, «cette formule existe de manière obligatoire dans le manuel des sciences islamiques». Refusant de polémiquer sur la question, la ministre «préfère laisser les réponses aux spécialistes et aux pédagogues», a-t-elle ajouté. Ceci, non sans préciser que «depuis 1962 à nos jours, Bismillah n'existe pas partout, y compris dans les manuels qui ont été rédigés par l'ex-président de l'Association des oulémas, le Dr Chibane». Mme Benghabrit dénonce un «faux procès» et accuse ses détracteurs de créer des polémiques pour atteindre des objectifs électoraux. «Il faut arrêter de faire une lecture idéologique ou politique chaque fois qu'on a un échéancier électoral. S'il vous plaît, laissez l'école tranquille ! L'école a besoin de tous, y compris de ceux-là qui sont en train de monter au créneau sur une problématique qui n'a aucune incidence sur la qualité de l'école.» Et d'assurer par la même occasion que «dans les programmes, le premier point fondamental qu'on a mis en avant, c'est comment ancrer les valeurs de l'algérianité qui est la synthèse des dimensions : arabité, islamité et amazighité».