Les spectateurs repartent contents. Jeudi, la salle Ibn Zeydoun à Riyadh El Feth se vide allégrement. Le public est familial, jeune, huppé. Le monologue de 65 minutes, Metzouej fi outla, joué et mis en scène par Samir Bouanani, écrit par Mourad Sennouci (troupe Masrah Hammou Boutlilis d'Oran), est un succès populaire. La recette ? Prenez des caricatures sociales, surtout concernant le mariage, la femme et le machisme ordinaire, actualisez des discours de marieuses et rappelez que la relation de mariage n'est qu'un rapport de force entre virilité caricaturale et la perfidie qui serait propre aux femmes. Les hommes sortent du giron des mamans pour tomber dans celui de leurs femmes. Classique. Depuis Omar Gatlato, rien ne semble avoir évolué. On regarde la relation homme-femme selon la sacro-sainte optique du mariage, institution qui résorbe frustrations sexuelles et surtout affectives. Une vision conservatrice ? En tout cas, cela ne dérange personne. Le monologue raconte l'histoire d'un homme, la quarantaine, qui se retrouve sa « liberté » d'ex-célibataire quand sa femme part à l'étranger pour soigner une probable stérilité. Elle tombe « enfin » enceinte. Happy end. Tout le monde repart content. La morale est sauve. Le texte de Mourad Sennouci, ancien directeur de la radio El Bahia d'Oran, dramaturge apprécié dans le milieux par ses qualités d'écriture, n'arrive pas à dépasser le second degré. Dommage. Le public rit de bon cœur aux réflexes machistes. Dommage surtout pour le comédien, Samir Bouanani, prix de la meilleure interprétation masculine pour son rôle dans la pièce Nassine wa salatine lors des 11es Journées théâtrales de Carthage en 2003. Il réussit à faire rire, se montre énergique, mais semble ne pas dépasser la caricature. Les visions archaïques régissant les relations homme-femme sont décrites sans pour autant en tirer une nouvelle approche. C'est ainsi, on en rit et le dogme est sauvé. Le spectacle sera reconduit les 14 et 15 décembre à la salle Algeria, rue Didouche Mourad à Alger à 19 h.