Il y a deux ans, le p�re des orphelins, l�ami des pauvres, l�homme de Novembre 1954, Ali Zamoum tirait sa r�v�rence. C�est dans un h�pital parisien que le 28 ao�t 2004 a pris fin un parcours marqu� par un engagement ind�fectible, permanent et surtout d�sint�ress� en faveur de l�Alg�rie. L�homme du petit peuple Ali Zamoum incarne cette race de militants qui n�ont jamais renonc� � leurs principes, ne se sont jamais laiss� tenter par le pouvoir et l�argent et ont pass� plus de temps parmi le petit peuple que dans les salons feutr�s. L�hommage qui lui fut rendu, lundi dernier au carr� des martyrs de Tizi- N�tleta, est � ce titre �difiant. Point d�officiels �s qualit�s. La foule �tait compos�e de membres de sa famille, d�amis et surtout de petites gens. Cette derni�re cat�gorie de citoyens, contrairement � ceux qui cherchent les feux de la rampe et attendent des dividendes de leur pr�sence calcul�e dans les �v�nements m�diatis�s, ne s�est jamais tromp�e lorsqu�il s�agit d�exprimer sa gratitude � ceux qui la m�ritent. Sous le signe de la solidarit� Apr�s avoir accompli son devoir � et rien de plus, aimait-il � le r�p�ter � dans la lutte arm�e pour le recouvrement de l�ind�pendance du pays et servi l�Alg�rie libre consciencieusement � travers les postes qu�il a occup�s dans l�administration jusqu�� la retraite, Ali Zamoum ne s�est pas accord� le repos du guerrier qu�il avait pourtant bien m�rit�. Durant la p�riode coloniale, les Alg�riens �taient priv�s de leurs droits, �taient pauvres et avaient faim. Une guerre d�ind�pendance, des errements et des d�cades plus tard, des pans entiers de la soci�t� ne se sont pas d�partis de la mis�re et du d�nuement. Pour Ali Zamoum, la situation l�imposait : le combat continue. C�est ainsi qu�il a cr�� en 1996, avec quelques amis une association humanitaire d�nomm�e Tagmats (fraternit�). Et c�est cette association qui porte d�sormais son nom qui a tenu � rendre hommage � son p�re fondateur. Un hommage digne et simple comme l��tait l�homme et surtout sous le signe de la solidarit�. Assia : �Merci Tagmats� C�est peut-�tre un hasard du calendrier : Ali Zamoum est d�c�d� un 28 ao�t et Tagmats a �t� cr��e un 5 septembre. Le rapprochement des deux dates a pouss� l�association � c�l�brer en m�me temps les deux anniversaires. Certains y ont cependant vu un signe du destin. Apr�s la tristesse d�une disparition, les joies d�une naissance : la vie doit supplanter la mort. C�est dans cet esprit que l�association a d�cid� d�inclure dans le programme comm�moratif une visite, effectu�e jeudi dernier, au centre d�accueil et d�orientation de personnes en d�tresse de Yakour�ne. Outre les denr�es alimentaires qui mettront � l�abri du besoin les pensionnaires un moment, l�action �tait marqu�e sur le plan �motionnel par la r�action de la petite Assia, 10 ans. En recevant un cartable, des fournitures scolaires et des v�tements neufs, elle a laiss� �clater sa joie en d�ambulant dans la cour du centre et en criant : �Merci Tagmats (fraternit�)�. Pour cette pensionnaire toute particuli�re qui est priv�e de l�affection de ses parents et qui n�a jamais connu le bonheur de jouer avec une s�ur ou un fr�re, cela devrait signifier beaucoup. Boumediene, Ali Zamoum et le... costume Vendredi, dernier jour dans le programme de la comm�moration, a vu le si�ge de Tagmats � Boghni, abriter une sympathique c�r�monie au cours de laquelle Sa�d Zourdani, premier vice-pr�sident et Rabah Zamoum, pr�sident de Tagmats, ont prononc� de br�ves allocutions pour rappeler � l�assistance respectivement les circonstances de la cr�ation de l�association et le parcours de Dda Ali. Parmi les anecdotes rapport�es par le second orateur, il en est une qui r�sume l�une des nombreuses vertus cultiv�es par le d�funt : la simplicit�, Ali Zamoum n��tait pas franchement port� sur les costards. Il aimait s�habiller simple et propre. Quand on a partag� l�intimit� avec un Kateb Yacine ou un M�hamed Issiakhem, il ne pouvait en �tre autrement. Alors, directeur de la formation professionnelle au minist�re du Travail, il avait attir�, par les tenues qu�il portait lors des r�unions, l�attention du pr�sident Houari Boumediene qui avait saisi le ministre Mazouzi pour lui faire part de son souhait de voir Dda Ali porter, comme tout le monde, un costume. Le message fut transmis. La s�ance de travail d�apr�s avait vu Ali Zamoum enfiler une veste. Son tour de parole arriv�, il enleva la veste qu�il fit porter � la chaise qu�il laissa vide. Il se tut. Un long moment de silence s�ensuivit. Lorsque Mazouzi l�interrogea sur les raisons de ce troublant mutisme, il r�torqua : �Demandez donc au costume de parler.� Prix du m�rite, Achalam laur�at A l�occasion de ce double anniversaire, Tagmats a eu l�initiative de remettre plusieurs prix. Ainsi, Sa�d Belkacem, ami du d�funt, qui a eu la lourde responsabilit� de lui succ�der � la t�te de l�association apr�s son d�c�s, a re�u un prix sp�cial. Na�ma Boudali, �l�ve du technicum de Dra�-El- Mizan, a �t� prim�e, elle, pour sa dissertation traitant du th�me de la solidarit�. Les jeunes du village Ighil-Imoula, vainqueurs du tournoi de football organis� � la m�moire de Dda Ali ont re�u �galement des cadeaux en cette occasion. Quant au prix du m�rite Ali Zemoum, institu� en 2005 pour r�compenser toute personne physique ou morale s��tant distingu�e par des actions d�veloppant des valeurs pouvant servir d�exemple, il a �t� d�cern� pour sa deuxi�me �dition au village Achalam de la commune Ifigha, dans la da�ra d�Azazga pour son organisation et l�esprit de solidarit� en faveur de la collectivit�, il a �t� remis par Nna Ouiza, la veuve de Dda Ali.