Lors d'une rencontre tenue mardi dernier à la maison de la culture Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou, à l'occasion du 63e anniversaire du déclenchement de la lutte de Libération nationale, un vibrant hommage a été rendu à Kateb Yacine, Ali Zamoum et M'hamed Issiakhem. Mme Ouiza Zamoum, veuve du moudjahid, était présente à la rencontre. Plusieurs conférenciers étaient également invités, à l'image de Hacene Halouane, enseignant universitaire, Rabah Zamoum, neveu du moudjahid disparu, Mme Fatma Boukhelou, chercheuse en littérature et enseignante à l'université de Tizi Ouzou, et le président de l'association culturelle Issiakhem de Taboudoucht (Aghribs). Ceux-ci ont tenu en haleine pendant deux heures un public très intéressé, en narrant le rôle de ces personnalités lors de la Révolution de Novembre et dans le domaine de la culture. «Kateb Yacine, M'hamed Issiakhem, Ali Zamoum, sont trois piliers, non seulement d'hier dans la Révolution, mais d'aujourd'hui aussi, de par ce qu'ils ont laissé d'immortel pour l'Algérie», dira M. Halouane, ajoutant : «Le père de Nedjma a pris des positions très courageuses, pour rester le même, le modeste écrivain populaire.» Concernant Issiakhem, il dira qu' «il a montré au monde entier, à travers ses tableaux, toutes les douleurs et les couleurs de l'Algérie». A propos d'Ali Zamoum, Helouane dira qu'il «nous a légué un testament de valeur : son association sociale Tagmat» (fraternité)». La veuve d'Ali Zamoum enchaînera qu'Ali activait dès l'âge de 14 ans dans le mouvement national, et ce, jusqu'au jour où il fut arrêté et emprisonné. A sa sortie de prison, à l'indépendance, ajoute-t-elle, «Ali Zamoum regroupait les enfants cireurs orphelins dans un centre de formation à Châteauneuf (Alger) et les prenait en charge. Il a réalisé aussi une ferme-école à Bouira pour éduquer et former les orphelins. En 1978, Issiakhem nous rendait souvent visite avec ses enfants au Télémly, où nous habitions, comme Kateb Yacine d'ailleurs, venant toujours habillé d'un shanghai et d' espadrilles en alfa. Et, quasiment à la fin de sa vie, Ali Zamoum a fondé l'association Tagmats à Boghni». Rabah Zamoum dira quant à lui que «ces trois personnages ont un point commun qui les rassemble. C'est que, tous les trois se sont élevés, très jeunes, contre l'injustice, la misère, la domination…, chacun par ses propres moyens : le théâtre, la formation, l'information, l'écriture…». A son tour, Mme Boukhelou décrira les «blessures» tracées pour l'éternité par les pinceaux d'Issiakhem sur ses propres tableaux. Elle lira de très beaux passages extraits de textes du roman Nedjma, le chef d'œuvre de Kateb Yacine, des citations d'un autre grand écrivain-poète, Tahar Djaout parlant d'Issiakhem, de Kateb… Dans les débats, Dr Cherifa Zerraf évoquera Mohand-Saïd Ziad, décédé il y a quelques années. Ancien journaliste à l'APS, à Alger Républicain, la Nouvelle République (Oran), puis dans les hebdomadaires Algérie Actualité et Tamurt (le pays), Ziad était un des premiers amis et compagnons de M'hamed Issiakhem et de Kateb Yacine.