Par Arezki Ighemat Ph.D. en économie Master of Francophone Literature (Purdue University, USA) «Kim Jong Un is a ‘‘Little Rocket Man'' who is on a suicide mission for himself and for his regime.» (tweet de Trump) «As I have said many times, the Iran deal was one of the worst and one-sided transactions the United States has ever entered into… Without improvements, the agreement will be terminated.» (speech de Trump, The White House, 13 octobre 2017) Introduction Le président actuel des Etats-Unis est le président américain le plus haï dans le temps et dans l'espace. Dans le temps, il est le plus détesté de tous les présidents américains passés. Dans l'espace, il est le président le plus mauvais non seulement au niveau international, mais aussi dans son propre pays. Il y aurait au moins une dizaine d'adjectifs à connotation négative qu'on pourrait utiliser pour le qualifier, mais nous ne retiendrons ici que ceux que nous considérons comme les principaux : narcissique, lunatique et ambivalent. Narcissique parce qu'il veut que tout — absolument tout —tourne autour de sa personne (le mot personnalité ne conviendrait peut-être pas ici pour le qualifier). Lunatique, parce qu'il change de veste et d'opinion d'une minute à une autre. Ambivalent, parce qu'il dit une chose le matin et dit son contraire l'après-midi. Un autre qualificatif qui lui a aussi été attribué est celui de «menteur». Un seul exemple illustrera la véracité de ce dernier qualificatif : Trump a récemment déclaré que ses prédécesseurs n'ont pas appelé au téléphone les familles des soldats morts au champ de bataille et qu'il est le seul à l'avoir fait. Cela est tout simplement faux et démenti par des sources bien informées. Cette manière de caractériser Trump a été confirmée par David Goodhart dans son ouvrage The Road to Somewhere : The Populist Revolt and the Future of Politics, qui écrit : «Leaders of populist parties are frequently opportunists, narcissists and sociopaths.» (les leaders des partis populistes sont fréquemment opportunistes, narcississiques et sociopathes) (David Goodhart, op. cit., p.74). Par ailleurs, son élection suscite plusieurs questions n'ayant pas encore reçu de réponses jusqu'à ce jour : 1) Comment a-t-il été élu ? 2) Par qui a-t-il été élu ? 3) A-t-il été aidé (notamment par la Russie) à gagner les élections ? Pour répondre à ces questions, le département de la Justice américaine a désigné un procureur-conseil, Bob Muller, un ancien directeur du FBI, pour mener des investigations. Parallèlement, trois autres institutions conduisent des recherches sur le même sujet : le Sénat, la «House of Representatives», et le FBI. L'objectif de ces investigations est de savoir, en particulier : 1) si la Russie est intervenue dans les récentes élections présidentielles américaines et 2) si Trump et son équipe sont entrés dans une collusion avec Poutine pour favoriser Trump par rapport à Hillary Clinton. En attendant les résultats de toutes ces investigations, ce qui nous intéresse particulièrement dans le présent papier est de savoir : quelles sont les chances (ou risques) que Donald Trump — qui a le pouvoir sur le code nucléaire à la Maison-Blanche — puisse déclencher une troisième guerre mondiale ? Pour essayer de répondre à cette question, nous examinerons deux éléments importants : 1) les propos intrinsèquement contradictoires que Trump tient quotidiennement (il faut dire plutôt instantanément) indiquant sa non-crédibilité et son instabilité mentale et 2) les actions et décisions (notamment les «Executive Orders») qu'il a récemment prises concernant deux pays en particulier : la Corée du Nord et l'Iran. Les déclarations contradictoires de Trump : signe de sa non-crédibilité et de son instabilité mentale Donald Trump est souvent appelé le Président du Tweet (Tweet President). A la différence de ses prédécesseurs — qui utilisaient les médias conventionnels (radio, TV, journaux) —, Trump a fait du «tweet» son médium le plus important. Il «tweet» matin, après-midi