Entamée dans des conditions très particulières, la campagne d'importation de semences de pomme de terre aura atteint son rythme de croisière en seulement une semaine. Ils seront pas moins de 5 navires à avoir accosté au port de Mostaganem. La semence de cette année se caractérise par une rareté qui aura fait grimper, parfois de manière intempestive, les prix. Alors que la première cargaison, en provenance de Belgique avait été proposée aux fellahs à 7 500 DA le quintal, il aura fallu attendre l'arrivée de la semence hollandaise pour que les paysans se décident à acheter. L'entrée au port d‘un troisième puis d'un quatrième navire se traduira par une augmentation toute relative de l'offre. Laissant aux clients l'embarras du choix, tout en veillant à la qualité de la semence. Pour les professionnels de cette culture, une bonne semence est étroitement liée au pays d'origine. Echaudés par les expériences des dernières années, certains fellahs se fieront au savoir faire de leurs fournisseurs habituels. Les quelques importateurs qui avaient chahuté le marché en introduisant des semences de qualités plus que médiocres, en auront pour leur argent. C'est ainsi que l'année dernière, malgré les fortes tensions, plus de 12 000 tonnes resteront dans les dépôts. Pour l'année en cours, c'est à un scénario plus embrouillé auquel les paysans se seront préparés. Dès le premier bras de fer entre le ministère de l'Agriculture et la filière, les fellahs s'étaient organisés tout juste pour sauver la campagne. Méfiants et inquiets, ils savaient pertinemment que ni les quantités, ni à fortiori la qualité, ne seront au rendez-vous. C'est cette méfiance calculée qui fera chanceler certains opérateurs trop gourmands. Tensions Mais, pour beaucoup de paysans, le mal était fait. Car même si elle aura parfaitement réussie à passer l'écueil du contrôle technique, une partie de la semence proposée ne sera pas du goût de ceux à qui elle était destinée. Pas uniquement à cause des variétés dont certaines sont loin de répondre à l'exigence du producteur. Cependant, la campagne est susceptible de prendre tout le monde à revers. Car au rythme où se font les arrivages, il est aisé de constater que la quantité ne sera pas au rendez-vous. D'autant qu'il faut bien une quinzaine de jours pour qu'un navire fasse deux rotations. Le trajet entre un port hollandais et Mostaganem pouvant durer 6 jours, il faudra se résoudre à attendre qu'il fasse un aller-retour. Une autre particularité est venue compliquer la campagne : l'indisponibilité des petits navires de 2 500 tonnes. A ce jour, en comptabilisant la cargaison débarquée au port d'Oran, le tonnage le plus optimiste tourne autour de 12 000 tonnes. Bien en deçà des 80 000 tonnes dont l'Algérie a grandement besoin. Ce qui ne présage rien de bon pour la suite. Selon des informations dignes d'intérêt, ce sera bien un miracle si le pays parvenait à importer seulement la moitié de ses besoins. A moins de se tourner vers des fournisseurs peu scrupuleux.