Près de 145 000 contrats de travail des différentes formules de préemploi ont été résiliés ou non renouvelés. C'est donc un grand nombre de travailleurs remis au chômage durant les deux années 2016 et 2017, souligne notre interlocuteur, relevant l'incohérence du discours des hauts responsables du pays, qui, publiquement, promettent de préserver l'emploi, et dont la pratique est toute autre sur le terrain.» Le syndicat qui a rejoint les rangs de l'intersyndicale pour défendre les acquis des travailleurs dénonce le fait que «ce sont les travailleurs, déjà dans la précarité, qui sont sacrifiés, sans aucune indemnité». Les formules de l'emploi concernées sont notamment, celles du filet social et du préemploi, concentrées essentiellement dans le secteur des communes, de l'administration publique et dans la santé. «Ces licenciements masqués ne sont pas justifiés du moment que le gouvernement parle, il y a deux mois, de nouveaux recrutements à la rentrée. Des solutions existent pourtant pour préserver l'emploi des fonctionnaires sacrifiés, pour peu qu'il y ait une volonté politique», fulmine le président de la coordination. «Il y a des milliers de cas qui ont passé toute leur carrière dans ces formules précaires, comme ceux employés en 1991 dans les secteurs des communes et dont l'intégration est reportée à chaque fois», dénonce M. Osmane. Universitaires ou titulaires de diplômes de la formation professionnelle, les travailleurs du filet social ou du préemploi touchent des salaires «de misère», n'atteignant même pas la moitié du SNMG. Les plus chanceux sont ceux placés dans le cadre du dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP), affectés généralement au secteur privé. La maigre contribution de l'employeur dans le salaire injecté par l'Etat permet d'atteindre les 18 000 DA. Les responsables de plusieurs services employant sous cette formule ont été destinataires de circulaires leur signifiant de ne lus renouveler les contrats expirés ou tout simplement de résilier ceux encore en validité, souligne M. Osmane. A la précarité des conditions de travail, s'ajoute le flou caractérisant les contrats, déplore le président du syndicat. «Les contrats régissant la relation de travail échappent totalement aux dispositions du code du travail. L'employeur, qui est la plupart du temps l'Etat, dispose de la marge nécessaire pour rompre la relation avec son employé sans aucune explication, sans délai ni indemnisation, et sans passer par les procédures imposées quand il s'agit d'un contrat de travail ordinaire», souligne le syndicaliste. Selon Yamina Maghraoui, secrétaire nationale au Snapap-Cgata (Confédération générale des travailleurs algériens), 500 résiliations de contrats ont été signalées en 2017 à Sidi Bel Abbès, d'autres dont le nombre n'est pas encore identifié ont été signalés à Sétif et dans la capitale. «Si les travailleurs du préemploi ont bénéficié des procédures de renouvellement de leurs contrats, il y a quelques années, la mauvaise gestion de dossier coûtera à ces travailleurs majoritairement universitaires plusieurs années de leur vie», déplore Mme Maghraoui, rappelant qu'en plus du maigre salaire versé en contrepartie d'un travail réel et un poste effectivement occupé, ces travailleurs ne bénéficient pas de retraite. La plupart des personnels touchés ont plus de 40 ans et occupent des postes dans les services des passeports ou cartes grises, pourtant actuellement en manque d'effectifs. Les syndicats ayant mené des actions de protestation proposent le gel des concours de nouveaux recrutements et l'intégration des effectifs déjà sur le terrain. Pour ce faire, une action de protestation se prépare. «Nous ne paierons pas la facture de la mauvaise gestion», indique la coordination précitée, expliquant que son syndicat est en train de préparer une vaste action de rue, «même si la répression des actions au niveau de la capitale rend les choses très difficiles».