et soir et sans arrêt. Mais le problème n'est pas tant celui du moyen utilisé que celui du message et de sa signification. En effet, ce message change d'une minute à l'autre : une minute il dit quelque chose, la minute suivante il dit son contraire. Les tweets et déclarations suivants de Trump illustreront son esprit (ou plutôt sa volonté) de contradiction et en même temps sa non-crédibilité intellectuelle (voulue ou innée). Il n'est pas question ici, pour un problème d'espace, de citer de façon exhaustive toutes ses contradictions. Nous sélectionnerons celles que nous considérons les plus représentatives de l'esprit de Trump. En 2015, avant son élection, Trump avait d'abord déclare : «I am not a politician.» (Je ne suis pas un politicien) (CNN, 11 août 2015). Dix-sept jours auparavant, il avait annoncé : «I am no different than a politician.» (Je ne suis pas différent d'un politicien) (New York Times, 28 juillet 2015). Les dix mois passés de sa présidence montrent, en effet, qu'il ne connaît rien à la politique. Concernant son appartenance à un des principaux partis aux Etats-Unis — le Parti républicain et le Parti démocrate — Trump dira d'abord : «Look, I am a Republican.» «I am a very conservative guy in many respects. I guess in most respects.» (Ecoutez, je suis un Républicain. Je suis un gars très conservateur dans beaucoup de domaines. Je pense l'être dans presque tous les domaines) («The Hew Hewitt Show», 25 février 2015). Remontant un peu plus en arrière dans le temps, en 1999, il déclarait : «I've actually been an activist democrat and Republican.» (J'ai en réalité été un activiste démocrate et républicain) (CNN, 8 octobre 1999). La réalité est qu'il est devenu membre du Parti républicain uniquement dans le but de gagner sa nomination comme candidat à la présidence. Sur le plan social, notamment s'agissant de son opinion sur l'avortement, il déclare d'abord : «Look, I'm very pro-choice. I hate the concept of abortion.» (Ecoutez, je suis partisan du choix libre) [entendez, des femmes, en matière de naissance](NBC News, 24 octobre 1999). Six ans plus tard, en 2015, il change de veste pour déclarer : «I am very proud to say that I am pro-life.» (Je suis très fier d'annoncer que je suis partisan de la vie) (Cleveland, Ohio, 6 août 2015). Concernant son degré d'intelligence et ses connaissances, il dira : «Ultimately, I don't pride myself on being a Know-it-All» (En dernière analyse, je ne prétends pas être un «Connaît-Tout») (Trump : How to Get Rich, 2004). Vingt ans auparavant, en 1984, il déclarait tout à fait l'opposé : «It would take me an hour and half to learn everything there is to learn about missiles… I think I know most of anything.» (Il me suffirait d'une heure et demie pour apprendre tout ce qu'il faut connaître sur les missiles… Je pense que je connais le plus important dans ce domaine) (Washington Post, 15 novembre 1984). Toujours concernant sa capacité intellectuelle, en l'espace d'une année, il a fait deux déclarations tout à fait opposées : «Well, I read a lot… and over my life, I've read so much.» (En fait, je lis beaucoup… et durant toute ma vie, j'ai lu énormément) («The Hew Hewitt Show», 25 février 2015). Une année auparavant, il disait tout le contraire : «I don't read much. Mostly I read contracts, but usually my lawyers do most of the work ; there are too many pages.» (Je ne lis pas assez. En général, je lis les contrats, mais d'habitude, ce sont mes avocats qui font le gros du travail. Il y a trop de pages [sous-entendu, à lire] (Veja, février 2014). Une autre contradiction, toujours concernant sa personnalité : «I don't have a lot of time for listening to television.» (Je n'ai pas beaucoup de temps d'écouter la télévision (New York Times, 2015). Quatre mois avant, il déclarait : «I actually love watching television.» (En réalité, j'adore regarder la télévision) («The Hugh Hewitt Show», février 215). Cette dernière déclaration — que Trump adore la télé — est corroborée par d'autres déclarations qui