Plusieurs groupes de parents qui s'expriment sur les réseaux sociaux font part de leur satisfaction quant à l'introduction de nouveaux textes. Les Algériens découvrent depuis la rentrée scolaire les nouveaux manuels. La polémique sur la suppression de la Basmala (au nom d'Allah) a rendu peu visibles les autres changements opérés dans le contenu des livres scolaires destinés notamment aux élèves du primaire. Plusieurs groupes de parents qui s'expriment sur les réseaux sociaux font part de leur satisfaction quant à l'introduction de plusieurs nouveaux textes. «Nous avons enregistré avec satisfaction l'incorporation de textes parlant de Yennayer, ou encore ceux appelant au respect des différences linguistiques qui doivent constituer une richesse pour le pays», analysent plusieurs parents d'élèves ayant posté ces textes tirés du livre d'arabe de la troisième année primaire sur un réseau social avec les commentaires de plusieurs internautes qui soutiennent le changement opéré dans les programmes scolaires. Dans plusieurs posts que des groupes échangent sur la Toile, des parents d'élèves estiment que c'est la révision du contenu de ces livres qui motive toute la campagne virulente contre la ministre de l'Education nationale. Enfin des prénoms berbères dans le manuel L'introduction de plusieurs prénoms berbères dans les textes de lecture des enfants âgés de moins de 10 ans est une des mesures introduites dans le cadre des nouveaux manuels accompagnant la deuxième génération des programmes issus de la réforme scolaire. Des prénoms comme Massinissa et Tanina pour des personnages principaux des textes accompagnent les enfants dans leur apprentissage de la langue française. Proposer des textes comme «Tamazight, ma langue, l'arabe, ma langue», rompt avec l'idéologie du déni du multilinguisme et de la diversité culturelle des Algériens imposé des décennies durant. Dans le nouveau manuel de troisième année primaire, il est proposé aux élèves un poème sur Yennayer. Même si cette fête du Jour de l'an berbère est ignorée officiellement, n'étant pas un jour férié, le thème de Yennayer revient dans plusieurs textes du cycle primaire pour «concilier les enfants avec leur identité». «Et c'est cette conciliation qui déplaît aux détracteurs de la ministre actuelle», estiment les animateurs de plusieurs pages dédiées à l'enseignement. L'autre changement opéré dans les manuels, constate un parent d'élève, c'est le début de rupture avec l'endoctrinement aveugle. Un père de famille découvre que dans le livre d'éducation civique et de celui de d'éducation islamique, on rappelle à l'enfant la conduite à tenir dans un espace public, le respect d'autrui, la discipline, la demande de permission avant de prendre la parole, les règles de l'échange, le sourire, l'amour et le respect des siens, la politesse ainsi que les règles de base de l'hygiène. «Auparavant, on demandait à un enfant de 6 ou 7 ans d'entrer aux toilettes d'abord avec la jambe gauche, alors que maintenant ce sont les règles d'hygiène de base qui lui sont rappelées», constate le père de famille. Guerre à la discrimination garçons- filles La rentrée scolaire qui s'est déroulée avec un flagrant dysfonctionnement dans la distribution des livres scolaires a été caractérisée par une campagne contre la ministre de l'Education visant les changements introduits dans les programmes. Il est ainsi reproché aux concepteurs des programmes d'avoir introduit dans les manuels scolaires des leçons sur la reproduction des animaux dans le primaire. Des groupes et des forums s'intéressant aux questions de l'éducation s'indignent particulièrement contre un texte parlant de l'égalité garçons- filles. «Que veut Benghabrit ? Ce texte vise la base de la société algérienne !» s'offusquent ces parents contre un texte dans le livre d'arabe de 4e année primaire intitulé «Je ne fais pas de discrimination entre les garçons et les filles». Composé de quelques lignes seulement, ce texte décrit l'indignation d'une petite fille devant le fait que c'est uniquement à sa grande sœur de participer aux tâches ménagères. Dans plusieurs livres des différents niveaux du primaire, on illustre des textes avec des images de garçons aidant leur maman. Rien à voir donc avec les anciennes images de papa lisant un journal, installé devant la télé et des filles et leur maman occupées dans la cuisine ! «Peu de textes authentiques» Pour Ali Lakehal, inspecteur de langue française à la direction de l'éducation d'Alger-est, les manuels et ce qu'ils contiennent sont un support pour accompagner les nouveaux programmes ; «malgré le peu de textes authentiques» proposés par les nouveaux manuels, les textes sont issus du patrimoine algérien. M. Lakehal rappelle que le contenu des nouveaux manuels du primaire, dont ceux de la 3e et 4e années répondent à l'exigence du respect de la référence algérienne. La réhabilitation des auteurs algériens et le rétablissement de la culture nationale comme référence dans le système éducatif à travers le manuel scolaire sont des recommandations de la conférence nationale sur l'évaluation de la réforme organisée en juillet 2015 et ayant découlé sur la deuxième génération de programmes et de manuels, rappelle M. Lakehal. Ainsi, les nouveaux textes proposés aux élèves dans toutes les langues d'enseignement, l'arabe, le tamazight, le français et les langues vivantes ont pour objectif de promouvoir des auteurs algériens. Le ministère de l'Education a exigé à travers un cahier des charges imposées aux concepteurs des manuels 80% d'auteurs algériens, alors que la présence de ces derniers n'occupait que 2% du manuel. La réhabilitation de la référence algérienne dans le manuel s'ajoute à la promotion des valeurs universelles de tolérance, d'ouverture et de respect d'autrui pour obtenir le profil d'un Algérien fier de son appartenance géographique, africaine et méditerranéenne. Son algerianité se traduit sans aucune difficulté avec ses différentes composantes identitaires : arabité, berbérité et islamité. L'inspecteur estime que c'est aux pédagogues de donner leur appréciation sur les nouveaux manuels concernant la qualité des ouvrages, la pertinence des textes et leur répartition. M. Lakehal estime que les enseignants doivent faire appel à d'autres supports pour accompagner le programme et ne pas se contenter du manuel scolaire.