Une importante délégation de syndicalistes français représentant l'union syndicale Solidaires a fait, mercredi dernier, une halte au journal El Watan où un sympathique et fructueux débat a eu lieu sur la question syndicale et la presse dans les deux pays. En sa qualité de leader de Solidaires, Annick Coupé a indiqué que cette union interprofessionnelle regroupe 42 fédérations ou syndicats nationaux, relevant aussi bien du secteur privé que du secteur public. Elle affirme que Solidaires, fort de plus de 80 000 adhérents, se distingue par un syndicalisme de terrain et concentre son activité sur des combats sociaux, ciblant les chômeurs, les retraités, les femmes et d'autres franges rendues vulnérables par des politiques libérales adoptées en France. Mme Coupé avoue, en outre, que Solidaires n'est pas reconnue officiellement, bien que ses activités soient tolérées par les pouvoirs publics. L'hôte d'El Watan explique que la loi française régissant les syndicats remonte à 1966 et se base sur des critères non objectifs et même désuets. Pour empêcher Solidaires de créer de nouvelles structures syndicales, les autorités actionnent l'administration et l'appareil judiciaire. « En cette période de précampagne électorale pour la présidentielle 2007, plusieurs partis politiques, de gauche comme de droite, nous ont promis de changer cette loi », dira Mme Coupé, non sans méfiance. Celle-ci a déploré, au passage, que la presse française n'ait pas répercuté suffisamment les mouvements de grève engagés en Algérie par des syndicats autonomes. Abordant le chapitre de la presse, le secrétaire général du Syndicat national des journalistes (SNJ), Pierre Desfassiaux, a eu des explications de la part du rédacteur en chef d'El Watan, qui a déclaré constater que l'Algérie connaît beaucoup de régression comparativement à ses voisins. Ce ne sont certainement pas les griefs qui manquent : fermeture de l'audiovisuel, lois répressives (code pénal), code de l'information non amendé, pressions économiques et financières sur des titres de la presse écrite (impôts,…), monopoles sur l'imprimerie et sur la publicité institutionnelle (ANEP), sans omettre la difficulté d'accès à l'information officielle pour mener des enquêtes journalistiques. Il faut noter, enfin, que le déplacement de l'union syndicale Solidaires en Algérie vient en réponse à l'invitation du syndicat autonome Snapap. « Cette invitation s'inscrit dans la tentative de créer un réseau international pour défendre les libertés syndicales face à la mondialisation », a conclu un cadre du Snapap, en compagnie de Solidaires.