Les différents concessionnaires qui attendent depuis avril, le mois de dépôt de leurs dossiers dans l'espoir d'avoir un quota à importer pour relancer leurs activités pour l'exercice 2017, risquent de voir encore leur situation se compliquer davantage. Et pour cause, à moins d'un miracle, il n'y aura pas de licences d'importation de véhicules cette année. Comme il y a des usines de montage qui ont commencé à produire, et vu la crise financière du pays, le gouvernement ne va pas autoriser l'importation de véhicules. Le ministre du Commerce, Mohamed Benmeradi, l'a clairement sous-entendu la semaine dernière en déclarant que «nous n'avons pas encore tranché cette question de libérer ou pas les licences d'importation des véhicules pour l'année 2017». Ceci, en prenant le soin d'ailleurs de mettre en avant «la production locale», des usines d'Oran (Renault), de Tiaret (TMC) et de Relizane (Sovac), qu'il évaluait à 100 000 véhicules cette année. Une déclaration qui met fin à l'espoir des entreprises activant dans le secteur de pouvoir relancer leurs activités. Cela, même si le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, les rassure par «le maintien du système des quotas et licences d'importation» pour les années à venir, estimant juste que «cette politique nécessite d'être affinée». Cependant, si cette situation pénalise dans un degré moindre les propriétaires d'usines de montage en Algérie, la non-attribution de quotas pour beaucoup d'autres entreprises du secteur est synonyme d'année blanche. Déjà asphyxiés par une crise qui perdure depuis 2014 et qui les a poussés à opérer à des compressions de leurs effectifs, certains distributeurs de marques de véhicules qui ont pu encore rester debout grâce à leur activité de l'après-vente risquent de disparaître à jamais du paysage automobile. Autant dire que la situation du marché de l'automobile devient intenable pour les professionnels du secteur. Et l'association des concessionnaires et constructeurs automobile, l'AC2A, n'a d'ailleurs pas omis de tirer une nouvelle fois la sonnette d'alarme. Ainsi, dans un courrier qu'elle a transmis aux ministères de l'Industrie et du Commerce, l'AC2A décrit «une situation catastrophique» dans le secteur de l'automobile. Se disant «très affectée» par cette situation, l'association que préside Sefiane Hesnaoui déplore le flou qui entoure les périodes d'attribution des quotas mais aussi aux volumes attendus. «Cette décision plonge nos entreprises dans une situation précaire inédite. Au-delà de nos propres intérêts, ce sont des dizaines de milliers d'emplois et des centaines d'entreprises qui sont touchés. En effet, l'ensemble de notre réseau de distribution est impacté et malheureusement nous ne pouvons qu'assister à la fermeture continue de nos entreprises», regrette l'AC2A. L'association accuse le gouvernement de manquer à ses engagements au sujet de «l'octroi des autorisations pour le développement de projets industriels là où plusieurs concessionnaires attendent toujours une suite après avoir déposé leurs dossiers». «Les orientations industrielles, légitimes, auxquelles nous nous devions de souscrire, n'ont, pour la majorité, pas été autorisées, alors que des investissements importants ont été consentis», déplore l'AC2A, en mettant en garde contre les conséquences de ce blocage sur l'emploi et les entreprises. L'association, qui regroupe une quarantaine de concessionnaires automobiles, craint que «la situation de blocage actuelle aura pour conséquence de nous obliger à fermer définitivement nos entreprises. Sans oublier l'impact négatif pour nos clients et notamment la notion de service après-vente et de garantie».