Documentaires, cinéma, conférences... «Algérie en mouvement» veut révéler le vrai visage du pays. Le Forum France-Algérie organise la deuxième édition d'«Algérie en Mouvement». Pouvez-vous nous rappeler rapidement en quoi consiste cet événement ? L'idée d'«Algérie en Mouvement» est née en 2012, très peu de temps après la création du Forum France-Algérie, avec la volonté de mettre un coup de projecteur sur les thématiques et les acteurs du changement en Algérie, notamment chez les jeunes. Nous voulons encourager toutes les initiatives citoyennes positives – qu'elles soient culturelles, sociale ou entrepreneuriales –, faire connaître un visage positif des réalités algériennes au public français et débattre de certaines évolutions sociétales dans le pays. C'est dans cet esprit que nous avions organisé une première édition en 2013, en partenariat notamment avec l'Etoile culturelle d'Akbou et Touiza Solidarité, qui a rencontré un franc succès. Pour cette deuxième édition, nous avions voulu délocaliser l'événement vers l'Algérie, mais cela n'a pas été possible par manque de moyens. Nous organisons donc «Algérie en Mouvement 2017» à Paris, du 27 au 30 septembre, en partenariat avec la coopérative culturelle Artissimo, Mayhem Corporation, Booster Consulting, les Comptoirs de la Méditerranée et Wesh Derna. - Quelles sont les thématiques les plus importantes qui seront abordées cette année ? En plus des initiatives entrepreneuriales, l'édition de cette année fait la part belle au cinéma et aux documentaires, qui sont des outils privilégiés pour illustrer la réalité sociale. Les films seront projetés au cinéma l'Entrepôt dans le 14e arrondissement de Paris. Nous avons privilégié deux sujets : «La place des femmes dans l'espace public» et «Comment internet change la vie des Algériens». Ce dernier thème sera illustré par le film amateur Contraste Bladi, réalisé par les jeunes Zakaria Brahimi et Omar Haddad, qui sera projeté en avant-première le 29 septembre. Nous distribuerons également les prix de l'année du Forum France-Algérie à trois documentaires (Wesh Derna de Riad Touat, Bla Cinima de Lamine Ammar-Khodja et H'na Barra de Meriem Achour Bouakkaz et Bahïa Bencheikh-El Fegoun) et au long-métrage A mon âge je me cache encore pour fumer de Rayhana, en présence nous l'espérons de Souad Massi ainsi que des actrices Biyouna et Nadia Kaci. Cette œuvre a été sélectionnée par nos adhérents et sympathisants à l'issue d'un vote en juillet-août de cette année. - Sur votre programme, nous avons remarqué que l'écologie est mise en valeur. Pensez-vous qu'il est temps d'ouvrir un large débat public autour de cette question en Algérie ? Déjà en 2013, nous avions donné une place importante à l'écologie avec une rencontre-débat sur cette question et l'invitation d'acteurs de terrain, tels que l'association Bariq 21 de Skikda. Le thème sera effectivement de nouveau mis à l'honneur grâce à la présence de Besma Belbedjaoui qui dirige une PME reconnue dans le recyclage des plastiques et de Amar Adjili, l'un des militants environnementaux les plus actifs en Algérie. Par contre, pour répondre au deuxième volet de votre question, il n'est pas vraiment de notre ressort d'ouvrir des débats qui concernent l'Algérie, mais si nous pouvons à travers notre action donner plus de poids et de légitimité à des acteurs écologistes pour peser dans les choix et les politiques du pays, nous le faisons avec plaisir. - Dans le même ordre d'idées, que peut-on espérer comme valeur ajoutée de ce genre de rendez-vous, alors que tout semble aller mal dans notre pays ? Nous sommes conscients que notre initiative, et surtout son appellation «Algérie en Mouvement», peut être perçue comme étant en porte-à-faux avec la réalité algérienne du moment. Cependant, et plus que jamais, nous avons l'obligation de soutenir tous les acteurs culturels, associatifs et citoyens qui ne ménagent pas d'efforts pour faire avancer le pays et l'ancrer dans la modernité. Nous espérons que notre initiative encouragera plus encore les réalisateurs, associations et entreprises algériennes sélectionnés à aller de l'avant ; et à inspirer d'autres acteurs. En France, nous sommes convaincus qu'«Algérie en Mouvement» permettra de faire évoluer les perceptions et regards sur la réalité socioéconomique algérienne en montrant que de nombreux citoyens innovent, créent de la valeur et se battent au quotidien pour faire progresser le pays dans les domaines économiques, environnementaux et sociétaux. Nous pensons, par ailleurs, que des liens nouveaux se tisseront et des projets conjoints émergeront entre acteurs français et algériens grâce à «Algérie en Mouvement», ce qui constitue d'ailleurs le premier objectif du Forum France-Algérie. - Est-ce que vous avez eu de bons échos après l'édition précédente de la part de la société civile et des autorités publiques, que ce soit en France ou en Algérie ? Les participants de la première édition avaient été enchantés par leur séjour et ils avaient tous donné une très bonne image de leurs organisations et de l'Algérie en général. Ceci a certainement joué un rôle dans la décision de certains partenaires, tels que le programme Joussour, de renouveler leurs partenariats pour cette année. L'édition précédente avait permis de constater que les associations algériennes avaient développé de nombreuses compétences et jouaient un rôle essentiel dans plusieurs domaines de la vie socioéconomique et culturelle du pays. Elles sont le lieu privilégié de l'engagement citoyen des jeunes et leur espace de liberté. Elles sont devenues une force de proposition et d'innovation citoyennes. Nous avions également noté que de nouvelles entreprises, qui s'inscrivaient dans la modernité et dans des démarches responsables, émergeaient en Algérie. Enfin, nous avions conclu qu'il y avait en France une grande méconnaissance des réalités algériennes. Toutefois, il y avait une attente forte des Franco-Algériens pour s'informer de l'évolution de leur pays d'origine et pour contribuer à son développement. Sur un autre plan, la première édition avait bénéficié du soutien actif des pouvoirs publics français et algériens. L'ambassadeur d'Algérie l'avait même clôturée au Centre culturel algérien (CCA). - Et comment cela s'annonce-t-il pour l'édition de cette année à ce niveau ? Cette nouvelle édition est organisée principalement avec l'aide de donateurs privés (l'entreprise Merinal, les Comptoirs de la Méditerranée, etc.) suite à un appel aux dons. Nous comptons également sur les recettes de la billetterie de l'Entrepôt. Notre budget est loin d'être bouclé et notre appel aux dons est donc toujours d'actualité. Beaucoup de participants financent eux-mêmes leur participation. Les entreprises de distribution audiovisuelles nous ont fait des prix et nous pouvons compter sur un grand nombre de bénévoles et de partenaires que je salue et remercie. La mairie du 2e arrondissement de Paris a contribué en mettant à disposition une très belle salle et l'Institut français d'Oran a pris en charge le déplacement de deux participantes. L'Institut des cultures d'islam de Paris accueillera notre soirée privée de clôture. - Bien avant cela, qu'avez-vous prévu pour la soirée inaugurale ? La soirée du 27, qui aura lieu à la mairie du 2e arrondissement de Paris, sera consacrée à la thématique du dynamisme associatif et entrepreneurial en Algérie. Nous aurons le privilège d'entendre les témoignages d'une série de responsables associatifs et de chefs d'entreprise algériens. A cette occasion, en collaboration avec l'association Ajouad Algérie Mémoires, nous rendrons hommage à tous les martyrs de la décennie noire dont le combat et le sacrifice pour une Algérie moderne et démocratique ne doivent pas être oubliés.