Les services de la wilaya de Béjaïa ont rejeté des dossiers de candidatures déposés en prévision des élections locales du 23 novembre prochain. Les motifs officiels se rapportent essentiellement à l'article 79 de la loi organique 16/10 du 25 août 2016 qui édicte les conditions d'éligibilité. Mais plusieurs candidats à la candidature ont été écartés pour des motifs officieux en rapport avec le MAK. Fatah Redjdal, qui mène une liste indépendante (Espoir) dans la commune de Tazmalt, a été surpris de voir son dossier rejeté pour des motifs qui désarçonnent. La direction de la réglementation et de l'administration générale (DRAG) a motivé sa décision en «application des conditions stipulées dans l'article 79» mais aussi, et c'est là la nouveauté, «pour préserver l'ordre public». La loi exige des candidats d'avoir la nationalité algérienne, avoir accompli le service national, être âgé d'au moins 23 ans, et sans condamnation définitive pour crimes et délits privatifs et être inscrit dans sa circonscription électorale. Des conditions que le candidat remplit, affirme son avocat, Me Hamadache, qui a introduit un recours auprès de la justice. «On ne nous précise pas quelle est cette condition non satisfaite», dit, à El Watan, Me Hamadache. «C'est anticonstitutionnel», ajoute-t-il. Un candidat sur la liste APW du PST et 4 autres du RCD (Aokas, Souk El Tenine et Melbou) sont dans la même situation. Leurs dossiers sont rejetés «en application de l'article 79». Parmi les deux candidats du RCD pour l'APC d'Aokas, l'un n'est autre pourtant que le vice-président de l'APC sortant. Dans les «compléments» de dossiers dont dispose l'administration de la DRAG et qui pèsent lourdement dans ses décisions finales de validation ou de rejet, ces candidats à la candidature sont catalogués «makistes». C'est ce à quoi ont conclu les enquêtes des services de sécurité et des renseignements généraux menées sur chacun des candidats en lice. «Il suffit qu'on vous voit avec quelqu'un du MAK pour qu'on vous considère militant makiste», nous dit un militant du RCD. On est convaincu que c'est ce qui est arrivé avec leurs candidats, qui ont, eux aussi, été destinataires d'une décision de rejet avec la mention «pour préserver l'ordre public», qui trahit les conséquences évidentes d'une enquête policière. Au PST aussi, on ne trouve aucune autre explication aux arguments de la DRAG, si ce n'est celle en rapport avec les soupçons d'accointance avec le MAK. Une conclusion dont serait victime aussi le premier de la liste indépendante Espoir de Tazmalt, où on est convaincu qu'il s'agit d'une décision politique, tout comme pour le reste des rejets. Le tribunal administratif est saisi pour examiner des décisions de rejet. Pour cela, il devra prendre connaissance des conclusions des enquêtes policières, bien qu'elles soient pourtant informelles, puisque non exigées par la loi. En attendant le verdict, une marche est prévue aujourd'hui à Tazmalt pour dénoncer «un déni de droit». D'aucuns soupçonnent des manœuvres qui s'enclenchent pour éliminer des concurrents et que l'on a trouvé en le MAK le motif par défaut.