Après la série d'interdictions, parfois par la force, touchant des activités purement culturelles, les autorités s'en prennent cette fois-ci à une thématique hautement politique : les droits de l'homme. L'université d'été de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme qui devait se dérouler à Souk Letnine, à 30 km à l'est de Béjaïa, entre le 5 et le 8 octobre prochain n'aura pas lieu. Ainsi en ont décidé les autorités, lesquelles par la voix du chef de daira de cette localité, ont notifié aux organisateurs leur opposition à la tenue de ces rencontres, sans pour autant en préciser les motifs. Dans un courrier datant du 20 septembre, le chef de daira, en réponse à la demande d'autorisation introduite par la Laddh, informe les représentants locaux de cette ligue que ses services «ont le regret d'émettre un avis défavorable pour l'organisation de cette réunion publique», écrit le représentant du wali. La Laddh n'a pas tardé à réagir à cette interdiction qui «va à l'encontre des libertés publiques», s'est indigné Hocine Boumedjane, responsable du centre de documentation des droits de l'homme de Béjaïa. Aussitôt le refus notifié officiellement, la Ligue de défense des droits de l'homme a rendu publique une déclaration à travers laquelle elle s'élève «contre cette mesure arbitraire, en flagrante contradiction avec les garanties contenues dans la Constitution et les instruments internationaux des droits humains ratifiés par l'Algérie». Tout en interpellant le gouvernement à propos du respect du droit de réunion, la Laddh prend à témoin l'opinion publique et tient pour responsable les pouvoirs publics quant à cette dérive, lit-on encore dans la déclaration. La ligue algérienne de défense des droits de l'homme qui fait part de sa décision de maintenir contre vents et marées son université d'automne, invite en outre ses militants, les organisations de la société civile, les députés et les forces politiques à «se mobiliser pour défendre les acquis et les espaces démocratiques arrachés de haute lutte». Ceci dit, la Laddh ne restera pas les bras croisés. «Un avocat est constitué pour plaider la cause de la Laadh auprès des juridictions compétentes», révèle, en effet, Hocine Boumedjane, responsable du centre de documentation des droits de l'homme de Béjaïa. Notons enfin que depuis 2006, année de sa première expérience du genre tenue à Tigzirt, la Laddh n'a jamais eu à subir d'interdiction pour organiser les rencontres suivantes. Cette année, c'est, semble-t-il, le choix des thématiques qui touchent de près aux droits humains ainsi que la date retenue (5 octobre), qui n'ont pas recueilli l'assentiment des autorités.