Des milliers de personnes ont manifesté hier à Madrid pour défendre l'unité de l'Espagne et dire « non » par conséquent au référendum d'autodétermination convoqué pour aujourd'hui par les indépendantistes de Catalogne en dépit de l'interdiction de l'Etat. Les manifestants se sont retrouvés sur la place de Cibeles, au cœur de la capitale, à l'appel d'un collectif conservateur, la Fondation pour la défense de la nation espagnole (Denaes). Brandissant le drapeau espagnole ou le portant comme une cape sur les épaules, ils criaient «la Catalogne fait partie de l'Espagne ». Des militants favorables à l'organisation du référendum d'autodétermination par le gouvernement indépendantiste catalan et interdit par la Cour Constitutionnelle espagnole ont commencé vendredi soir à occuper des écoles qui doivent servir de bureaux de vote pour garantir le scrutin. Le gouvernement espagnol a réaffirmé vendredi que la consultation prévue par le gouvernement catalan dimanche prochain, est « illégale et manque de garanties démocratiques », alors que de l'autre côté, les responsables indépendantistes ont souligné qu'il y'a d'autres alternatives si le vote venait à être empêché. Des bureaux de vote sous scellés En attendant, la police a mis sous scellés plus de la moitié des 2.300 bureaux de vote en Catalogne. « Sur les 2.315 bureaux de vote (...) 1.300 ont déjà été mis sous scellés » par la police catalane, a expliqué hier à la presse le représentant du gouvernement espagnol en Catalogne, le préfet Enric Millo. Il a précisé que 163 de ces bureaux sous scellés étaient occupés par des activistes, qui ont le droit de sortir, mais que personne n'avait plus le droit d'y pénétrer. La justice espagnole a ordonné la fermeture des écoles et autres locaux pouvant être utilisés pour accueillir la consultation interdite. Elle a aussi ordonné à la police régionale, les Mossos d'Esquadra, de surveiller l'entrée de tout matériel électoral et de le confisquer au besoin. Depuis que des groupes de citoyens se sont mis à occuper vendredi soir des bureaux de vote, essentiellement des écoles, pour empêcher leur fermeture, les Mossos leur rendent visite pour les informer qu'ils devront en sortir avant 4H00 GMT ce dimanche. Les policiers ont néanmoins reçu l'ordre de ne pas recourir à la force. Les personnes qui se trouvent dans les bureaux déjà scellés «sont invitées à sortir», «nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire» de les expulser, a précisé M. Millo.
Le PSOE, « soutient-critique » de l'Etat De son coté, le leader du parti socialiste espagnol, Pedro Sanchez a appelé hier au calme et reproché au parti au pouvoir, le parti populaire, son immobilisme qui a conduit à « la régression de la démocratie en Catalogne et dans toute l'Espagne ». Le secrétaire général du PSOE a déploré que ceux qui veulent déclarer une république indépendante en Catalogne « violent le premier principe du républicanisme, qui est la règle de droit car », a-t-il précisé, « il n'y a pas de démocratie unilatérale », tout en reprochant au parti populaire son « immobilisme depuis six ans ». « Si la politique n'était que la loi, ce seraient les juges qui gouverneraient », a-t-il souligné en lui rappelant que lorsque le PSOE « avait quitté le gouvernement en 2011, en pleine crise d'indépendance de la Catalogne, le mouvement séparatiste représentait seulement 15 pour cent alors qu'il dépasse actuellement les 40 pour cent ». Néanmoins, a-t-il assuré, « le PSOE est avec l'Etat, malgré ce gouvernement, qui n'a pas écouté la Catalogne et les nombreux non-indépendantistes qui ont revendiqué une nouvelle réforme de la constitution espagnole afin de la moderniser », avant d'appeler au calme pour la journée d'aujourd'hui qui sera selon lui « une journée unique dans l'histoire de l'Espagne » et d'ajouter que le 2 octobre doit être « un jour de réflexion et de dialogue pour rechercher des solutions à la Catalogne ». Les indépendantistes mobilisés En Catalogne, les indépendantistes continuaient à se mobiliser et à afficher leur détermination d'aller jusqu'au bout en organisant le référendum. « Tout est bon pour occuper ces lieux (les écoles, Ndlr) pendant le week-end et les garder ouvertes par crainte qu'ils soient scellés par les forces de sécurité. Les parents d'élèves et étudiants et autres personnes favorables au référendum ont organisé des projections de film, des activités sportives, des activités culturelles et même des travaux de maintenance en enlevant les portes des écoles comme à Lleida et Gérone et dans d'autres localités catalanes », ont rapporté des médias espagnols. Le président du gouvernement autonome de catalogne, Carles Puigdemont qui clôturait vendredi soir « la campagne des indépendantistes » à Barcelone en présence de hauts responsables catalans et des représentants de partis sécessionnistes a indiqué devant des milliers de personnes que « les peurs, les menaces, les pressions, les mensonges et les intimidations ont été surmontées ». Il a en outre assuré que ce dimanche sera « la victoire définitive pour commencer les progrès social, économique, culturel en Catalogne ». « Ce qui a été un rêve, nous l'avons à portée de main, et dimanche, nous avons un rendez-vous avec l'avenir », a-t-il conclu.