Le blocage des équipements destinés à l'entreprise Cevital, par l'Entreprise portuaire de Béjaïa (EPB), se poursuit. Pour justifier son refus, l'EPB a toujours brandi deux principales raisons : l'une est liée à un permis de construire — qui relève en principe des prérogatives des autorités de la wilaya — et la seconde a trait à l'utilisation d'une parcelle qui se trouverait dans l'enceinte portuaire. Le directeur de l'Entreprise, qui dépend du ministère des Transports, a de tout temps rappelé que les autorités gouvernementales ne veulent pas laisser les ports céder des lots de terrain à des entrepreneurs privés. deux poids, deux mesures Une assertion que dément le Comité de soutien aux travailleurs du groupe Cevital. Documents, cartes et plans de situation à l'appui, le comité a prouvé que ce qui «est interdit à Béjaïa» est «permis ailleurs». Cela se passe entre autres dans le port de Djendjen, à Jijel, situé à seulement 90 kilomètres de Béjaïa. «Nous tenons à faire remarquer (…) que manifestement le directeur du port de Béjaïa ne peut pas être instruit par la même tutelle, à savoir le ministre des Transports, que celle qui a instruit le directeur du port de Djendjen», note le document. «Le ministre des Transports de notre gouvernement, qui a accordé non pas un mais deux projets de trituration de graines oléagineuses dans l'enceinte même du port de Djendjen, financés par le Trésor public, ne peut pas refuser le même type de projet à Béjaïa en dehors du port», ajoute le texte du Comité de soutien, qui conclut : «Nous refusons de croire qu'une telle ségrégation est commise par une autorité ministérielle». Les documents fournis par le Comité de soutien aux travailleurs de Cevital et aux investisseurs dans la région ne souffrent pourtant aucune ambiguïté.
Concurrence déloyale Pendant que l'EPB refuse de laisser Cevital décharger sa marchandise, le port de Jijel a accordé deux concessions à deux investisseurs qui construisent déjà deux usines semblables à celle du groupe industriel établi à Béjaïa. L'une de ces usines est en train d'être montée par Nutris, une filiale du groupe Kouninef. «Ce projet s'étend sur une superficie de huit hectares, dont deux hectares dédiés à la réception et six autres à l'usine. Le montant total de cet investissement est de 14,9 milliards de dinars (soit 150 millions de dollars). Ce projet doit créer 1000 postes d'emplois directs et doit assurer une production annuelle de 1,5 million de tonnes.» Le second projet est confié au groupe Sipaco. «Il s'étend sur une superficie de huit hectares, dont deux hectares dédiés à la réception et six à l'usine. Le montant total de cet investissement est de 200 millions de dollars, Ce projet doit créer 1000 postes d'emplois directs et doit assurer une production annuelle de 1,5 million de tonnes.» Le projet de Cevital est beaucoup plus grand. D'une capacité de 12 000 tonnes par jour, il promet de traiter 3 graines. Les équipements n'ont coûté que 40 millions de dollars. Le groupe a dû acheter un terrain en dehors de l'enceinte portuaire. Mais il est en attente d'un permis de construire. Pour conforter leur plaidoirie, les membres du Comité de soutien au groupe Cevital ont cité les propos du Premier ministre, Ahmed Ouyahia : «La gestion de cette affaire au niveau du port n'est pas la meilleure des gestions.» «Je l'ai dit publiquement, pas en cachette, lors du meeting à Béjaïa. Ce n'est pas parce qu'on était à Béjaïa. Nous considérons que la gestion de cette affaire au niveau du port n'est pas la meilleure des gestions», avait estimé Ahmed Ouyahia, quelques semaines avant d'être nommé Premier ministre.