Le procès du Dr Ouali, qui se déroulait depuis avant-hier au tribunal de Aïn Oussara, a pris fin avec le réquisitoire de deux ans de prison ferme pour la spécialiste. Une affaire qui «donne à réfléchir» pour réévaluer les risques auxquels s'exposent les praticiens médicaux dans le cadre de leur travail. Lyès Merabet fait le point. - Le verdict du procès qui s'est terminé hier est prévu pour le 27 septembre. Un commentaire… Je suis en contact régulier avec l'avocat chargé par le SNPSP de défendre le Dr Ouali. Nous sommes désolés pour ce qui s'est passé et nous partageons le deuil de la famille de Djelfa, mais nous sommes aussi consternés par la situation de notre consœur et des autres professionnels emprisonnés dans le cadre de ce procès. Nous espérons un dénouement heureux pour tous et que justice soit faite loin des pressions de la rue et de toute surenchère. - Vous avez décidé d'une grève prochainement... Je ne pourrai me prononcer sur cette question qu'à l'issue de la réunion. - Depuis 2007, il y a eu plusieurs tentatives de création de confédérations. Qu'est-ce qui distingue cette nouvelle initiative ? Même bien avant, déjà en 2002 une première tentative avait été faite par plusieurs syndicats représentatifs de la Fonction publique et d'autres de secteurs économiques (marine marchande, pilotes...). C'était le projet de la Snata qui n'a pas abouti du fait des pouvoirs publics qui ont refusé de donner le récépissé d'enregistrement, mais aussi à cause de l'immaturité qui caractérisait à son début le mouvement syndical pluriel et autonome. Le problème du leadership, les crises internes pour certaines organisations syndicales, l'ingérence du politique et de l'administration dans le fonctionnement des syndicats ont créé et entretenu la désunion et les divergences autour du projet de la confédération. - Quel statut aura cette confédération et comment comptez-vous vous y prendre pour sa réussite ? La confédération aura un statut légal qui sera conforme aux dispositions de la loi 90-14 du 2 juin 1990 portant modalités de l'exercice syndical. Je rappellerai aussi que ce sera dans le respect des conventions C87 et C98 de l'OIT (Organisation internationale du travail) ratifiées par notre pays le 28 octobre 1964. Nous considérons aujourd'hui qu'après des années de lutte et de restructuration, les syndicats autonomes ont acquis un capital expérience qui permet d'aller de manière intelligente mais résolue à la concrétisation de ce projet. La création d'une confédération des syndicats algériens (CSA) et réaliser le rêve de millions de travailleurs. Le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP) a été de toutes les tentatives ayant eu pour but la création d'espaces communs de concertation et de lutte pour la pluralité et les libertés syndicales. Donc, c'est tout naturellement que nous nous sommes engagés dans la démarche actuelle de l'intersyndicale et ses actions de protestation décidées le lendemain de la tristement célèbre tripartite du mois de juin 2016. Rassemblés autour d'une plateforme de revendications commune, qui s'articule autour des problèmes de la retraite, du nouveau code du travail et de la protection du pouvoir d'achat. Nous sommes actuellement 15 organisations syndicales à travailler aussi pour concrétiser cet objectif suprême à mon sens qui est la CSA, une commission technique travaille depuis des mois sur le dossier de conformité que nous comptons remettre aux autorités très prochainement. - Demain, vous serez en réunion. A l'ordre du jour, l'évaluation de la rentrée sociale. D'éventuelles protestations sont au menu... Vous êtes tout de même conscient qu'il n'y a plus grand-chose à arracher du gouvernement, lui qui évoque la difficulté de payer les salaires d'octobre. Effectivement, la réunion de demain est celle de la rentrée sociale. A l'ordre du jour, il sera question de l'évaluation de l'état de prise en charge des revendications déjà citées précédemment, mais aussi de discuter de l'actualité politique et économique de notre pays, surtout que la réunion intervient au moment de la discussion du plan d'action du gouvernement. A cet effet, permettez-moi de rappeler que l'intersyndicale avait officiellement demander à monsieur le Premier ministre d'organiser une rencontre bipartite (gouvernement-syndicats) à la rentrée. Aucune suite n'a été donnée à notre demande à ce jour. C'est le cas aussi de la lettre adressée à monsieur le ministre du Travail, de la Sécurité sociale et de l'Emploi dès son installation. Pour demander qu'une suite soit réservée à la démarche de concertation initiée par son prédécesseur avec l'ensemble des syndicats. Et de demander que soient levées toutes les formes d'entrave à l'exercice syndical (refus d'enregistrer des organisations syndicales représentatives, comme le cas du Safap, cadres syndicalistes licenciés de leur poste, délégués syndicaux poursuivis en justice...). C'est pour dire que l'évaluation se fera aussi à ce niveau-là. La reconnaissance des syndicats autonomes passe inexorablement par leur association à tous les espaces du dialogue qu'encadre le gouvernement. Et la représentativité syndicale donne droit à la négociation. Un droit confisqué et non reconnu dans le fait par les pouvoirs publics. Enfin, je rappelle à juste titre que les revendications de l'intersyndicale ne sont pas d'ordre salariale et aucune augmentation n'est demandée. Il est légitimement revendiqué la mise en place de mesures protectrices du pouvoir d'achat des Algériens et c'est le rôle des gouvernements. - La conjoncture est portant plus compliquée que les années passées, vu la crise économique, quel rôle jouera cette structure au sein des différentes corporations ? Plus que jamais, les travailleurs mais aussi les organisations syndicales ont besoin de l'existence de fédérations et de confédérations. Il faut s'unir en temps de crise pour défendre ses droits et imposer son point de vue dans des espaces de dialogue lorsqu'il s'agit de définir des politiques économiques et de les mettre en place. Consolider le front social et le prémunir des dangers multiples qui le menacent passe par là aussi, et les autorités ont tout intérêt à considérer officiellement la réalité du paysage syndical national qui a subi une mue et à travailler avec ceux qui composent l'essentiel de la représentativité du monde du travail. L'heure est au rassemblement. - Toutes ces revendications deviennent de plus en plus compliquées, vu la situation actuelle. Vous risquez de ne pas avoir de réponse... Ce qui est plus grave à mon humble avis, c'est ce silence méprisant de la part du gouvernement à nos démarches de dialogue et ce manque de considération que traduit notre exclusion systématique des réunions de la tripartite. Nos positions ne sont pas figées et peuvent être reconsidérées si la voie du dialogue gouvernement/intersyndicale est rétablie et que le droit et les conditions de la négociation sont vraiment réunis. A ce jour, ce n'est pas le cas.