L'affaire du quotidien La Tribune se poursuit. Les associés Ameyar ont retiré l'ordonnance de référé qui a prononcé, la semaine dernière, la dissolution de la Sarl Omnium Maghreb Presse (OMP), éditrice du quotidien, avec désignation d'un liquidateur. Selon les détails communiqués par la famille, le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) a motivé sa décision par l'existence de plusieurs litiges entre les associés et les héritiers Ameyar, ayants droit du fondateur du quotidien, Kheireddine Ameyar, depuis 2005. S'appuyant sur des jugements et des affaires pendantes à la Cour d'Alger et la Cour suprême entre les associés Ameyar et les autres actionnaires, le tribunal a déduit que «l'affectio societatis (volonté commune entre plusieurs personnes physiques ou morales de s'associer, ndlr) a disparu, ce qui constitue, pour lui, un obstacle à la continuité de la société et risque de porter atteinte à son fonctionnement». Le juge des référés a évoqué dans son ordonnance «une situation de blocage, outre le fait que le gérant de la société est décédé et que les parties n'ont pas pu en designer un autre». Dans son dispositif, le tribunal a mis hors de cause le journaliste Belkaïd Akram, car n'ayant plus la qualité d'associé après la cession de ses parts aux Ameyar, et a désigné M. Bouredji Boudjemaa, expert en comptabilité, finances et fiscalité, pour procéder à la liquidation de la société et lui a imparti un délai de 6 mois pour exécuter sa mission, lit-on dans le compte rendu publié par les associés Ameyar. Mme Taous Ameyar, qui a décidé de faire appel de la décision, a constaté que le motif de l'action des deux actionnaires minoritaires (18%) qui ont engagé la procédure de liquidation n'est pas le surendettement de l'entreprise. «Il y a certes des dettes, mais il y aussi des entrées d'argent. Nous savons qu'il y a 30 milliards de centimes dehors», a indiqué dans une précédente déclaration à El Watan la veuve de Kheireddine Ameyar. A la mort du directeur de la publication, Bachir Cherif Hassan, en juin, deux actionnaires de la Sarl OMP, éditrice du journal, Cherif Tifaoui et Djamel Djerrad, ont introduit en référé une demande de cessation des activités de la Sarl. Les associés Ameyar, en conflit avec les autres propriétaires depuis plusieurs années, avaient introduit une intervention volontaire auprès du juge des référés pour s'opposer à la liquidation de l'entreprise. Se retrouvant quotidiennement à la Maison de la presse, la cinquantaine de travailleurs, tous services confondus, dénoncent une «fermeture arbitraire» et un «un licenciement déguisé». Organisés en collectif, les employés de la Tribune, soutenus par le Syndicat national des journalistes (SNJ), présidé par Kamel Amarni, ont décidé d'engager deux procédures pour préserver leurs droits : une devant l'Inspection du travail, dont un agent s'est déplacé à l'entreprise, et une autre devant le juge des référés. Après l'arrêt de la parution du quotidien, le 9 août dernier, les salariés ont été mis en congé d'office. Une lettre a été adressée par chacun des salariés à la direction pour «clarifier» leur situation professionnelle au sein de l'entreprise. L'administration du quotidien continue de fermer les portes du journal à double tour.