montrent que Trump adore qu'on parle de lui, notamment à la télévision : «I like it when people talk about me… As long as it is positive.» (J'adore quand les gens parlent de moi… à condition que ce soit positif) (Dubaï-based Life Beyond Sport, non daté). Sur le même sujet, Trump a déclaré : «I don't mind being criticized. I'll never ever complain.» (Je ne vois pas de problème qu'on me critique. Je ne me plaindrais jamais) (CNN, 24 septembre 2015). Encore une fois, la réalité de ces quelques mois de sa présidence montre qu'il est allergique aux critiques, notamment celles des médias, qu'il qualifie de «fake news» (informations pré-fabriquées), mais qu'il adore effectivement qu'on parle de lui, mais seulement «positivement». Ceci montre, on ne peut mieux, son narcissisme aigu. Une autre caractéristique de Trump est son attitude toujours défensive et offensive, voire même provocatrice, que ce soit dans ses tweets ou lors des rassemblements qu'il organise avec ses supporters. Dans ce contexte, il dit d'abord : «I don't want to be provocative, and in many cases I try not to be provocative.» (Je ne veux pas être provocateur, et dans plusieurs cas j'essaie de ne pas l'être) (Trump : Think Like a Billionaire, 2017). En 2014, il affirmait tout à fait le contraire : «I do love provoking people. There is truth to that.» (J'adore en effet provoquer les gens. Et il y a du vrai là-dedans) (BuzzFeed, 13 février 2014). Et comme si cela n'était pas suffisant, il ajoute : «You've gotta be nice.» (Vous devez être amiable). (The New Yorker, 19 mai 1997). Sept ans plus tôt, en 1990, il déclarait le contraire : «I do believe in hate when it's appropriate.» (Je crois effectivement en la haine quand la situation est appropriée) (Trump : Surviving at the Top, 1990). Par ailleurs, sur le plan des relations humaines — et le nombre important des démissions dans son gouvernement le montre — ,il semble n'avoir aucune sympathie et aucun humanisme, comme le montre la déclaration suivante où il dit d'abord : «When you shake somebody's hands, go for it. Shaking hands with someone means you're making a good deal.» (Si vous devez serrer la main de quelqu'un, allez-y) (Trump : Think big, 2007). Trois ans auparavant, dans son ouvrage How to Get Rich, 2004, il écrit exactement l'inverse : «I believe in no handshake… So often, I see someone who is sick, with a bad cold, or the flu, who approaches me and say : ‘‘M. Trump, I would like to shake your hands''; It's a medical fact that this is how germs are spread.» (Très souvent, je vois quelqu'un qui est malade et qui semble avoir attrapé un mauvais coup de froid, ou un rhume, et qui s'approche de moi en disant : «M. Trump, j'aimerais vous serrer la main» ; c'est un fait médical avéré que c'est comme cela que les germes se contractent). Mais son aversion et son allergie les plus grandes sont vis-à-vis de la presse et des médias en général. En effet, il dira d'abord : «I continue to alienate members of the press on occasion, but I like them.» (Je continue d'aliéner les membres de la presse, mais je les aime) (Trump : Think Like a Billionaire, 2004). La vérité est qu'il est totalement «allergique» aux médias qui sont critiques à son égard, comme on le voit dans la déclaration suivante : «They (the media) are the most dishonest people in the world…They are terrible.» (Ils (les médias) sont les gens les plus malhonnêtes du monde… Ils sont terribles) (speech de Trump, Indianapolis, 20 avril 2016). Il est allé même jusqu'à dire que la presse est l'ennemi du people : «The press is the enemy of the People.» (voir notre article précédent sur Trump et les médias in El Watan). On pourrait citer des centaines, voire des milliers de ces exemples de déclarations contradictoires montrant le narcissisme, le caractère lunatique et ambivalent de Trump. Mais, comme nous l'avons dit ci-dessus, notre but n'est pas de donner une liste exhaustive de toutes ces contradictions, mais plutôt de sélectionner quelques-unes que nous considérons comme une