La première dame du Parti des travailleurs (PT) s'est interrogée sur les visées réelles du gouvernement qui propose des solutions faciles pour la crise aiguë qui secoue le pays. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, est très inquiète. Elle ne comprend pas pourquoi le gouvernement décide de revoir la loi sur les hydrocarbures et pourquoi il fait le rapprochement entre ce projet et l'exploitation du gaz de schiste. Hier, à l'entame de la réunion du bureau politique du PT, la première dame du parti s'est interrogée sur les visées réelles du gouvernement qui propose des solutions faciles pour la crise aiguë qui secoue le pays. «Le Premier ministre annonce la révision de la loi sur les hydrocarbures et déplore le fait que l'on se comporte comme un escargot. Ces propos sont inquiétants. Nous savons tous que l'Algérie n'est pas renfermée sur elle-même. Elle est non seulement ouverte, mais mieux, elle s'est même inclinée devant les investisseurs étrangers», lâche Louisa Hanoune qui craint que la révision de la loi sur les hydrocarbures portera sur la disposition relative à la taxe des superprofits. «Pourquoi réviser la Loi sur les hydrocarbures ? Pour supprimer les nationalisations, principal acquis de l'indépendance du pays ? Est-ce que l'objectif est de supprimer la règle du 51/49 ?» s'est-elle demandé. Louisa Hanoune pense que cette révision risque de remettre en cause la prééminence de Sonatrach et menace même son existence, si elle n'est pas protégée par la règle de 51/49. A cet effet, le patronne du PT a rappelé la mobilisation de son parti contre la loi sur les hydrocarbures de 2005 portée à l'époque par Chakib Khelil. «La majorité ne permettra pas la destruction ou l'abandon de la nationalisation du secteur des hydrocarbures et notre parti ne restera pas les bras croisés», a-t-elle averti. Dans la foulée, elle s'est dite intriguée par l'annonce du chef de l'Exécutif concernant le gaz de schiste. «Au PT, nous estimons que le gaz de schiste est une richesse nationale, mais si nous le lions à la révision de la loi sur les hydrocarbures, nos appréhensions augmentent», tranche Mme Hanoune, qui s'est attardée, dans son exposé, sur le contenu du plan d'action du gouvernement. Une feuille de route qu'elle assimile à «une fuite en avant» et un danger pour la pérennité du pays, dès lors qu'elle approfondit la politique de l'austérité et porte un coup à son immunité. Le PT, dit-elle, soutient l'impôt sur la fortune, mais «détecte» l'absence de volonté pour faire aboutir cette décision. «Comment et quand l'Etat compte-t-il appliquer ce procédé ? Quel est le seuil ? Est-ce que le gouvernement va évaluer les fortunes qui sont à l'étranger ?» Absence de vision prospective «Si le gouvernement voulait réellement s'attaquer à l'impôt sur la fortune, il n'avait pas besoin dans ce cas de recourir à la planche à billets», note Mme Hanoune qui, dans une allusion au limogeage de Abdelmadjid Tebboune, a précisé que sa venue a suscité de l'espoir parmi les Algériens. «La parenthèse qui a été ouverte après le 4 mai a été fermée définitivement après l'adoption du plan d'action. Tous les espoirs ont été détruits, surtout en ce qui concerne la séparation entre l'argent et la politique, la récupération de l'argent public…», a-t-elle assuré. Louisa Hanoune a démonté les arguments avancés par le Premier ministre pour justifier le recours au financement interne non conventionnel. «Il y a une absence totale de vision prospective et de stratégie de la part de nos responsables», accuse la patronne du PT qui a aussi critiqué les mesures de l'avant-projet de Loi de finances pour 2018, dont l'augmentation du prix du carburant. Elle tire la sonnette d'alarme, car «le chômage demeure une bombe à retardement et les signes de la misère sont maintenant apparents», prévient l'intervenante qui s'en est pris aux différents gouvernements et à leurs décisions contradictoires. «Les gouvernements successifs disent qu'ils appliquent le programme du Président. Maintenant, ça suffit ! Qu'ils cessent de se cacher derrière le programme du Président pour faire passer les politiques les plus horribles», s'offusque Mme Hanoune. Abordant les prochaines élections locales, la leader du PT a évoqué une multitude de problèmes et des dépassements rencontrés lors de la confection des listes. «Durant cette première étape, nous avons assisté à des pratiques horribles qui confirment la dérive du 4 mai, c'était une guerre de décomposition, contre la démocratie du mandat, la démocratie communale, contre le multipartisme, contre l'Etat», dénonce la SG du PT précisant que le 24 septembre à minuit, date de dépôt des listes de candidatures, aucun parti politique n'a pu couvrir les 1541 communes, mais le lendemain ils apprennent que le FLN et le RND ont présenté des listes dans toutes les communes. «Nous n'avions aucune illusion, lorsque nous avons décidé de prendre part à ce scrutin, mais comme nous sommes un parti légaliste et nous voulons rester légal, nous y participons pour mobiliser les citoyens», note Mme Hanoune.