Fini le cirque de la campagne électorale, place au combat social. Hier, le Conseil national autonome du personnel enseignant du secteur ternaire de l'éducation (Cnapeste) a sonné le tocsin de l'intifada dans le secteur de l'éducation à Constantine, contre le marasme et la déliquescence du secteur. Face au siège de la direction de l'éducation au Coudiat, une centaine d'enseignants se sont rassemblés pour crier haut et fort leur révolte contre «la situation catastrophique qui prévaut dans certains établissements éducatifs de la wilaya», telle que qualifiée dans le communiqué ayant sanctionné la session extraordinaire tenue, dimanche, au siège du syndicat. Il y avait beaucoup d'engagement et de détermination parmi les manifestants, notamment les femmes, plus nombreuses dans ce piquet. Les manifestants étaient venus dénoncer «l'irresponsabilité» de la position de la tutelle qui fait preuve de «laxisme» et de «laisser-aller» injustifiés, dans le traitement des affaires exposées et des préoccupations des enseignants, est-il écrit dans le même document en notre possession. Le Cnapeste s'est mobilisé autour d'un paquet de dossiers qui ont fini par pourrir les conditions et les relations de travail dans certains établissements. En tête des revendications, on cite le cas du lycée Ali Bousbiaa, à Ali Mendjeli, où le personnel éducatif est en grève depuis le 25 octobre dernier. Le conflit avec le directeur de l'établissement a amené les enseignants à recourir à cette action extrême, exigeant le départ du responsable. Conflit aussi au technicum Khaznadar, où un délégué syndical a été traîné en justice dans une affaire contre l'époux de l'ex-directrice du lycée. La liste est très longue. Le lycée Abderrazak Bouhara et celui d'Ahmed Bey vivent aussi des troubles, tout comme les collèges Abderrachid Mosbah et Amar Boukheche, où les enseignants se plaignent d'humiliations, de non-respect des délibérations des conseils pédagogiques par la hiérarchie et de mauvaises conditions de travail aussi. Une enseignante tabassée Plus grave est l'incident survenu dernièrement au collège Ould Ali de Sidi Djelis, où un groupe d'enseignantes a été sauvagement agressé par un habitant du quartier. L'accrochage était parti d'un malentendu banal, raconte la principale victime, et aurait pu vite prendre fin n'était l'acharnement de cet homme qui, explique-t-elle, avait manifestement beaucoup de haine envers le personnel. Il s'agit d'un artiste qui a beaucoup de notoriété à Constantine, mais El Watan a choisi de ne pas divulguer son identité, par souci d'équité, puisque la victime a souhaité garder l'anonymat, pour le moment, et que l'affaire est en justice. Voici sa version des faits : «Nous étions sur le pas de porte de l'établissement à accueillir les élèves, et lui il passait sans histoire, mais soudain il s'est retourné, croyant que nous l'avons appelé. Nous avons répondu que non, il ne s'agit pas de lui, mais il a redoublé de violence et m'a couvert d'insultes avant de sauter sur moi en me rouant de coups. Il était tellement enragé que même le planton venu s'interposer a été emporté par sa force.» La victime, professeur de français, qui nous a raconté cette histoire a déposé plainte auprès du procureur de la République, et aussi un rapport sur le bureau du directeur de l'éducation, Mohamed Bouhali. Ce dernier est appelé à sortir du confort de son bureau pour s'occuper des vrais problèmes de son secteur et désamorcer les bombes qui menacent l'année scolaire. Les élèves du lycée Bousbiaa ont fait un mois blanc et leur «congé» forcé risque de se prolonger à cause de la passivité de la DE, ce qui est préjudiciable, notamment pour la classe d'examen. Cette passivité devenue une règle de gestion est décriée par le Cnapeste qui menace, en conclusion du communiqué, d'escalade dans son mouvement s'il n'obtient pas satisfaction des revendications.