S tupéfaction internationale ! Les chaînes de télévision du monde entier — ou presque — reprennent un reportage de leur consœur américaine CNN révélant, grâce à une caméra cachée, l'existence d'un véritable marché aux esclaves en Libye. On y voit des Libyens marchandant les prix d'achat et de vente de ressortissants de l'Afrique subsaharienne. Le commerce d'êtres humains au XXIe siècle ! Avec des images qui rappellent l'Amérique d'avant la guerre de récession au XIXe siècle. Et cela dans un pays arabe ! On savait que le monde arabe vit hors du temps, se contentant de se gargariser de son passé et oubliant qu'il faut construire l'avenir. On savait que Maamar El Gueddafi, dans sa folie destructive, a réduit l'Etat libyen à moins que rien. Mais on ne savait pas qu'il a laissé derrière lui des monstres qui se livrent à la traite des esclaves. Le «Roi des Rois d'Afrique», selon le titre qu'il s'était octroyait n'était qu'un vulgaire faiseur de négriers des temps modernes. Si l'on va au fond des choses, il sera aisé de comprendre qu'il n'y a rien de surprenant à ce comportement odieux. Dans beaucoup de contrées arabes, on parle encore de «abid» lorsqu'il s'agit d'un Noir, c'est-à-dire l'esclave. Les régimes arabes du Golfe à l'Atlantique n'ont jamais combattu les mentalités rétrogrades, même si certains créent des textes en ce sens mais sans effet pratique. Les mosquées continuent à fustiger le juif et le chrétien, si on ne lynche pas purement et simplement ce dernier, comme cela se fait pour les coptes en Egypte. Rares sont les pays qui prohibent dans les textes les discriminations sous toutes leurs formes. Dans les faits, une forme d'esclavagisme qui ne dit pas son nom existe dans de nombreux pays arabes. L'exemple le plus flagrant vient du Qatar. La main-d'œuvre, qui est utilisée pour l'édification des infrastructures de la Coupe du monde de 2022, travaille dans des conditions horribles avec des salaires de misère. Malgré les mises en garde du BIT et d'associations humanitaires, les autorités qataries font des promesses pour calmer les esprits mais rien n'a changé dans le fond. Même situation en Arabie Saoudite, sa complice dans le wahhabisme mais ennemie Aujourd'hui, où même les femmes de ménage asiatiques sont considérées moins que des animaux et subissent toutes les humiliations, y compris sexuelles. Après les révélations de CNN, il a fallu une semaine au gouvernement libyen pour exprimer son indignation et pour annoncer l'ouverture d'une enquête. Idem pour la Ligue arabe qui s'est contentée d'une déclaration de circonstance, mais sans appeler ses membres à se mobiliser contre le phénomène. Silence total du côté des organisations islamiques. C'est vrai qu'elles sont basées à Djeddah. Il est urgent pour le monde arabe de se réveiller sérieusement et de parler tout aussi sérieusement des droits de l'homme, s'il veut échapper au mépris de la communauté internationale. Et pour cela, il doit commencer à se débarrasser de ses potentats, ennemis jurés de l'espèce humaine.