Installé, depuis le 17 octobre dernier, comme directeur régional d'Air France en Algérie, en remplacement de Bruno Grégoire, Jean-François Fauveau a occupé le poste de délégué régional de la compagnie aérienne française aux Philippines, en Corée, en Thaïlande et en Martinique. Dans cet entretien, il livre ses impressions sur des questions inhérentes au transport aérien, en général, et à la ligne Paris-Alger qui fêtera, le 7 avril 2007, ses 60 ans. En mars dernier, votre compagnie avait lancé sa troisième fréquence quotidienne d'Alger vers Paris Charles de Gaulle (CDG). Quel bilan en faites-vous, moins d'une année après, et son apport pour la compagnie, notamment pour les longues distances ? Cette ligne apporte beaucoup pour l'Algérie et pour Air France aussi. Elle permet l'accès au premier hub européen pour le transport aérien, sachant que le CDG est de loin le premier hub européen depuis 7 à 8 ans. C'est un ensemble de correspondance sur 225 destinations pour 150 pays, et le CDG représente une réelle ouverture pour l'Algérie sur le monde. Pour Air France, cette ligne apporte beaucoup, puisqu'elle permet de drainer, à partir d'Alger et vers Alger, toute une clientèle internationale, européenne, mais aussi américaine, chinoise et autres. Cette ligne a permis, en partie, de contribuer à notre progression en termes de chiffres d'affaires puisque le résultat est en hausse de 48% par rapport à l'année 2005 sur la ligne d'Alger. Les lignes Marseille et Orly ont continué à progresser aussi, mais incontestablement, le CDG a beaucoup tiré. Un peu moins pour Marseille, je l'avoue. Pour cette ligne, c'est d'abord une clientèle plus orientée vers le loisir et touristique dans les deux sens. Donc, c'est moins ce qui représente le fonds de commerce de la compagnie, c'est-à-dire une clientèle dite de haute contribution, à savoir hommes d'affaires, business, administration, etc. Parce que la clientèle affaire est d'abord intéressée par notre réseau, ensuite la ponctualité. En termes de ponctualité, nous avons d'excellents résultats sur Alger puisque nous sommes à 82%, soit un taux au-dessus de la moyenne européenne pour le réseau Air France, et sachant qu'Air France est sur le podium des meilleures compagnies en termes de ponctualité. Il y a aussi notre programme de fidélisation et bien évidemment la sécurité. Peut-on avoir le nombre d'adhérents algériens suite à votre campagne d'adhésion pour le programme de fidélisation Flying blue ? Nous n'avons pas de chiffres spécifiquement pour la clientèle algérienne, mais nous communiquons au niveau mondial. Le programme Flying blue est à 10 millions d'adhérents, et avec le nouveau programme, nous avons pu, à fin septembre, avoir 500.000 nouveaux adhérents. Il n'y a pas de décompte par pays. C'est pour ce que nous n'avons pas de bilan spécifique pour l'Algérie. Ce que nous pouvons dire, par contre, c'est que la progression est énorme. Vous avez parlé de progression du chiffre d'affaires pour la ligne d'Alger. Peut-on avoir le montant de ce chiffre pour cette année ? On ne peut vous donner le chiffre d'affaires, mais plutôt le taux de progression. Nous avons enregistré plus de 24% de progression en termes de sièges offerts, par rapport à l'année 2005, et 48% de plus en termes de résultat. Le ministre des Transports a confirmé, récemment, l'ouverture de la ligne aérienne Alger-Montréal. Qu'en pensez-vous ? Il y a un gros courant de trafic entre le Canada et l'Algérie. Il y a une importante communauté algérienne là-bas et beaucoup d'échanges avec les Canadiens. Je dirais simplement bienvenue à la concurrence. Pour Air France, cette ligne est importante, mais elle passe par la plateforme multidestinations de CDG à Paris, puisque, pour nous, ce n'est pas uniquement Montréal qui nous intéresse, mais aussi la Chine, avec le nombre de Chinois qu'il y a ici en Algérie. C'est aussi le Japon, avec leur participation à l'autoroute Est-Ouest. Il y a bien entendu le trafic européen de manière générale. Pour le Canada, nous avons deux vols quotidiens CDG-Montréal, pour le programme d'hiver, et pour l'été, nous passerons à trois vols quotidiens. Mais Air France peut-elle offrir des tarifs concurrentiels par rapport à ceux que pratiquera Air Algérie sur des vols sans escales entre Alger et Montréal ? Nos tarifs vers le Canada sont extrêmement concurrentiels. Alger-Paris-Montréal est à 97.000 DA. Ce sont nos meilleurs prix, et encore une fois, bienvenue à la concurrence. Mais il faut