Une centaine de migrants subsahariens vivent une situation ubuesque, ces dernières 72 heures, entre les gares ferroviaires de Maghnia, Tlemcen et Oran. Un groupe de 46 Subsahariens auquel s'est joint, hier matin, un autre composé d'une cinquantaine de personnes ont élu domicile sur les quais de la gare de Tlemcen. Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), le Snapap et le CGATA, «avant-hier le 14 novembre, le train Maghnia-Oran a été intercepté par les forces de l'ordre venues en renfort, à son arrivée à la gare d'Oran. Les policiers avaient interdit aux migrants subsahariens de descendre du train sans donner la moindre explication». Aussi, tous les Subsahariens se trouvant dans la gare, munis de billets et désirant prendre le train furent arrêtés et cloisonnés dans une zone réservée et cela sans faire de distinction entre les personnes en situation régulière et les autres. Les réfugiés relevant de l'UNHCR et disposant de documents onusiens ne font pas l'exception. Dans l'après-midi du même jour, les Subsahariens ont été embarqués sur le train allant vers Maghnia. Aussitôt arrivés à la gare de la ville de Tlemcen, ils ont été arrêtés et débarqués du train. A Oran vers la fin de l'après-midi, le renfort de la police prend position au niveau de la gare ferroviaire d'Es Sénia, située à sept kilomètres de la ville d'Oran, pour bloquer le deuxième train venant de Maghnia et transportant d'autres Subsahariens. Les trois organisations ont signé un communiqué dans lequel elles dénoncent : «C'est la première fois dans l'histoire du pays que les chemins de fer algériens sont au cœur d'un scandale humanitaire, qui dure depuis trois jours, dans lequel les cheminots algériens sont utilisés par les pouvoirs publics pour transporter des centaines de migrants, de travailleurs migrants dont des dizaines de mineurs, entre Oran- Tlemcen- Oran. Confinés dans un ou deux wagons, une centaine d'Africains, dont la grande partie sont originaires de Côte d'Ivoire et de Guinée, sont devenus des persona non grata aux yeux des autorités oranaises.» Faleh Hammoudi, militants des droits humains du bureau de Tlemcen, ne va pas avec le dos de la cuillère pour qualifier cette attitude de «décision politique abusive qui se répercute négativement sur toute la société algérienne». Il devient donc clair que la directive du ministère des Transports, datée du 24 septembre dernier — relayée par la direction de Mostaganem du même secteur, trois jours plus tard, interdisant aux chauffeurs de taxi et de bus des longs trajets de transporter les migrants en situation irrégulière sous peine de retrait de permis de transport pour les récalcitrants) — est entrée subtilement en application. Une directive qui avait suscité la colère et l'indignation de la société algérienne, lors de sa diffusion, avant que cette même direction ne décide de s'excuser et de l'annuler dans une «rectification» publiée le 28 septembre dernier. Faleh Hammoudi de la LADDH bureau de Tlemcen déclare : «C'est une décision politique abusive qui se répercute négativement sur toute la société algérienne.» Une situation ubuesque que vivent une centaine de migrants en situation irrégulière, ces dernières 72 heures.