Les conservateurs allemands (CDU-CSU) ont remporté les élections législatives hier. Angela Merkel est donc promise à un quatrième mandat de chancelière. La CDU-CSU (32,5 à 33,5% des voix) devance nettement Martin Schulz et les sociaux-démocrates du SPD (20-21%) qui enregistrent leur plus mauvais score depuis 1945. Il reviendra donc à Mme Merkel, pour la quatrième fois, de chercher un ou plusieurs partenaires pour former le prochain gouvernement. Le SPD a immédiatement indiqué qu'il sera dans l'opposition après quatre ans au gouvernement d'Angela Merkel. Cela compliquera l'exercice pour la chancelière, qui doit donc convaincre, a priori, les libéraux du FDP et les Verts de gouverner avec elle. Mais ce succès est assombri pour elle par le résultat de l'Alternative pour l'Allemagne, parti anti-immigration, qui ressort troisième avec environ 13%, selon les sondages, et provoque un choc pour le pays. L'AfD fait donc une entrée en force à la Chambre des députés, une première depuis 1945 pour un parti qui tient des discours anti-immigrants, anti-islam, anti-euro et révisionnistes. Alors qu'il avait échoué aux portes du Bundestag en 2013, il devance désormais la gauche radicale Die Linke (9%), les libéraux du FDP aux alentours de 10% et les Verts (9%). Répondant à la chancelière qui faisait campagne pour la continuité dans la prospérité, un message destiné à rassurer face aux crises du monde, l'AfD a tiré à boulets rouges sur Angela Merkel durant la campagne, prenant pour modèle le président américain, Donald Trump, et les partisans de la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne. Thème de prédilection de cette droite dure : accuser la cheffe du gouvernement de «trahison» pour avoir ouvert le pays, en 2015, à des centaines de milliers de demandeurs d'asile, majoritairement musulmans. La chancelière va devoir s'expliquer de cette percée devant les siens, ses alliés bavarois de la CSU et la frange la plus conservatrice de la CDU l'ayant appelée à maintes reprises à écouter ses électeurs les plus à droite, excédés par son cap jugé trop centriste. Quelque 61,5 millions d'électeurs, répartis en 299 circonscriptions, ont eu jusqu'à 18h (16h GMT) pour élire leurs députés, selon un mode de scrutin mêlant principes majoritaire et proportionnel. La participation à 14h, seule estimation nationale de la journée, était de 41,1%, soit quasi stable par rapport aux 41,4% de 2013. Cette année-là, 71,5% des électeurs s'étaient rendus aux urnes.