savoir que nous avons des vols avec des avions de dernière génération d'Air France, soit des 747-700 ou des 777. Ce sont des prix très “classes” que ce soit pour la classe première ou la classe affaire, avec toutes les commodités qui vont avec les besoins d'une clientèle soucieuse d'efficacité, de modernité, mais aussi de plaisir et de tranquillité. Nous avons un salon à Montréal qui est de toute première importance, puisque c'est un des tous derniers salons, avec tout le confort qui va avec. Donc, bienvenue à la concurrence, mais nous sommes sûrs de nous en termes de qualité, de produits et de régularité. Qu'en est-il de la compagnie Air France Soleil que compte lancer votre compagnie pour l'été 2007 ? Pour le moment, c'est au stade de projet. Ce sont des informations très conditionnelles. De quoi s'agit-il en fait ? Compte tenu de la croissance du marché loisirs et afin de répondre à la demande des professionnels du tourisme français, le groupe Air France KLM étudie le développement de nouvelles activités de sa filiale transavia.com à partir de la France. Il y a, semble-t-il, de la place pour une compagnie à la fois régulière et non régulière, sur les destinations moyens courriers et les destinations “soleil” qui sont en premier temps l'Espagne, le Maroc, la Tunisie et puis d'autres destinations après. Ce sont des vols à la demande et en fonction des besoins. Alger ne figure pas encore sur ses dessertes, mais rien ne s'y opposera à l'avenir, car c'est un pays qui a un potentiel touristique fabuleux. Des mesures de sécurité draconiennes conjuguées à la hausse des prix du pétrole font grimper les prix des billets. Comment compte faire Air France face à ces nouvelles donnes ? L'Algérie offre au transport aérien en général et à Air France en particulier un outil extraordinaire qu'est le nouvel aéroport. On se précipite vers les mauvaises nouvelles, mais il y a aussi heureusement de bonnes nouvelles. Et celle-là est une très bonne nouvelle. Nous avons désormais un aéroport extrêmement opérationnel. C'est un point que je voulais souligner tout d'abord. Maintenant, en matière de sécurité, la commission européenne, et non Air France, a décidé un certain nombre de mesures précautionneuses afin d'éviter tous les risques inhérents notamment au transport de liquides dans les cabines et autres mesures rendues publiques. Des mesures, faut-il le rappeler, qui concerneront uniquement les passagers en correspondance, et les passagers au départ de l'Europe vers toutes les destinations. C'est vrai que c'est un peu plus de gestion de queues et d'informations, et surtout il a fallu beaucoup informer la clientèle, c'est ce que nous avons fait, même si tout le monde ne l'a pas fait. Au final, ça se passe très très bien et il n'y a pas eu de surcoûts de ce côté-là. En termes de prix, nous faisons de gros efforts et nous sommes à des prix qui s'échelonnent entre 33.000 DA et 50.000 DA, selon la période et les conditions de voyages, bien entendu. Et plus le prix du pétrole diminue, puisque nous sommes dans une tendance baissière, le client à l'heureux avantage de voir le prix de son billet diminuer. Maintenant, en termes de projets, nous ne sommes pas à court, puisqu'il y a des choses que nous pouvons faire assez rapidement, notamment plus de facilités d'achat et de service. Nous sommes la seule compagnie étrangère à avoir un site internet d'informations sur le plan local, et qui devra devenir assez rapidement un site vendeur. D'autre part, nous venons d'installer à Alger un système d'enregistrement qui nous permettra très prochainement, soit à partir de janvier 2007, de passer au billet électronique. Donc, ce ne sont pas des projets pour plus de facilités et de fluidités pour nos clients qui manquent. Air France est-elle intéressée par une prise de participation dans le capital d'Air Algérie, et éventuellement la création d'une compagnie pour les lignes domestiques en Algérie ? Air France n'a pas vocation à entrer dans le capital de ses concurrents, ou créer une compagnie spéciale pour les lignes domestiques dans un pays. Air France est un réseau qui part de France vers les autres destinations. Donc, nous ne sommes pas concernés par ces deux éventualités. Nous avons nos métiers que nous essayons de pratiquer convenablement. Il est utile pour ce de préciser qu'Air France/KLM avec ses 565 avions en exploitation et ses 102.000 salariés est leader mondial en chiffres d'affaires, en parts de marché et en transport de fret.