des raisons de penser que Trump n'a pas la stabilité et la crédibilité d'un président «normal» (pour paraphraser l'ancien président français François Hollande). Cette instabilité et cette non-crédibilité à leur tour —ainsi que nous le montrerons encore davantage dans la seconde partie de cet article — peuvent faire penser que Trump n'a pas les qualités de base pour être président et que, par conséquent, il est capable d'appuyer à tout moment sur le mauvais bouton. Les récentes actions de Trump : signe du risque qu'il déclenche une nouvelle conflagration mondiale Il n'y a pas que les tweets et les déclarations verbales de Trump qui font courir le risque d'une troisième conflagration mondiale. Ses décisions, notamment celles prises récemment, contribuent à accentuer cette menace. Les déclarations «twittees» et verbales de Trump montrent non seulement qu'il est mentalement instable, mais aussi qu'il a une crainte qui le hante sans cesse : que son éventuelle collusion avec la Russie dans l'affaire de l'intervention possible de Poutine dans les récentes élections présidentielles américaines et qui aurait conduit à favoriser Trump par rapport à Hillary Clinton s'avère vraie. Notre sentiment est que cette crainte — ou cette épée de Damoclès — est tout ce qui justifie ses paroles et ses actes. S'agissant de ses actions (ou décisions), nous noterons particulièrement deux qui semblent ajouter de l'essence (ou de l'huile) au feu que ses paroles ont déjà provoqué : ses récentes décisions à l'égard de la Corée du Nord et de l'Iran. On a l'impression, en effet, que Trump attend juste de connaître les résultats des multiples investigations sur une éventuelle collusion avec le régime de Moscou pour diriger ce qu'il appelle «Fire and Fury» (Feu et Furie) contre la Corée du Nord ou pour annuler l'accord international sur le nucléaire iranien signé en 2015 par l'Iran avec six autres pays, la France, les Etats-Unis, la Chine, la Russie, Le Royaume-Uni et l' Allemagne (les fameux P5+1 ou E3+3). Lors de la campagne présidentielle déjà, mais surtout depuis son élection, Trump semble avoir ces deux pays —la Corée du Nord et l'Iran — dans son viseur et leur avoir déclaré non seulement une guerre avec des paroles, mais aussi avec des actes. Contre la Corée du Nord, il engage une véritable guerre de mots et de provocations : «Kim Jong-un is a ‘little rocket man' who is on a suicide mission.» (Kim Jong-un est un ‘petit homme-roquette' qui est dans une mission suicidaire) (speech de Trump aux Nations unies, 19 septembre 2017). Ce n'est pas tout : il le traitera également de fou : «Kim Jong-un, who is obviously a ‘mad man', who doesn't mind starving or killing his people, will be tested like never before.» (Kim Jong est un homme fou qui n'hésite pas à affamer et à tuer son peuple et il sera testé comme jamais auparavant) (Tweet de Trump, 22 septembre 2017). Dans un autre tweet, il déclare que la Corée du Nord est un Etat «escroc» : «North Korea is a rogue nation and an embarrassment to China.» (La Corée du Nord est un Etat escroc et un embarras pour la Chine). Outre cette guerre de mots, dans un «Executive Order» (décret) récent, il a pris la décision d'ajouter des sanctions supplémentaires contre la Corée du Nord, notamment dans le domaine économique. Il a interdit aux banques et autres compagnies américaines de traiter avec Pyongyong : «Trump signed an Executive Order expanding the authority of the US Treasury Department to target individuals, banks and other companies that finance or facilitate trade with North Korea.» (Trump a signé un décret élargissant le pouvoir du département du Trésor américain ciblant les individus, banques et autres compagnies qui financent ou facilitent le commerce avec la Corée du Nord). Le décret autorise également le département du Trésor américain de geler les avoirs des compagnies qui supportent l'industrie textile, la pêche, la technologie de l'info (IT) et les industries manufacturières. Toujours dans le même décret, il est interdit