Devant plus de 15 000 convives, installés sur des centaines de tapis étalés dans le lit de l'oued Guemgouma, un quartier populeux et populaire de Metlili, à 45 km au sud de Ghardaïa, cinquante-huit jeunes hommes ont définitivement abandonné le célibat, convolant en justes noces en cette fraîche nuit automnale de vendredi à samedi. Des centaines de convives sont venus de lointaines régions, dont Adrar, El Bayadh, Laghouat, Djelfa, Tlemcen, pour assister à cette cérémonie, au cours de laquelle 22 enfants, issus de familles défavorisées ont été circoncis par un médecin volontaire. L'invité de marque de cette cérémonie est un enfant de 8 ans. Il a largement ravi la vedette aux jeunes nouveaux mariés. Lui, c'est le jeune Abderrahmane Farah, le plus jeune enfant à avoir lu et appris intégralement le Coran. C'est lui qui a représenté l'année dernière l'Algérie au concours international de récitation du Coran aux Emirats arabes unis, remportant le 1er prix. Entièrement financée par des bienfaiteurs et organisée dans un climat festif par l'association caritative et religieuse locale Cheikh Sidi Mohamed Belekbir, un vénéré saint dont la zaouïa à Adrar a rayonné depuis de longues années jusqu'aux confins des pays sahéliens, et coïncidant avec le dix-septième anniversaire de son décès, la cérémonie de mariage collectif s'est déroulée dans la pure tradition ancestrale de la région. Après le rituel dîner du mariage, couscous garni de viande de chamelon, la tradition ancestrale de la région veut que les futurs mariés, accompagnés de leurs vizirs (aides de camp) et munis d'effets vestimentaires de circonstance, s'installent devant les invités sur une estrade aménagée pour la circonstance pour l'ultime cérémonie d'habillage du nouveau marié. Chaque nouveau marié est habillé par un vizir choisi au préalable par sa famille, devant l'assistance qui fredonne des chants religieux, ainsi que des louanges et panégyriques à Allah et le Prophète Mohamed (QSSSL). Une cérémonie d'habillage similaire, réservée exclusivement aux femmes, est également organisée parallèlement chez les futures épouses. Lors de cette cérémonie, 11 jeunes, ayant appris le Coran intégralement, ont été honorés et ont reçu des cadeaux. Des prêches portant sur les vertus du mariage dans la consécration des valeurs de stabilité et de la solidarité sociale, ainsi que le rôle du couple dans la consolidation de la société musulmane, sont prononcés durant la cérémonie de mariage par des imams. A la fin de la cérémonie, les mariés, parés de leurs superbes tenues traditionnelles, sont alors déposés au seuil de leur porte par des amis, rejoignant ainsi leur dulcinée pour une nouvelle vie de couple, alors que la foule se disperse dans une joyeuse cacophonie nocturne. Selon l'un des organisateurs de cette cérémonie, «il faut du temps et de la patience pour réussir de telles cérémonies. En effet, les préparatifs prennent plusieurs semaines, voire des mois, pour, d'une part, assurer toute l'intendance, et d'autre part, préparer les jeunes mariés à leur nouvelle vie conjugale». Sur la portée de ce genre de cérémonie, il précise : «Cet événement constitue une occasion pour promouvoir et enraciner les valeurs de solidarité et de cohésion sociale au sien de notre société.» D'ailleurs, ajoute-t-il, «l'objectif escompté à travers ce type d'événement est d'encourager et d'aider les jeunes en situation précaire à sauter le pas en fondant un foyer».