L'année philatélique 1965 commence timidement. La Poste algérienne décide d'émettre, en ce mois de juin, une deuxième série de petits timbres à usage courant, après une première série parue le 25/9/1964. Des figurines qui portent les symboles marquants d'un pays sur la voie du développement après le recouvrement de sa souveraineté. La reconstruction, la réforme agraire, la mécanique et la formation des jeunes étaient les sujets phares de l'idéologie prônée par le défunt président Ahmed Ben Bella. Le 19 juin 1965 marquera finalement la fin du règne éphémère d'un chef d'Etat controversé et fougueux, dont le nom sera effacé pendant de longues années de l'histoire officielle de l'Algérie, comme ceux d'ailleurs de plusieurs personnalités historiques de la Révolution. Ben Bella laissera quand même des traces de son passage à la tête du jeune Etat algérien. Il sera connu chez les générations qui ont vécu l'euphorie de l'indépendance par son fameux Fonds national de solidarité (FNS), plus connu populairement par «Sendouq Ettadamoun», dont la création avait été annoncée dans son discours du 29 avril 1963. Ce fonds était destiné à financer les projets de lutte contre le chômage, la pauvreté et la précarité qui ont miné le pays après 132 ans de colonisation et 7 ans et demi de guerre. Créé par décret n°63-147 du 25 avril 1963, le FNS sera immortalisé sur un timbre émis le 26 mai 1963. Dessiné par Bouzid et Ferrer, il avait pour valeur faciale 0,50 nouveau franc NF (le dinar n'était pas encore né), avec une taxe de solidarité de 0,20 NF, versée comme contribution au FNS. Après le coup d'Etat de juin 1965, on n'entendra plus parler du Fonds national de solidarité. Mais l'histoire retiendra aussi que ces années resteront marquées par la fameuse «Constitution de Ben Bella». Une histoire inédite qui avait commencé le 31 juillet 1963 au cinéma Majestic (actuelle salle Atlas), où Ben Bella avait réuni 300 délégués du FLN pour approuver le texte de la nouvelle Constitution. Adoptée par référendum le 8 septembre 1963, cette dernière provoquera la démission de Ferhat Abbas de la présidence de l'Assemblée constituante, et une forte opposition des personnalités historiques, à l'instar de Mohamed Boudiaf, Hocine Aït Ahmed et Krim Belkacem, suite à l'instauration du FLN comme parti unique. L'événement sera quand même célébré sur un timbre émis le 13 octobre 1963, dessiné par Ali Khodja. La «malheureuse» Constitution ne survivra pas plus de 21 mois. Elle sera suspendue et «enterrée» après le 19 juin 1965, comme ce fut le cas pour Ben Bella aussi. Mais le timbre est resté en circulation dans les bureaux de poste et ne sera retiré «officiellement» que le 19/11/1966, soit plus d'une année après. Quant à Ben Bella, il vivra dans un cachot pendant 14 ans, avant d'être libéré par Chadli Bendjedid. Si on parle philatélie, l'époque de Ben Bella a été quand même bien fournie. Grâce à une thématique aussi variée, la Poste a célébré pour la première fois la «Journée de l'Afrique» en 1964 sur un timbre dessiné par Choukri Mesli. Puis, il y a eu la même année ce clin d'œil aux «Frères égyptiens», dans deux timbres consacrés à la sauvegarde des Monuments de la Nubie. On notera aussi la 1re Foire internationale d'Alger, événement phare de l'époque porté sur un timbre d'Ahmed Benyahia, et la réalisation du Complexe d'Arzew, sujet d'un timbre de Choukri Mesli. Ceci sans oublier les fameuses campagnes de reboisement et la célébration de l'anniversaire de l'incendie de la bibliothèque de l'université d'Alger. Ben Bella décédera le 11 avril 2012 à l'âge de 96 ans. Jusqu'à ce jour, il continue de sombrer dans les oubliettes de l'histoire philatélique de son pays. Ben Bella n'a eu droit à aucun timbre commémoratif en Algérie, alors qu'il a reçu des hommages sur des timbres dans d'autres pays.