aux bateaux et avions qui ont visité la Corée du Nord de stationner aux Etats-Unis pendant 180 jours. Toujours dans le même décret, Trump appelle tous les pays du monde à couper leurs relations commerciales avec la Corée du Nord en vue d'atteindre l'objectif de dénucléarisation de la péninsule coréenne : «We call on all countries around the world to join us by cutting all trade and financial ties with North Korea in order to achieve a de-nuclearized Korean peninsula.» (Déclaration de Steven Mnuchin, secrétaire d'Etat au Trésor). De son côté, le président nord-coréen répond par une avalanche d'insultes envers Trump : «Trump is a mentally deranged US dotard. He will pay for his threats against North Korea.» (Trump est un sénile mentalement dérangé qui paiera pour ses menaces contre la Corée du Nord). Kim Jong traitera aussi Trump d'«étrangleur de la paix» : «Trump is a strangler of peace». Il ajoutera que Trump est un «escroc et gangster» qui aime jouer avec le feu plutôt qu'un politicien : «Trump is surely a rogue and a gangster fond of playing with fire rather than a politician.» Il dira encore, parlant de Trump, qu'un «chien apeuré aboie plus fort» : «A frightened dog barks louder.» Il est clair que cette guerre des paroles et des actes ne va pas sans avoir des effets sur le devenir des relations entre les deux pays. Voyons maintenant du côté des relations entre Trump et l'Iran. Ici, l'objectif de Trump est bien sûr de «décertifier» (annuler) l'accord international signé avec les P5+1 le 15 juillet 2015. Comme avec la Corée du Nord, Trump commencera par une guerre des mots critiquant à plusieurs reprises l'accord en disant que c'est un «bad deal» (mauvais accord) et que, mieux vaut pas d'accord qu'un mauvais accord : «Better no deal than a bad deal.» En disant cela, Trump ne fait que répéter ce que Benyamin Netanyahu, Premier ministre israélien, a dit lors de son discours au Congrès américain le 15 mars 2015, alors qu'il n'était pas officiellement invité par le président Obama. Concernant les actions de Trump vis-à-vis de l'Iran, un certain nombre de sanctions additionnelles ont été prises, comme par exemple : «The Treasury Department Office of Foreign Assets Control (AFAC) designated 16 entities and individuals for what it said was engaging in support of illicit Iranian actors or transnational criminal activities.» (L'OFAC a désigné 16 entités (sept organisations + cinq individus, pour avoir supporté des acteurs ou activités criminelles). Ces déclarations et d'autres ont été faites par Trump un jour après avoir déclaré que l'Iran est en train de respecter l'accord nucléaire international de 2015. Le président américain justifie ces nouvelles sanctions en disant que l'Iran est impliqué dans plusieurs actions déstabilisatrices au Moyen-Orient, comme par exemple : le support apporté à Bashar Al Assad ; son appui militaire au Hezbollah (le mouvement chiite libanais) ; son rôle dans la guerre civile au Yémen — se servant du Yémen comme intermédiaire dans la guerre entre l'Iran et l'Arabie Saoudite — et, en général, son influence sur les minorités chiites à travers les pays arabes à rite sunnite. Par ses déclarations verbales et les récentes sanctions qu'il a adoptées contre l'Iran et par son cher désir de «décertifier» (son terme) l'accord international — nous soulignons ici le mot ‘international' — avec l'Iran concernant le développement du nucléaire iranien, Trump a voulu tenir la promesse qu'il a faite à ses supporters lors de la campagne électorale. Mais la raison probablement la plus importante — cachée celle-là — est qu'il a tenu à satisfaire la promesse qu'il a faite à Benyamin Netanyahu de rendre nul et non avenu cet accord s'il est élu président. Cette promesse, il l'a faite à la Knesset (Parlement israélien) lors de sa visite en Israël au cours de la campagne électorale présidentielle et lorsqu'il avait reçu — inofficiellement et avant même d'être élu président — le Premier ministre israélien. Trump se croit tenu de défaire