Le dynamisme des crédits à l'économie ne s'essouffle pas, malgré une baisse nette des ressources bancaires. Selon les quelques agrégats monétaires fournis la semaine dernière par le gouverneur de la Banque d'Algérie, les crédits à l'économie (déduits des rachats de créances non performantes) ont poursuivi leur progression au 1er semestre 2017 au rythme de 7,05%, contre 6,4% au 1er semestre de 2016 et 2,2% au second semestre du même exercice. Le patron de la plus haute autorité monétaire a souligné que ce rythme d'expansion des crédits, en contexte de diminution des liquidités bancaires, a requis le recours de plusieurs banques au refinancement auprès de son institution au cours du second semestre de 2017. Se gardant de quantifier les crédits à l'économie, Mohamed Loukal s'est contenté de noter que la part des crédits au secteur public est passée de près de 49,97% à fin 2016, à 49,21% à fin juin 2017 et celle des crédits au secteur privé est passée de 50,03% à 50,78%, dont 7,04% aux ménages. Lors des débats au Parlement autour du plan d'action du gouvernement, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, avait précisé que le total des crédits octroyés par les banques à l'économie s'élevait à 8467 milliards de dinars à fin août 2017, dont 4000 milliards aux entreprises publiques et 700 milliards aux petites entreprises, le reste de l'encours était destiné à financer l'initiative privée. Un détail de taille : les crédits bancaires non recouvrés représentent 11% du montant total des crédits alloués par l'Etat, soit 800 milliards de dinars dont 100 milliards de crédits Ansej. Les crédits à l'économie sont certes en hausse, mais les montants canalisés vers le soutien à l'investissement privé restent pour le moins faibles et insuffisants pour faire repartir la croissance. Des réformes urgentes du marché bancaire doivent être menées afin d'élever la qualité des crédits et changer les paramètres des prêts au niveau des banques. Cela renvoie à une refonte toute aussi nécessaire de la politique monétaire de la Banque centrale pour coller aux attentes des investisseurs, limiter le ratio des créances non performantes, repenser la politique des taux d'intérêt tout en assurant le besoin de financement de l'économie. Il s'agit en clair de se remettre en cause et de se réformer en période de crise. La chute des ressources bancaires contraint à y apporter des réformes efficaces au-delà du dispositif du réescompte et de l'Open-market.