Les partis au pouvoir, le FLN et le RND, consolident leurs positions sur la scène politique nationale à l'occasion des élections locales de jeudi dernier. Ces deux formations ont raflé, selon les résultats préliminaires annoncés hier à Alger par le ministre de l'Intérieur, Noureddine Bedoui, la majorité des sièges aux APC (Assemblées populaires communale) et aux APW (Assemblée populaire de wilaya). Ces deux partis ont remporté plus de 1000 APC sur les 1541 communes que compte le pays. Comme prévu, c'est le FLN qui arrive en tête dans 603 APC (30,56%), même s'il enregistre un recul en comparaison avec les locales de 2012. Son frère ennemi, le RND, le talonne de près en remportant 415 APC (26,21%). Même scénario pour les APW, où les deux formations ont aussi affirmé leur suprématie en décrochant respectivement 711 sièges (FLN) et 527 sièges (RND). D'autres partis proches du pouvoir se sont aussi collés au peloton de tête, à l'image du MPA de Amara Benyounes avec 62 APC et 68 sièges APW gagnés, et TAJ de Amar Ghoul avec 31 APC et 91 sièges APW remportés. Du côté de l'opposition, plusieurs formations ont signé leur retour sur la scène, malgré des difficultés à constituer des listes de candidature sur l'ensemble du territoire national. La surprise de ce scrutin a été créée par le Front El Moustakbel de Abdelaziz Belaïd qui a réussi à bousculer les partis traditionnels en sortant gagnant dans 71 APC et en glanant 131 sièges au niveau des APW. Ces résultats le placent carrément comme troisième force politique du pays. Ayant perdu beaucoup de terrain depuis 2012, le Mouvement de la société pour la paix (MSP) se maintient sur la scène avec 49 APC et 152 sièges APW gagnés. Le FFS, le RCD et le FNA reviennent… Contrairement au scénario des législatives du mois de mai dernier, le FFS, le FNA et le RCD ont réalisé un retour remarquable lors de cette élection. Ils se placent dans le top 10, avec respectivement 64 APC et 63 sièges APW (FFS), 27 APC et 51 sièges APW (FNA) et 37 APC et 33 sièges APW (RCD). Le plus grand perdant de cette joute est le Parti des travailleurs (PT) qui n'a gagné que 17 APC et 28 sièges APW. Les listes indépendantes s'imposent et passent devant plusieurs partis en remportant 35 APC et 31 sièges APW. Le reste des sièges est partagé par 31 formations. Hormis le MSP, les partis islamistes, dont le FJD d'Abdallah Djaballah et Ennahda, ont connu une véritable déroute en réalisant des résultats insignifiants. Interrogé sur l'influence de l'écueil des 4% des voix lors des précédentes élections exigé pour la présentation des listes de candidature aux élections, le ministre de l'Intérieur défend les «bienfaits» de cette disposition. «Le nombre de listes présentées pour cette élection a augmenté de 10%. Il y a eu plus de 1000 listes APC en comparaison avec les élections précédentes. Donc cette condition n'a pas été un écueil. L'objectif du législateur en imposant ce seuil de 4% est d'amener les partenaires politiques à travailler davantage pour promouvoir l'action politique dans le pays», estime-t-il. Les bulletins nuls toujours en hausse Outre les résultats obtenus par chaque parti, Noureddine Bedoui s'est félicité de l'augmentation du taux de participation qui est de 44,96% pour les APW (42,92% en 2012) et de 46,93% pour les APC (44,26% en 2012). «Ce taux de participation est très positif par rapport aux élections de 2007 et 2012. L'action de proximité menée par les candidats a donné ses résultats sur le terrain», dit-il. Réagissant aux évènements enregistrés dans certains centres de vote, le ministre minimise leur impact sur l'opération électorale. «Les altercations survenues au niveau de certains centres et bureaux de vote n'ont aucun effet sur les résultats de ce scrutin», précise-t-il, affirmant que «les mesures qui s'imposent ont été prises pour traiter cette situation». Nourredine Bedoui défend aussi «la neutralité de l'administration et de ses agents» en réaction à une question concernant les propos du secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès, qui avait affirmé que «l'administration aime son parti». «Les agents de l'administration algérienne s'en tiennent à la loi. Plus de un million de fonctionnaires étaient mobilisés pour faire réussir cet évènement et ils ne donnent l'avantage à aucun des partenaires politiques». Comme pour les dernières législatives, le nombre des bulletins nuls a été aussi très important cette fois avec plus de un million de votes annulés pour les élections des APC et 1,4 million pour celles des APW. Pour ce phénomène, Noureddine Bedoui ne donne aucune explication. «Toutes les données de ce scrutin, dont le vote blanc doivent être examinées et étudiées par des experts», lance-t-il.