Avec la cession de 55% des actifs de Somias aux Ecossais et Kimeal aux Tunisiens, c'est tout le patrimoine de production et de services du groupe Asmidal qui finit dans l'escarcelle des étrangers. La première filiale spécialisée dans l'entretien et la maintenance et la seconde dans la commercialisation de la matière première destinée à la production des détergents ont fait l'objet d'une opération de privatisation. La troisième du genre après celle de Fertial Annaba et Arzew, fer de lance de la production pétrochimique en Algérie. D'où cette question que se posent les travailleurs de l'ensemble du groupe Asmidal : “Faut-il verser une larme devant le spectacle d'un de nos fleurons de la production nationale cueillis par des mains étrangères.” Rappelons que les 3 opérations de cession s'étaient déroulées sous la direction du précédent président-directeur général du groupe. Il faut dire que, depuis 1998, année de leur première prise de contact avec Asmidal, les Espagnols du groupe Grupo Vilar Mir (GVM) n'avaient jamais caché leurs intentions. Avec le rachat des filiales de production pétrochimique Fertial Annaba et Arzew, ils exprimaient leur volonté de conquérir le marché africain des engrais. Mis à l'écart lors des négociations et la signature des contrats de cession, les syndicalistes avaient été contraints de se faire une raison. Ils avaient été quelque peu rassurés par le chapitre “employés” inséré dans chacun des 3 contrats signés conjointement par le PDG du groupe Asmidal et son homologue. Dans ce chapitre, il est mentionné : “Jusqu'au dixième anniversaire de la date des présentes, Grupo Vilar Mir s'engage à ce que la société préserve le niveau général d'emploi existant à la date des présentes, sous réserve que la société ne sera pas tenue de recruter des remplaçants pour les employés décédés ou qui auront quitté leur emploi du fait de départ à la retraite, démission ou licenciement disciplinaire en conformité avec le droit algérien du travail.” Un peu plus d'une année après la cession de Fertial aux Espagnols, le 4 août 2005, les syndicalistes enregistrent leur première déception. Appréhensions En effet, le 9 octobre 2006, le syndicat d'entreprise informait le président du directoire SGP Somines de ce qu'il estime être le non-respect des clauses du contrat. “Nous tenons à porter à votre connaissance le non-respect par notre employeur des clauses du pacte d'actionnaires en matière d'emploi (plus précisément, l'effectif des CDD), lequel stipule le maintien du niveau général d'emploi existant à la date des présentes. Or, depuis le 4 août à ce jour, une centaine de CDD n'ont pas été reconduits dans leur poste de travail. Ils se trouvent actuellement au chômage, malgré plusieurs années passées au service de l'entreprise.” Cette réaction du syndicat perturbe quelque peu la recomposition du paysage socioprofessionnel tel qu'entamée, en catimini selon les syndicalistes, par le partenaire espagnol. Perturbe, est peu dire à l'écoute de la dénonciation écrite des mêmes syndicalistes quant à la vente de la ferraille, la cession à titre gracieux de 25.000 t de déchets d'engrais, de la vente de sachets d'emballage en plastique et de la réduction des effectifs CDD. En s'interrogeant sur la destination prise par la recette des ventes dénoncées, le secrétaire général du syndicat lance un pavé dans la mare. “Où va cette manne d'argent produite par ces ventes ? Des informations en notre possession nous révèlent que le bilan de la plateforme Annaba est négatif, conséquence de différences générées par les bilans produits et pièces de rechange”, a-t-il souligné dans sa correspondance adressée au président de la SGP le 12 août 2006. Plus grave, le 6 novembre 2006, il accuse les Espagnols d'être en contradiction avec les dispositions de l'ordonnance n°95/22 du 26 août 1995, définissant la finalité des opérations de privatisation. Selon les syndicalistes, GVM aurait procédé à l'arrêt des unités de production d'engrais NPK/SSP/UAN Annaba, celle des engrais azotés Annaba et Arzew et le non-renouvellement des CDD. “La seule préoccupation de l'employeur en cette période étant la production de l'ammoniac avec 3 unités (1 à Annaba et 2 à Arzew) vu que le prix de vente de cette matière a franchi le cap des 300 dollars (le prix de revient ne dépasse pas les 90 dollars) et un prix d'achat gaz des plus bas au monde, générant une manne financière exceptionnelle”, précise M. Chouala, le secrétaire général du conseil syndical de l'entreprise. Ce que dément M. José Maria Estruch, le directeur général de Fertial. Lors d'un récent entretien accordé à notre journal, il avait affirmé que la rénovation totale ou partielle des équipements de production est prévue à Annaba et Arzew. Il avait même précisé qu'une enveloppe financière de 168 millions de dollars devait être engagée. “Nous envisageons également la réalisation d'une nouvelle unité de production d'ammoniac de 1.100.000 t/j pour un montant de 460 millions de dollars. Ceci ne nous empêche pas de veiller à maintenir les autres capacités de production en bon état de marche en veillant au strict respect des normes d'utilisations”, avait-il dit comme pour réduire à néant les appréhensions de son partenaire social sur la question de la réhabilitation et la modernisation des installations. En ce qui concerne les effectifs, tout en soulignant sa parfaite entente avec les syndicalistes, le directeur général de Fertial avait souligné : “Les effectifs dépassaient largement les normes de production. C'est un problème que nous avons pris en charge avec notre partenaire social, avec lequel nous nous entendons bien. Nous avons, vaille qui vaille, maintenu l'ensemble des travailleurs à leur poste de travail.”