La finance islamique peut être un levier important pour bancariser une frange de la population restée en marge du système bancaire et contribuer à diversifier les sources de finances de l'économie. C'est ce qu'a laissé entendre, hier à Alger, Nasser Haïder, P-DG d'Al Salam Bank-Algeria, invité du forum du journal El Wassat. M. Haïder a évoqué un environnement algérien favorable au développement à l'industrie financière islamique, indiquant que de nombreuses banques conventionnelles publiques et privées ont initié des projets d'ouverture "de fenêtres charia compatibles" pour proposer des formules d'épargne ou de financement conformes aux préceptes de la charia. La BDL, a-t-il signalé, est très avancée dans son projet. "Il pourrait être lancé bientôt", a indiqué le P-dg d'Al Salam Bank, affirmant ne pas vouloir parler au nom du P-DG de la BDL. M. Haïder a parlé aussi de réflexion pour étendre la finance islamique au marché financier à travers l'émission de Sukuks. Aujourd'hui, le taux de pénétration de la finance islamique est faible. Les deux banques dites islamiques, Al Salam Bank et la banque Al Baraka, se partagent 2% des parts de marché dominé par les banques publiques qui en contrôlent 83%. Sur les 17% des parts des banques privées, les deux banques islamiques détiennent entre 15% à 17%. Cette part de marché, estime M. Haïder, ne reflète pas le poids potentiel de l'industrie financière charia compatible en Algérie. "L'offre est en deçà de la demande", a-t-il relevé, expliquant le faible taux de pénétration par, entre autres, la faible présence des banques islamiques sur le territoire national. "On n'est pas suffisamment implanté, sur le plan géographie. Le réseau d'Al Salam Bank comprend seulement 7 agences. Nous avons engagé un programme d'ouverture de 7 autres agences en 2017", a annoncé M. Haïder, précisant que sa banque ouvrira des agences, notamment à Biskra, à Batna, à Ouargla et à Adrar. Le P-DG d'Al Salam Bank est revenu longuement sur les fondements de la finance islamique qui recouvre l'ensemble des transactions et produits financiers conformes aux principes de la charia, qui supposent l'interdiction de l'intérêt et de la spéculation. Il a tenté de clarifier la différence entre les pratiques des banques conventionnelles et celles des banques islamiques. Pour certains, la marge facturée par la banque islamique au client ressemble beaucoup à l'intérêt pratiqué par la banque conventionnelle. Là où une banque conventionnelle propose un intérêt, la banque islamique obtient le même résultat à travers un montage commercial d'achat et de revente. Pour le P-DG d'Al Salam Bank Algeria, les différences sont d'ordre contractuel et juridique. La Mourabaha est un contrat de vente et non un contrat de prêt, a-t-il indiqué, ajoutant que le contrat Mourabaha suppose une prise de risque par la banque. La marge bénéficiaire dans une opération Mourabaha, a-t-il précisé, rémunère une transaction commerciale. M. Haïder a révélé que des propositions ont été faites pour réaménager la loi relative à la monnaie et au crédit pour insérer des dispositions qui peuvent constituer un ancrage légal et juridique pour la finance islamique qui actuellement fait défaut. M. R.