Le développement n'arrive pas dans cette localité, qui a été durement touchée par le terrorisme durant la décennie sanglante. Le phénomène de l'exode rural prend une ampleur inquiétante dans la wilaya de Bouira. Le fléau touche essentiellement les communes rurales, dépourvues de ressources et de moyens pouvant garantir et assurer un cadre de vie décent aux villageois. Dans la municipalité de Zbarbar, à plus de 50 km au nord-ouest de Bouira, les hameaux se vident d'une manière constante. La politique de l'Etat visant la «fixation» des populations locales n'a pas donné ses fruits dans cette région lourdement touchée par le terrorisme. La misère et la détresse constituent le lot quotidien des familles. «L'Etat nous a oubliés après des années passées sous le diktat des groupes armés». Ce sont les mots de Rachid, 45 ans, résidant la localité de Thaâlba, sur les hauteurs du chef-lieu communal de Zbarbar. Cet ancien patriote, qui nous a accompagnés lors de notre périple dans la région, se remémore, non sans une certaine douleur, cette période et ses séquelles ineffaçables. Le village, qui abritait dans le passé une centaine de familles, est déserté. Pendant la décennie noire, beaucoup de citoyens ont abandonné leurs terres et leurs foyers pour aller s'entasser dans des taudis dans la banlieue d'Alger. Même avec le retour de la paix, des dizaines de familles demeurent encore dans ces périphéries algéroises, après avoir bradé et vendu, pendant les années de terrorisme, tous leurs biens. A Zbarbar, les commodités vitales manquent cruellement. La moitié de la population n'a toujours pas regagné ses terres. A Ouled Gacem, tout comme à Bsibsa, deux importantes localités englobant quelque 6000 âmes, la misère est maître des lieux. «Les deux localités sont dépourvues de tout. Les villageois endurent depuis des années le manque d'eau et de gaz, a déploré un sexagénaire, regrettant le manque de structures de jeunes et de soins. «Ce sont les Patriotes, GLD et forces de sécurité qui ont donné leur vie pour que des familles puissent y retourner après des années passées loin de leurs terres», dit avec beaucoup de fierté un fonctionnaire à l'APC, tout en posant sa main sur l'épaule de Rachid. «Ce sont ces braves citoyens, militaires, patriotes et gardes communaux qui se sont sacrifiés pour que notre région retrouve sa sérénité», a-t-il ajouté. Les villageois ont dénoncé aussi le peu de projets réalisés dans cette commune isolée. «Ils ont réalisé un grand barrage d'eau, Koudiat Acerdoune (680 millions de mètres cubes) qui alimente en eau potable six wilayas du centre du pays, mais sans pour autant raccorder nos foyers», a-t-il regretté. Les autorités locales ont dégagé en avril dernier une enveloppe de 2 milliards de centimes pour le financement d'un plan de désenclavement au profit de trois villages de la commune de Zbarbar. Les opérations de réfection des pistes, du raccordement des foyers au réseau d'eau potable et quelques aménagements ne sont pas achevés. Dans cette région de haute montagne, privée de ressources, les villageois continuent de pratiquer certaines cultures maraîchères, et ce, malgré l'état du sol, rarement travaillé, et de son relief accidenté. A Zbarbar, les jeunes avec qui nous nous sommes entretenus se plaignent d'un chômage endémique et surtout de l'enclavement de leurs villages. Les structures de santé sont quasiment inexistantes. Les établissements éducatifs sont dépourvus de commodités. Les cantines scolaires sont fermées. Durant la période hivernale, les potaches sont scolarisés dans des conditions déplorables. Les salles de classes ne sont pas chauffées et le transport scolaire fait énormément défaut.