Nombre de dramaturges et artistes gardent du défunt Sirat l'image d'un homme qui avait pleinement vécu sa passion pour le 4e art, dont la compagnie était toujours appréciée par ses collègues. L'ancien directeur du TRO, Azri Ghaouti, se souvient des débuts de l'artiste vers la fin des années 1960, lorsqu'il fut débusqué par le défunt Abderrahmane Kaki (1934-1995). Sirat, secrétaire à l'époque au TRO, qui était sous la direction de Kaki, avait profité du moment de pause d'une troupe en répétition pour monter sur scène et se mettre à imiter un des comédiens, avant d'être surpris au retour de l'équipe par Kaki qui le félicita pour sa prestation. «Et c'est comme ça qu'a commencé la carrière de Sirat en tant que comédien, avec de petits rôles avant de camper celui de Dribzen, personnage important dans la pièce Hammam Rabbi, de Alloula (1939-1994)», relate Azri Ghaouti. C'est dans ce premier grand rôle que Sirat a littéralement «explosé», révélant ses capacités scéniques, s'ouvrant la voie vers d'autres interprétations à succès, comme celle de Djelloul El-Fhaymi dans la pièce El-ajouad (Les généreux) de Alloula qui lui valut une récompense au Festival théâtral international de Carthage (Tunisie, 1985).
«Un couche-tard et lève-tôt» «Sirat n'a jamais quitté la scène même lorsqu'il fut sollicité pour des rôles à la télévision ou au cinéma», soutient Azri Ghaouti, rappelant toutefois que le parcours de l'artiste connut quelques périodes de flottement dues à la maladie. Les apparitions de l'artiste à l'écran furent plutôt timides, exception faite de la série Chaïb El-Khedim, de Zakaria Brahim qui le fit davantage connaître au public impressionné par son talent à jouer plusieurs rôles en même temps. Au plan humain, Sirat était aussi apprécié pour son sens de l'humour. «Il faisait tout le temps des tournures plaisantes des choses de la vie, sa compagnie était toujours agréable», se remémore Azri Ghaouti, insistant en outre sur le fait que l'homme était à la fois un couche-tard et un lève-tôt, donnant ainsi l'impression qu'il tenait à «vivre pleinement sa vie d'artiste». Les qualités scéniques et le caractère sociable du regretté Sirat sont également évoqués par ses anciens compagnons, à l'instar du comédien Abdelkader Belkaïd, qui fut distribué à ses côtés dans la quasi-totalité de ses apparitions sur scène. «Tous les comédiens voulaient jouer à ses côtés, tant sa compagnie était des plus agréables», a témoigné Belkaïd. Sirat Boumediene est décédé le 8 août 1995 à Mostaganem, où, bien qu'affaibli par la maladie, il a tenu à passer ses derniers jours au Festival national du théâtre amateur organisé chaque année dans cette ville.