Il ne s'agit pas des dédicaces que les écrivains accordent à leurs lecteurs lors du Salon du livre mais de celles que la manifestation a décidé, depuis l'an dernier, de consacrer aux femmes et aux hommes de lettres décédés depuis l'édition précédente. Ainsi, pour cette vingt-deuxième édition du SILA, dix noms ont été retenus auxquels un hommage a été rendu lors de l'ouverture de la manifestation au public, jeudi dernier, en présence du ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, et de la vice-ministre sud-africaine des Arts et de la Culture, Mme Makhotso Sotyu, qui dirige la délégation de son pays, invité d'honneur du salon. Parmi les personnes dont la mémoire a été honoré en respectant l'ordre chronologique de leurs disparitions, figurait Malek Chebel (1953-12 nov. 2016), anthropologue et essayiste bien connu qui s'était spécialisé dans l'étude de l'islam. Suivait le Suisse Charles-Henri Favrod (1927-15 janv. 2017), journaliste et écrivain qualifié d'ami de l'Algérie en raison de son rôle dans la négociation des Accords d'Evian. Il était aussi le fondateur du Musée de la photo de Lausanne et d'une Fondation de la Culture algérienne qu'il n'a pu développer. Le moudjahid Abderrahmane Hadj Salah, professeur émérite de linguistique, né aussi en 1927 et décédé le 5 mars 2017, a reçu un hommage pour ses contributions dans sa discipline et en plusieurs langues. La quatrième personnalité évoquée a été celle d'Abdelkrim Djilali (1956-8 mai 2017) que plusieurs journalistes présents à la rencontre ont connu pour son professionnalisme et sa générosité et qui, en dehors de ses contributions journalistiques, a écrit des essais et récits. Seule femme de cette triste liste, tout en étant la plus jeune (1985-30 juin 2007), la poétesse et romancière Louisa Aouzelleg, connue sous le pseudonyme littéraire de Dyhia Louize, a laissé une œuvre inachevée en tamazight et en arabe. Le 15 juillet 2017, c'était Abdellatif Ben Oum Hani qui décédait. Né en 1955, il s'adonnait à la poésie en langue arabe. Quelques jours plus tard, disparaissait le grand diplomate et homme d'Etat Rédha Malek (1931-29 juillet 2017) qui avait été l'un des négociateurs des Accords d'Evian et qui a écrit plusieurs essais. Il avait bien connu Charles-Henri Favrod, précité, et il serait l'auteur de l'expression Islam des Lumières, reprise par le précité Malek Chebel. Pour sa part, Bel Abbes Neddar (1960-9 août 2017) a été un éminent chercheur de linguistique. A l'université d'Oran où il professait, son érudition et ses analyses, connues à l'étranger, ont marqué ses collègues et étudiants. Tout récemment, s'en est allé Mohamed Hamoutène (1933-2 octobre 2017), auteur de trois romans écrits tardivement. Enfin, le plus âgé de ces disparus, l'architecte français André Ravereau (1919-12 octobre 2017) a joué un rôle émérite dans la recherche sur l'architecture algérienne ancienne qu'il poursuivait encore à l'âge de 98 ans ! Ami de l'Algérie, il a été élevé en 2012 au rang d'Achir de l'Ordre du mérite national. Appartenant à des générations différentes, exerçant dans des domaines divers, ils (et elle) incarnent bien l'intérêt que suscite l'histoire et le présent de l'Algérie dans les travaux académiques et toutes les expressions écrites. L'Afrique du Sud, invité d'honneur, a placé, quant à elle, sa présence au SILA sous le symbole d'Oliver Reginald Tambo, héros de la lutte de libération, dont le pays célèbre le centenaire.