cet accord parce qu'une bonne part des Américains de confession juive, poussés par le Grand Lobby juif américain Aipac (American-Israel Public Affairs Committee). L'autre raison — non avouée — de vouloir défaire l'accord est son sentiment — avoué celui-là —intrinsèquement anti-musulman. Comme preuve de son aversion pour tout ce qui est musulman, on peut citer le «ban» (interdiction) pour les citoyens de sept pays musulmans d'entrer aux Etats-Unis. Et si ce «ban» a été considéré inconstitutionnel pour l'instant par la Cour suprême américaine, il n'est pas impossible que Trump le remette sur la table dans les prochains jours, semaines ou mois sous la forme d'un «Executive Order». Et si on devait ajouter une autre raison aux décisions prises récemment par Trump, c'est son désir ardent d'effacer tout l'héritage du président Obama. Une de ses manies les plus grandes est de déconstruire tous les accords signés par le président Obama, au niveau national comme international. Certains analystes politiques voient dans ce désir une autre caractéristique de Trump : le racisme (contre les Afro-Américains, Hispaniques et autres). Conclusion Dans ce qui précède, nous avons vu que, aussi bien dans ses tweets et déclarations verbales que dans ses actes et menaces envers la Corée du Nord et l'Iran, Trump ne semble pas être un homme de dialogue avec ses partenaires intérieurs — le Congrès, le parti de l'opposition (Parti démocrate), les services d'intelligence (CIA, NSA, FBI, Homeland Security Department) et extérieurs, comme le montrent les exemples de la Corée du Nord et de l'Iran. Il a, en effet, tendance à vouloir décider tout seul, sans consultation ni concertation. Il a aussi tendance à considérer les Etats-Unis comme sa propre compagnie (Trump Organization) et pense qu'il peut gouverner le pays comme il manage son organisation. Cette tendance se voit au nombre inquiétant de membres de son gouvernement qui ont démissionné ou qu'il a fait démissionner ces derniers mois. Sur le plan des relations avec le reste du monde — Europe, Asie, Amérique latine — mais surtout avec les deux pays analysés dans cet article — Corée du Nord et Iran — Trump a montré qu'il n'est pas un homme porté sur la diplomatie, mais plutôt quelqu'un qui pense que seul le langage de la force est capable de régler les conflits. Pour un homme qui a écrit (ou fait écrire, on ne sait pas) un ouvrage intitulé The Art of the Deal (l'art de la négociation), ses déclarations et ses actions montrent tout à fait, au contraire, qu'il n'a aucune disposition pour la négociation, et qu'il est plus partisan du «I win/you lose» (je gagne/tu perds) que «I win/you win» (je gagne/tu gagnes). Si beaucoup de pays dans le monde semblent ne pas accorder l'importance qu'il faut à cette politique orientée vers l'intérêt des seuls Etats-Unis — cristallisée dans les slogans de Trump «America First» et «Make America Great Again» — l'Iran et la Corée du Nord ne semblent pas de cet avis, et au train où vont les propos et actes de Trump, il n'est pas exclu qu'à un moment ou à un autre — qui peut ne pas être très éloigné — un conflit opposant les Etats-Unis à la Corée du Nord ou à l'Iran sera le déclic d'une conflagration mondiale. En effet, la plupart des analystes politiques sont d'accord pour dire que le monde n'a jamais été aussi proche d'une telle conflagration. Malheureusement, il semble qu'il n'y ait aucun espoir que Trump change de comportement ou de trajectoire politique et qu'il soit plutôt pris entre le marteau et l'enclume. Comme l'écrit David Goodhart : «If Trump keeps his isolationist election promises, the world may slide toward a trade war and global economic depression… If he jettisons them, his core supporters may not take it well.» (Si Trump maintient ses promesses électorales isolationnistes, le monde peut basculer vers une guerre commerciale et une dépression économique globale… S'il y renonce, ses supporters principaux ne le verraient pas d'un bon oeil) (David Goodhart, op. cit., p.2).