Force de propositions, l'association algérienne de médecine générale interpelle le ministère de l'Enseignement supérieur sur «la promotion de la médecine générale comme spécialité» dans les facultés de médecine. C'est en substance le message lancé lors de la 1re rencontre régionale centre organisée à Boumerdès par l'Association algérienne de médecine générale (SAMG) sous le thème «Le médecin généraliste, pierre angulaire du système de santé», qui a fait ressortir «la marginalisation du médecin généraliste en Algérie», selon l'exposé du Dr Hadjidj, président de l'association SAMG. Des problèmes juridiques seraient à l'origine de cette situation. En premier lieu, les 16 facultés de médecine qui existent à travers le territoire national enseignent pour l'exercice hospitalier, alors que la profession de médecine générale est ambulatoire. Ainsi, il n'y a pas de spécialité «médecine générale». En second lieu, l'enseignement en question doit s'effectuer en terrain de stage, c'est-à-dire dans un environnement réel. Conséquence, au lieu que «les soins primaires soient la base de la protection sanitaire et assurent, ainsi, une moindre inégalité socio-économique, ce sont les soins secondaires au niveau des hôpitaux, ou tertiaires dans les CHU, qui sont privilégiés», comme l'a démontré Dr Boukaouma d'Alger. Selon lui, «le tiers des malades se dirige directement vers les spécialistes ou les structures hospitalières pour revenir, souvent, vers le généraliste, mais après une perte de temps parfois préjudiciable pour la santé». De plus, à défaut d'un malade sur mille à orienter vers l'hôpital, on se retrouve avec une surcharge souvent inutile. Pourtant, on dénombre 38 000 généralistes en Algérie pour une moyenne de 1 500 par an sortants de l'université. Un parallèle a été fait avec la situation du généraliste en France, où, en 2004 seulement, le médecin généraliste a eu ses lettres de noblesse, permettant ainsi au système de santé de faire un bond qualitatif. Cette situation, en Algérie, provoque une inadaptation fonctionnelle du médecin généraliste qui a besoin de 6 mois d'adaptation pour exercer son métier convenablement. En outre, l'absence d'une formation spécialisée en tant que généraliste génère un déficit de communication entre le médecin et le malade. Enfin, les coûts financiers et économiques des prestations médicales sont élevés pour un système de santé déjà alourdi par les subventions et la gratuité de l'acte médical public. La SAMG se veut un espace de formation continue pour le médecin généraliste. Dans cette optique, une équipe de formateurs a été envoyée en Tunisie pour s'initier à la pédagogie médicale et revenir encadrer des médecins généralistes algériens. Mme Bellili, généraliste à l'EPSP de Boumerdès, exprime ses attentes : «On espère une amélioration des conditions psychologiques et intellectuelles du généraliste qui doit redevenir le médecin de famille assurant une bonne prise en charge du malade. Il ne peut y parvenir véritablement que si la médecine générale devient une spécialité dans le cursus universitaire.»