La fin du journal La Tribune, qui a cessé de paraître le 9 août, semble avoir été annoncée trop tôt. Le journal pourrait très vite rouvrir ses portes et réapparaître sur les étals, puisque sa fermeture aurait été décidée au mépris total de la loi et aux droits du personnel qui y travaille. C'est ce qu'a annoncé, hier, Taous Ameyar, veuve de Kheireddine Ameyar, membre fondateur du journal, qui après plus de 16 ans de procédures judiciaires a fait valoir, documents à l'appui, sa qualité d'associée. Lors d'une conférence de presse organisée au siège du Syndicat national des journalistes (SNJ) hier après-midi, elle a tenu — en présence de son avocat — à clarifier sa position et à exposer l'actuelle situation de la Sarl Omnium Maghreb Presse, éditrice du journal. Cette mise au point intervient plus d'une semaine après que deux actionnaires de la Sarl, Cherif Tifaoui (6% des parts) et Djamel Djerrad (12%), aient introduit en référé une demande auprès de la justice pour la cessation des activités de la Sarl, et par conséquent du journal. Les dettes faramineuses du quotidien ont été invoquées pour justifier cette mise en faillite. Seulement, la famille Ameyar, actuelle actionnaire majoritaire (46% des parts), s'oppose fermement à cette décision à laquelle elle n'a pas été associée. Elle a d'ailleurs officiellement introduit une intervention volontaire auprès du juge des référés afin de s'opposer à la liquidation de l'entreprise. Les employés dans la confusion «On ne demande jamais la dissolution d'une entreprise devant le juge des référés et les associés minoritaires n'ont pas le droit d'arrêter le journal», a-t-elle déclaré. Et d'ajouter : «Nous sommes viscéralement attachés à la poursuite de l'aventure intellectuelle lancée il y a 22 ans par Kheirredine Ameyar, fondateur du journal, ainsi que les autres membres fondateurs.» Elle accuse : «L'initiative de mettre La Tribune en liquidation judiciaire est dictée par le seul souci d'échapper à un audit qui pourrait être préjudiciable aux gestionnaires actuels et qui était prévu pour le mois de septembre prochain.» Appelant l'ensemble des employés — à qui elle a adressé son entière solidarité — à résister aux menaces «abusives» de liquidation, puisqu'«il n'existe aucune décision juridique pour la nomination d'un liquidateur», elle dénonce un vice de forme. Les employés du journal, qui ont tous été mis en congé forcé, ont été empêchés d'accéder au siège de la rédaction depuis deux jours. Mis devant le fait accompli et plongés dans la confusion et la précarité du jour au lendemain, ils ont mandaté le SNJ pour introduire des actions en référé pour préserver leurs droits. Le quotidien La Tribune a été créé le 5 octobre 1995 — période charnière qui a vu naître la presse écrite privée en Algérie — par Kheireddine Ameyar, Hassan Bachir Cherif, Cherif Tifaoui, Djamel Djerrad, Baya Gacemi, Akram Belkaïd, Mohamed Badaoui, Ould Hammou et Salim Djaffer. Depuis, plusieurs cessions de parts ont été exécutées modifiant leur répartition : La famille Ameyar détient 46% des parts, les héritiers de Hassan Bachir Cherif, décédé il y a à peine deux mois, disposent de 36% des parts. Cherif Tifaoui possède 12% des parts et Djamel Djerrad 6%.