Le traitement des cancers ORL, de la prostate et du sein par «tomothérapie», qui est une technique innovante de la radiothérapie, a fait l'objet la semaine dernière d'une rencontre-débat à Alger organisée par la société Ray Therapy, représentant officiel de la société américaine Accuray spécialisée dans la fabrication de deux technologies innovantes, la tomothérapie et cyberknife. L'Algérie est le premier pays d'Afrique à acquérir ces machines, dont la première est déjà fonctionnelle au centre privé de Sidi Abdellah dirigé par le Dr Yaker et une centaine de patients ont été pris en charge depuis son inauguration en janvier dernier. Des spécialistes en radiothérapie et des physiciens médicaux des différents services des centres hospitaliers ont pris part à cette rencontre, où les machines ont été présentées. La tomothérapie est une technique de radiothérapie guidée par l'image qui consiste à coupler un scanner et un accélérateur de particules miniaturisé tournant autour du patient «en spirale» pendant que la table sur laquelle il est allongé se déplace dans le sens de la longueur. Les faisceaux de rayons varient en fonction du déplacement du patient. «Ce traitement hélicoïdale garantit au patient un meilleur ciblage du tissu tumoral à irradier, tout en réduisant les risques d'irradiation pour les organes sains à proximité. Cette technologie est destinée à des localisations et des traitements complexes, tels que ceux des cancers de la sphère ORL», a expliqué le Dr Ozsahin Esat du CHUV de Lausane, en Suisse, tout en soulignant l'aspect relatif à la protection du niveau de volume des tissus sains : «Comparativement à l'ancienne technique, avec la tomothérapie on a moins de toxicité chez le patient avec la même dose émise. Comme on peut augmenter la dose et ne pas dépasser le taux de toxicité que l'on retrouve avec la radiothérapie classique qui irradie un gros volume de tissus sains.» L'intérêt dans cette nouvelle technique, a-t-il encore précisé, est que la cible tumorale est atteinte de manière homogène et tout autour sans altérer les tissus sains, et ce, avec plus de précision. «Cette technique permet de délivrer les rayons par modulation d'intensité, en bandes très étroites, ce qui permet de traiter le patient en tranches», a-t-il indiqué, tout en revenant sur les avantages de cette technique et sur son expérience dans son service à Lausanne, où 1000 à 1200 nouveaux cas sont pris en charge, notamment les cancers de la prostate, du poumon et du sein et le premier patient a été traité en 2003. Revenant sur les modalités d'utilisation de la machine et les doses nécessaires pour lancer un traitement selon la localisation, le Dr Ozsahin a insisté sur les avantages que l'on peut tirer avec ces machines et surtout sur un meilleur confort pour le patient. «En irradiant moins de volume de tissus sains, cela permet aussi de traiter la même zone dans le cas de récidive de la tumeur. C'est également une seconde chance pour le patient de pouvoir se faire traiter encore», a-t-il souligné. A la question de savoir si le nombre de séances est réduit par rapport à la radiothérapie classique, le spécialiste affirme qu'effectivement, on réduit le nombre de séances et un protocole est fixé selon la taille de la tumeur et le profil du patient. De son côté, M. H. Beddadi d'Accuray est revenu sur le principe de fonctionnement de cette innovation : la tomothérapie et cyberknife. Il est question, selon M. Beddadi, de traiter des tumeurs cancéreuses, donc irradier la tumeur et dessiner ses contours. Une fois cela fait, le traitement de radiothérapie est déclenché directement au centre de la tumeur. «La machine existe depuis 25 ans et 400 000 personnes ont été déjà traitées. C'est l'Orl qui a fait la réputation de cette machine, qui permet d'irradier avec modulation d'intensité et fonction scanner intégré. Elle permet un meilleur ciblage», a-t-il expliqué en précisant que les localisations les plus difficiles à atteindre sont aujourd'hui traitées avec sécurité. Il cite l'exemple du crâne, du rachis et du poumon. Le cyberknife, quant à lui, consiste à traquer la tumeur en la suivant dans ses mouvements provoqués par la respiration et autre mouvements du corps. Par ailleurs, les spécialistes ont insisté sur la formation spécifique des radiothérapeutes, des physiciens médicaux et des manipulateurs. Le travail est surtout fait par ceux qui sont derrière ces machines, a-t-on relevé tout en insistant sur la maîtrise de la technique par ces équipes. A noter que des centres privés sont en discussion avec la société Accury pour l'acquisition de ces machines.