Principal parti ayant demandé l'instauration d'un impôt sur la fortune, le Parti des travailleurs (PT) veut des détails sur cette mesure annoncée il y a quelques jours par le Premier ministre, Ahmed Ouyahia. La secrétaire général du PT, Louisa Hanoune, qui intervenait hier à l'ouverture d'une réunion du bureau politique de sa formation, a affirmé qu'elle soutient cette mesure. «Mais quand, comment et quel seuil ?», s'est-elle cependant interrogée. Selon M. Ouyahia, l'impôt sur la fortune sera instauré dans le projet de loi de finances pour 2018, précisant que 90% des Algériens ne seront pas concernés car le barème est placé très haut. L'annonce et la précision de M. Ouyahia n'est pas pour rassurer la patronne du PT. Mme Hanoune n'a pas manqué, en effet, de se demander si «le gouvernement a vraiment la volonté d'appliquer cette mesure et d'évaluer les fortunes détenues par des Algériens à l'étranger». En tout cas, elle estime, en se basant sur les conclusions des experts, que si le gouvernement fixe le taux de l'impôt sur la fortune à 2%, «cela équivaudrait à 20% du recours à la planche à billets pendant 5 ans». «Avec cet impôt, le gouvernement n'a pas besoin du financement non conventionnel», a-t-elle soutenu, qualifiant le recours à la planche à billet de «grande aventure pour le pays». Abordant la révision de la loi sur les hydrocarbures annoncée par le Premier ministre, l'oratrice s'est dite très «inquiète» par la question, craignant d'autres concessions aux multinationales. «Pourquoi réviser la loi sur les hydrocarbures ? S'agit-il de la suppression de la règle du 51/49 ? Ou s'agit-il de la suppression des nationalisations ?» s'est-elle interrogée, tout en estimant que l'amendement le plus important prévu concerne la disposition relative à la taxe des superprofits. La patronne du PT a ajouté que les appréhensions du PT augmentent si l'annonce de l'exploitation du gaz de schiste est liée au projet de révision de la loi sur les hydrocarbures. Elle craint d'hypothéquer le sous- sol algérien et de le livrer à la merci des puissances étrangères. «Le gouvernement ne veut pas chercher des solutions sérieuses qui peuvent sortir le pays de la crise. Il cherche des solutions faciles qui feront sombrer davantage le pays», a-t-elle accusé. Louisa Hanoune a abordé également les élections locales du 23 novembre prochain. Elle a fait savoir que son parti sera présent au niveau de 43 wilayas du pays, précisant qu'il était contraint à la collecte des signatures de parrainage dans 10 wilayas «à cause de la loi électorale de blocage de 2012 qui vise à assurer l'hégémonie de deux partis (FLN et RND, NDLR)». Dans ce sillage, elle a dénoncé la corruption et l'utilisation de l'argent dans la confection des listes de candidats, accusant le FLN et le RND d'avoir acheté des listes préparées par le PT. Selon l'oratrice, une partie des militants de sa formation a refusé de se porter candidats «suite au coup de force du 4 mai dernier (élections législatives)». «Ils refusent de gérer des communes en faillite surtout que les élus locaux n'ont pas de prérogatives pour améliorer les conditions de vie des citoyens», a-t-elle expliqué, ajoutant que les familles refusent d'impliquer leurs filles dans l'opération électorale et la gestion des APC. Surveillance des élections locales: Derbal promet la neutralité Le président de la Haute instance indépendante de surveillance des élections (HIISE), Abdelouaheb Derbal, s'est rendu hier à Souk Ahras et à Guelma où il a insisté sur l'importance de l'assainissement des listes électorales et promet la neutralité de l'institution qu'il dirige. M. Derbal a appelé, à Guelma, à bien examiner les corrections des noms et les cas de décès non déclarés, lors de l'élaboration des listes électorales dans les wilayas. M. Derbal, qui a reçu au siège de la wilaya un exposé de la direction de la régulation et des affaires générales sur les élections des assemblées locales du 23 novembre prochain, a insisté sur la nécessaire radiation de tous les noms dont les porteurs ont procédé à une correction administrative en se basant sur les registres de l'état civil, faute de cela, a-t-il ajouté, le même électeur aura deux cartes de vote, mettant à mal la crédibilité de l'élection. Le président du HIISE a attiré, en outre, l'attention sur que les cas de décès non-déclarés affirmant que les membres de son instance ont relevé dans certaines wilayas des cas de personnes inscrites sur les listes électorales «dépassant de loin 100 ans». «Ces cas doivent être radiés et les porteurs de ces noms peuvent introduire des recours s'ils sont encore en vie», a-t-il affirmé à ce sujet. Plutôt dans la journée, il a insisté sur le rôle de la presse qui représente selon lui, un partenaire essentiel pour créer une «opinion publique saine, loin des surenchères et de la désinformation», à la veille des élections locales. Dans un point de presse animé au siège local de la HIISE, M. Derbal a appelé les médias à expliquer les différentes phases de cette élection pour montrer la finalité du processus électoral. Le président de la HIISE a invité tous les médias écrits, radiophoniques et audiovisuels à s'attacher au professionnalisme et à la neutralité, et à éviter la diffusion de rumeurs en veillant à exercer leur profession dans le respect des règles déontologiques, afin de faire progresser l'action politique honnête. Dans le même contexte, M. Derbal a relevé que tant que l'Administration s'attache à la loi, à la neutralité et à l'article 193 de la Constitution, tant que la HIISE s'attache à l'article 194 de la Constitution et tant que les journalistes s'attachent au code d'honneur de leur profession, "nous serons tous des alliés. La HIISE, a-t-il notamment souligné, veille à «appliquer la loi conformément aux garanties objectives mises en place tout en s'attachant à faire montre de neutralité totale».