L'introduction officielle de la finance islamique dans le paysage bancaire public sera effective avant la fin de l'année, selon les déclarations du ministre des Finances, Abderrahmane Raouya, qui précise que la CNEP, la BADR et la BDL ouvriront la marche et qu'elles seront suivies, au courant de 2018, par les autres entités bancaires publiques. Récemment codifiée par la loi sur la monnaie et le crédit, la nouvelle offre bancaire vise à accélérer la bancarisation de la masse monétaire qui échappe au circuit officiel — après l'échec de l'opération de mise en conformité fiscale volontaire —, à travers la mise sur le marché de formules de financement conformes à la charia islamique. Selon le ministre des Finances, qui s'exprimait dans le cadre de la 3e édition de l'université d'été du Forum des chefs d'entreprise (FCE), les banques publiques proposeront très prochainement aux clients des produits bancaires alternatifs «afin de répondre à un segment de la clientèle et de drainer une épargne inactive», a-t-il précisé lors d'un panel dédié à la finance islamique, les marchés des capitaux et la fiscalité. A ce propos, il a rappelé que deux banques activent exclusivement dans la finance islamique depuis quelques années, à savoir Al Baraka Bank et El Salam Bank, alors que deux banques privées proposent à la fois des produits bancaires classiques et une gamme de produits alternatifs, ainsi que d'autres conformes à la charia. Selon le ministre, les banques commerciales peuvent, désormais, en vertu du cadre réglementaire en vigueur, proposer de nouveaux produits d'épargne et de crédit après l'obtention d'une autorisation préalable de la Banque d'Algérie. Pour sa part, le président de l'Association des banques et des établissements financiers (ABEF), Boualem Djebbar, a avancé qu'après la CNEP, la BADR et la BDL, d'autres banques publiques vont intégrer la finance islamique dans la gamme de leurs prestations. «L'année 2018 sera celle de la généralisation de la finance islamique», a notamment déclaré le président de l'ABEF. Pour rappel, la finance islamique adhère aux principes de la charia islamique qui proscrit le taux d'usure (riba) et prône le principe de partage des pertes et des profits de la part des contractants. Parmi les formules de financement, figure El Mourabaha qui lie un client à une banque islamique autour d'un produit qu'il désire acquérir. La banque acquiert à son actif le produit qu'elle revend au client, avec toutefois une marge bénéficiaire. Cette formule, qui adhère au principe du commerce, comporte deux contrats commerciaux et pose pour certains pays un problème de double taxation. A ce propos, M. Raouya a indiqué que pour le cas de l'Algérie, des actions seront entreprises dans ce sens en vue de remédier à cette double taxation qui intervient lors de chacun des contrats de vente. Pour ce qui est de la Moucharaka, elle lie le client et la banque sur un projet d'investissement que l'établissement bancaire va financer avec, pour rémunération, la participation au partage des profits générés par le projet à des taux prédéfinis en amont, mais aussi les pertes. La formule El Idjar s'apparente au principe de crédit-bail ou leasing, avec pour variante principale qui dicte que le montant de l'acquisition définitive du bien par le client, au bout de l'échéance, sera déterminé selon le prix du marché et non pas prédéfini en amont.