Les enseignants vacataires du supérieur haussent le ton. Ils décident d'organiser une grève ouverte et un arrêt «définitif» des cours. «Nous avons décidé d'entrer en grève illimitée et un arrêt des cours à partir du 29 octobre au niveau de toutes les universités du pays. Ces actions seront suivies d'un rassemblement national le mardi 31 octobre et d'une marche de l'université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou vers celle de Bougara à Boumerdès afin d'exiger la titularisation de tous les enseignants vacataires», réclame le coordinateur national des enseignants vacataires, Nadir Yahiaoui. Organisés en comité local, les enseignants, détenteurs de magistère ou de doctorat, ont entrepris ces derniers mois plusieurs actions pour exiger la prise en charge de leurs revendications liées à l'ouverture de nouveaux postes budgétaires. Principal argument des protestataires : le déficit en encadrement de l'université qui voit l'arrivée en force de plusieurs étudiants, à savoir 1,7 million, pour 63 000 enseignants. «Le déficit a dépassé 40%. Il faudra 20 000 enseignants pour avoir 20 étudiants par salle, alors que la norme internationale est de 15 par classe. En facilitant l'ouverture de nouveaux postes budgétaires, l'Enseignement supérieur facilitera l'encadrement des étudiants», signale le coordinateur. Lors de l'ouverture des travaux de la conférence nationale des universités en juillet dernier, le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, Tahar Hadjar, a annoncé de «nouvelles mesures» en faveur des enseignants. Afin de renforcer l'encadrement pédagogique, il a annoncé le recrutement de 2836 enseignants vacataires pour l'actuelle rentrée. «Malgré la crise financière par laquelle passe le pays, le ministère ouvre les portes du recrutement. Ainsi, près de 3000 enseignants vacataires seront recrutés, en prévision de la prochaine rentrée universitaire», a-t-il affirmé, précisant que sur les 2836 postes ouverts, le ministère a consacré 1927 postes pour les enseignants vacataires catégorie «B» et 909 postes en faveur des enseignants des centres hospitaliers. Les protestataires dénoncent les déclarations du ministre du secteur sur le recrutement des contractuels. «Monsieur Hadjar nous considère comme des citoyens malléables qu'il peut utiliser à sa guise, quand il en a uniquement besoin. C'est une insulte pour tous les détenteurs de magistère et de doctorat et tous les étudiants en poste graduation. Nous exigeons des excuses publiques», s'offusque Yahiaoui. Les enseignants ont tenu plusieurs actions de protestation, sans réussir à infléchir le ministère. A l'issue du premier rassemblement «consultatif» le 9 juin dernier, des délégués avaient été reçus par le ministre qui a renvoyé la balle à la Fonction publique, «seule habilitée à ouvrir des postes budgétaires». En juillet dernier, les protestataires avaient collecté les listes des enseignants pour les transmettre aux différentes autorités (Parlement, Présidence, etc.), afin de les sensibiliser sur la «situation catastrophique» de ce corps.